Petit Deal [PV]

Je m'étais un peu fait à ce trou paumé, en fin de compte. Bon, je ne disais pas que j'étais jusqu'à l'apprécier, mais au moins ce lieu reculé me permettait de gérer mes affaires sans avoir d'imbécile pour me gâcher quoi que ce soit. Quelle meilleure planque que ce trou à rat, afin de rester incognito et s'occuper de toutes les "entreprises" que j'avais mis en place? Bref, même si c'était un mal que de vivre sur la terre de mes vieux, c'était nécessaire. Et puis, au moins les affaires du Divum, la boiboite à Casey, restaient sûres, évitant et les tarés d'Aphélion, et ceux des Terres Brûlées. Fallait dire qu'on était un peu verni, de ce côté là, c'était pas la joie. Alors vivre chez les barbus nous évitait de finir sur le billot, ce qui était en soi une bonne chose. Mon si beau visage ne méritait pas une telle fin, voyons.

Alors pour vous parler de commerce florissant, et bien oui, je m'en sortais pas mal. Bon, il y avait bien certains branches qui pâtissaient de la guerre, comme celle allouée aux petits plaisirs quotidiens, qui tombaient un peu en désuétude, et aussi le marché des trésors et oeuvres d'art, qui avait haussé son cours, pillage oblige. On se retrouvait avec une tripotée d'articles en tous genres, et du coup, certains les vendaient à prix d'or, alors que d'autres se retrouvaient obligés de baisser leurs prix, à cause de cette concurrence déloyale. Pas cool pour moi, donc. C'était d'ailleurs pour ça que je m'étais rendu aujourd'hui à Ragnarok, histoire de voir ce qui se faisait de par le monde, rester informer quoi. J'allais donc à la place qui recueillait d'infos, et où se trouvait mon indic rien qu'à moi, à savoir une petite auberge près des quais, qui brassait tout ce que l'on pouvait recueillir de crapules et saletés en barbes et en muscles. Quoique, il y avait de tout, en fait. Bon, on trouvait pas les pigeons, mais d'une, leur éthique de gnangnan faisait qu'ils était jamais très nombreux dans le domaine du crime, et de deux ils étaient pas les bienvenus, en ce moment. Ça me dérangeait pas, d'ailleurs, pour moi les plumes devaient se résumer à remplir un bon oreiller. Bref, j'allais tranquillement vers ce quartier général de l'info, espérant trouver ce que je cherchais.

D'un pas nonchalant, je m'approchais du vénérable établissement qui renfermait mon bonheur. Oui, bon, en fait c'était moche, tout pourri, et ça sentait le poiscaille. Mais je ne venais pas pour les charmes locaux, ça je le réservais pour le bordel de Madame Olga et ces charmantes poulettes de tous horizons qui, bien qu'elles soient taillées pour résister aux assauts du Valkor moyen, dans le genre bucheronne aux épaules plus larges que les armoires, n'en étaient pas moins connaisseuses des jeux de l'amour, quand elles se frottaient à un ténor du barreau tel que moi. Enfin, je vais pas vous raconter mon amour du jupon, c'est pas le propos En bref, après avoir ouvert le sordide battant de l'établissement, je me réfugiais dans ce cloaque, faisant fi de la fumée de tabac et de l'odeur d'alcool couplée à celle de sueur, pas franchement ragoutante, je dois l'avouer. Bien sûr, quelques têtes se levèrent à mon entrée, mais je suis certain que mon déguisement de poissonnier des quartiers pauvres n'était pas le plus sexy pour ces grosses brutes.

Bref, je m'installais à une table, qui était déjà occupée par un petit homme à la mine grivoise, qui s'occupait à siroter tranquillement un cidre de glace, l'air ailleurs. Lorsqu'il me vit, son sourire s'illumina brièvement avant de reprendre le terne des personnes habituées à vivre dans le décor, fantômes bien malgré eux afin de préserver leur tranquillité. Après qu'une serveuse défraichie prit ma commande, je me penchais vers le type, parlant d'une voix volontairement éraillée.

Ouais bon, le codage était bidon, c'était bien moche, mais on faisait avec ce qu'on avait. Et puis, de toutes les manières, personne était foutu de comprendre quoi que ce soit, dans ce patelin paumé.

Traduction: il me filait la liste des gars en question, au cas où j'avais envie de leur rendre une petite "visite". Bien serviable, ce bon Gunter...

Bon, j'avais ma liste, et je n'avais plus qu'à rentrer tranquillement chez moi, histoire de potasser tranquillement cette jolie petite source d'informations. Ce type était une vraie mine d'or, un vrai placement, comme on disait dans le milieu. D'autant qu'il y mettait toujours du cœur, un vrai bijou. Et il me le montra encore une fois, me glissant tout bas, tandis qu'il m'attrapait prestement par le bras.

Bon, on en voulait après ma vie, et la pérennité du Divum Legi, ça j'étais fixé. Seulement, que le type m'en parle signifiait que la menace se faisait plus présente, et que je devais surveiller mes fesses afin de ne pas finir le trou de balle au bout d'une pique. D'ailleurs quand on parlait des ennuis, ils arrivaient toujours au grand galop, histoire de me filer un peu plus l'impression que le monde de l'aventure n'était pas fait pour moi. D'un coup d'un seul, la porte de l'auberge claqua, donnant sur un espèce d'olibrius aux cheveux couleur de paille, habillé d'un vêtement des plus flashy, un bel orange qui faisait bien mal aux yeux en l'occurrence. Et comme pour rajouter au ridicule du personnage, son front aussi large qu'une enseigne de magasin était ceint d'un bandeau bleu tout pourri, avec une plaque de métal dessus, marqué d'une petite feuille. La première chose qui me vint à l'esprit c'était "Oh! La tarlouze!". La suite me confirma que ce type était à classer dans la catégorie laxatif.

Pourquoi il hurlait lui? Franchement, sa voix était digne d'une VO française. Bref, d'entrée de jeu il me les brisait menue. Je me levais donc, feignant l'incompréhension, jusqu'à ce que le débile sortit une petite paire de kunai, qu'il me balança copieusement au visage. Heureusement que la table était là, ce qui me permis d'éviter les deux projectiles d'un coup, malgré le fait que ma bière s'était faite la malle. Répondant à l'arbalète, je fonçais sur le type, la dague au clair, dans l'intention évidente de lui ôter la tête du reste du corps. Comme ça ua moins, il la fermerait peut être. Mais non, le type fit un bond en arrière, l'air d'un grand ninja, et atterrit en une posture de vainqueur sur le sol de pavés. Sans rire, j'en aurais pleuré.

Et lorsque cette tanche me balança la dose de projectiles dans le mou, que puis je faire, à par me lamenter sur la dure réalité de la vie, et sur les nabots qui crient tout le temps? Et bien rien, peut être pouvait pleurer, mais la douleur des deux piques plantées dans mes épaules me maintenaient dans ce monde. D'une voix chevrotante, je m'adressais à cet assassin de pacotille, à bout de nerf.

Tirant dans le tas pour créer une diversion foireuse, je me jetais de l'avant, cherchant à suriner le fâcheux d'un bon coup de canif. Je passais au travers des attaques de ce péquin, courant comme un dératé, pour finir au final à encore agiter vainement mon arme devant le nez du pauvre type, qui essayait de me jeter ses kunai à la tronche à bout portant. Tout cela était hautement ridicule, il aurait fallut qu'un artiste passe par là pour immortaliser le moment, faire de cet instant de solitude à deux un chef d'œuvre qui serait vu dans les générations futures.

Dans le genre relou, c'était le top du top, la panacée, le royal super trop bien. Bref, le type sortit son sabre, et tandis que je m'avançais pour me foutre dans ses pattes, je me prenais comme une buse le pommeau de l'arme dans le menton, me faisant voir trente-six étoiles. Le type leva son arme, prêt à me trancher en deux, d'un coup d'un seul, et moi dans mon coaltar je m'avançais encore. Abattant son arme, le péyo ne me frappa qu'au dos avec ses deux mains appuyées sur son arme, m'assommant une deuxième fois. Je tombais tout à fait, m'empêtrant dans ses jambes et le repoussant donc de quelques mètres. Seulement, étant donné le fait qu'on était un peu sur les quais, je l'envoyais tout droit vers le bord de l'île, où il ne manqua pas de basculer dans le vide, à grands renforts de battements de bras. C'est dans un cri semblable à ceux qu'il avait déjà poussé tout le long de l'affrontement qu'il tomba comme une pierre, finissant sa course dans une barque, où il resta inconscient. Du haut de mon perchoir, proprement étalé au sol, la poussière sur le visage, je levais une dernière fois ma tête, afin de lancer mon crachat en visant proprement, sur le débile. Le voilà ton nindo, pauvre tâche! Bon, je tombais inconscient, quelques temps, des vacances en somme dans ce monde pourri.