[Event II] Avis de tempête

Cette journée aurait pu être une journée banale. Une journée où chaque membre de notre groupe serait en train de boire dans notre taverne, d'observer la Mer des Brumes comme j'avais habitude de faire ou bien chasser les quelques Nephilims, Singam-Vellai et aux autres créatures dangereuses peuplant l'Archipel Midgard. Oui, à vrai dire, j'aurai clairement préféré que ce jour soit un jour comme les autres mais le Destin sembla en décider le contraire. Pour une fois, j'avais décidé de rester dans la taverne, à boire une bonne grande coupe de bière Valkor tout en lisant la presse locale. Oh certes, cette dernière ne racontait rien d'intéressant la plupart du temps mais en revanche, elle contenait de nombreuses demandes de contrats de la part des habitants du village. Ces contrats, je n'avais plus qu'à les retirer du journal pour les fixer sur le mur d'affichage, un mur où les quêtes ne pouvaient être prises que par les membres appartenant au Divum Legi. Car bien que nous soyons une auberge, notre système de mission est des plus privés et nous étions le seul à avoir le privilège de l'utiliser. Après tout, c'est tout l'intérêt d'une Guilde de « Justicier » telle que la nôtre.

Alors que je m'apprêtai à déguster de nouveau une petite gorgée de bière Valkor, la porte d'entrée de l'auberge s'ouvrit brutalement, laissant apparaître Matthew Scott, mon navigateur. Il haletait, son front suait et son regard était des plus inquiétants. Pivotant sa tête à quatre vingt dix degrés vers l'Est, l'ancien garçon des rues me vit, se dirigea vers moi puis attrapa un bout de ma veste avant de tirer fortement dessus, comme pour me faire trainer au sol. J'en compris alors qu'il souhaitait me voir au plus vite. Immédiatement, je dus lâcher le journal et la coupe que je tenais pour pouvoir me lever et suivre mon ami. Drôle de façon de dire à une personne « Suis-moi ! » mais si Matt en venait à user d'une méthode aussi barbare, c'était quelque chose ne tournait pas rond. Nous allâmes donc dans une salle connue que par très peu de membres de notre guilde. J'ai fermé la porte à clé et j'ai écouté les dires de mon ami, qui s'avérèrent plus étonnant que ce que je pensais... Oh oui, beaucoup plus...

…

~ Environ une heure plus tard ~

Nous étions tous réunis dans la salle qui, de base, servait de salle de réunion pour le Caelestis et ses deux compères fondateurs du Divum Legi. Quand je dis que nous y étions tous, je parle bien sûr des membres ayant été concerné par l'affaire « Adam Génésis », à savoir: Alan Nyfed, jeune Valkor courageux et qui me poussait à me comporter, de façon anormal, comme un mentor. Spade, un homme bien mystérieux qui était à notre recherche depuis une longue période et qui semblait quelque peu lié à notre défunt ami Veith Siemond. Stilgard Jarlason, un Valkor qui est un vieil ami d'enfance. Et Arsiesys, un historien Valkor qui était la personne en qui j'avais le plus confiance au sein de la Guilde et qui était à mes yeux une pièce maîtresse de notre organisation, tant par son statut hiérarchique que par son charisme. Matthew était absent car je souhaitais qu'il reste à l'extérieur, à récolter de nouvelles informations. Déjà que celle qu'il m'avait fourni auparavant m'ont grandement surpris, autant envoyé un « agent » du groupe pour garder un œil sur ses fameux bruits qui courent, dans tout Midgard. Oui car le village n'était pas le seul concerné. Me posant sur la table qui appartient au Caelestis, qui est secrètement mon garde, j'ai croisé les bras. Observant chacun de mes vaillants compagnons, je ne pus m'empêcher de pousser un petit soupir avant de m'adresser à eux. Si je les avais convoqué, c'était bien pour leur faire partager l'information que Matthew m'a transmis...

Salutations, Compagnons ! Je vous ai tous demandé de venir au plus vite car on vient de me transmettre une information quelque peu... Étrange. L'un d'entre vous connait-il la Guilde « Babel » ? Selon ce que Père m'a raconté par le passé à leur sujet, il s'agirait d'une guilde Scientifico-magique. A ce que m'a dit Matthew, il aurait entendu à diverses endroits que la tension entre les Guildes de Syren étaient telles que cela en devenait une poudrière. Et quand je dis entre Guildes, je nous inclus nous aussi. Or, en dehors du Deus Discors, nous n'avons jamais eu de quelconque problème avec un autre groupe, d'autant que le nombre de ces derniers s'est affaiblit depuis l'assassinat du Pharaon et le coup d'Etat de Knox. Mais ce n'est pas ça qui m'inquiète le plus...

Je marque un léger temps d'arrêt, afin de pouvoir placer une cigarette dans ma bouche et l'allumer à l'aide d'une allumette. Une fois l'objet en train de se consumer, j'ai aspiré légèrement dessus pour en extraire sa saveur avant d'expulser la fumée par mes narines et ma bouche, mes lèvres s'étant légèrement entrouvertes pour cela. Tenant la cigarette entre mon index et mon majeur droit, je repris la parole.

Non, ce qui m'inquiète vraiment, c'es la deuxième rumeur que Matthew a eu vent. Selon les dires de plusieurs paysans, le quartier général de Babel, localisé apparemment à la Baronnie Marchande, aurait été attaqué, par un membre du Divum Legi. L'assaut a probablement échoué mais toujours est-il que lorsque j'ai su ça, je me suis informé sur les activités récentes de nos membres: plus personne n'a quitté l'Archipel Midgard et ce, depuis plusieurs jours précédant cette affaire. Il n'y a donc qu'une seule chose à en penser: une ou plusieurs personnes cherchent à nous faire du tort. Et nous devons agir au plus vite. Et par agir, j'entends par là enquêter pour savoir quelle est la source de cette mauvaise farce ainsi que de trouver un arrangement pacifique avec les victimes, Babel. Car ce n'est pas parce qu'ils ne comprennent que des Scientifiques ou des Mages qu'ils ne sont pas capables de nous attaquer: ils peuvent venir d'eux-mêmes tout comme nous envoyer une bande de mercenaires qui recevra une forte récompense en échange de la tête du Caelestis...

A nouveau, j'ai cessé de parler mais cette fois pour une raison bien différente. Mon regard se posa sur Arsiesys et durant un instant qui me parut très long, je lui fis comprendre par l'intermédiaire de mon regard de ce que je m'apprêtai à faire: les gens présents ici dans cette salle sont des gens de confiance et nous devrions leur dévoiler l'Ultime secret de notre Guilde. Du moins, celui me concernant. Hésitant un instant, je me suis finalement jeté à l'eau.

Au passage... Ce n'est pas pour rien si, à chaque fois que nous sommes ensembles, je me suis constamment comporté comme le Leader de la bande. Pardonnez-moi, mais je devais absolument vous mentir: je ne suis pas Clementia. Je suis Casey Rowen, Aventurier. Fils du Sénateur Dominic Rowen et Caelestis Divum de la Guilde Divum Legi. Et ceci n'est nullement une blague, mes compagnons.

Citation :: Casey est l'incarnation Artefactienne de Clark Kent: +4 EXP

Messages : 225 Renommée RP : 279 Profession : Saltimbanque

Depuis les derniers événements en date, Spade avait dû trouver un compromis afin d'être à la fois membre du Divum Legi et artiste-vedette de la Nation des Fous. la tâche était loin d'être aisée; il lui fallait à la fois faire preuve d'une organisation exemplaire et d'une grande adaptabilité, être capable de tenir un agenda strict mais également de partir n'importe quand et n'importe où. Fort heureusement, la troupe était comme une unique famille, soudée et solidaire: tous ses membres n'approuvaient pas le choix de l'acrobate aveugle, mais la plupart le comprenaient au moins, et lui laissaient une relative liberté d'action. Quant au Divum Legi, aucun de ses gradés n'avait semblé être dérangé par cette double activité; compte tenu de ce que Spade savait, quelle meilleure couverture que celle d'artiste itinérant afin d'empêcher ces secrets d'être extorqués?

Ce jour-là, pour une raison tout aussi mystérieuse qu'inconnue, Spade avait été sommé de rejoindre le Quartier Général de la Guilde, situé à Midgard. Afin de n'être pas confondu, il avait pris quelques précautions; les habits excentriques et colorés dont il avait l'habitude avaient été troqués contre d'autres, d'un blanc éclatant, parfaitement immaculé. Un capuchon de même teinte était relevé sur sa tête, cette dernière étant elle-même, dans l'ombre, totalement bandée de tissu blanc, suaire masquant totalement ses traits. Même ses ailes avaient été enduites d'une substance couleur de chaux, leur enlevant leur cuivre naturel au profit d'une apparence plus banale, plus passe-partout. Une fois dans cette tenue, Spade avait voleté à travers le Royaume, usant du mimétisme afin de se fondre dans les paysages enneigés jusqu'à sa destination. Une légère agitation avait eu lieu lorsqu'il s'était présenté ainsi, mais il avait rapidement décliné son identité, évitant ainsi de faire de la casse inutile pour le simple fait qu'il n'avait pas été reconnu. Cela dit, si personne n'avait pu dire qui il était, cela confirmait qu'il s'était suffisamment correctement grimé pour ne pas être repéré. Un homme se produisant dans le monde entier n'était que trop facile à identifier.

Puis Casey Rowen parla. En dehors de lui étaient présents l'archer de mana si bien connu de notre Zéphyr, ainsi que le roublard attitré du Divum Legi et... un type discret dont il avait manqué de mémoriser le nom, ce qui n'était pas un drame en soi puisqu'il aurait l'occasion de se rattraper un peu plus tard. Tout en écoutant le Caelestis discourir, l'acrobate, à visage découvert mais toujours muni du bandeau qui ceignait son crâne, se concentrait en faisant virevolter un petit bâton de bois entre ses doigts, décrivant des boucles et rotations compliquées qui témoignaient de son adresse. Et lorsque l'homme aux cheveux rouges révéla son rang réel, ce fut son rire cristallin qui, en s'élevant dans la salle, constitua la toute première réaction parmi les hommes présents. Spade s'envoya à lui-même une pichenette juste au-dessus de l'arête du nez, regagnant maladroitement son souffle avant de prendre la parole qu'il avait si bizarrement demandée.

Oh, pardonnez-moi. C'est votre effet dramatique qui... Casey, avez-vous fait du théâtre durant votre enfance? Ha, ha! Enfin... Passons, passons. Plus sérieusement, pour votre gouverne, j'étais déjà au courant.

Il reposa sa frêle baguette de bois au bord de la table qui lui faisait face, puis se redressa de toute sa hauteur.

Oui, c'est Veith qui m'avait également parlé de cela, ne vous l'avais-je pas dit? Ne lui en veuillez pas, surtout. Il savait qu'il pouvait me faire confiance, et puis c'est un peu de ma faute. Après tout, c'est arrivé parce que j'ai échangé l'information contre mon silence sur l'incendie volontaire du manoir de ses parents à Valorium, ainsi que ses tentatives de carboniser les terres des Karnaks avec son gadget, là. Vous savez, la sorte de fusil camouflé en une innocente canne de marche, qu'il se trimballait en continu? Plutôt astucieux, son truc, je trouve. Je lui en avais demandé un, mais il m'a dit qu'il ne savait pas les faire.

Cessant de mimer la manière de manier l'objet en question, il se renversa vivement en avant, posant le coude sur la table et attrapant son menton au creux de sa paume, sans se soucier de l'énormité de ce qu'il venait de dire. Personne n'était encore au courant, mis à part lui, et il avait tout de même lâché l'information de la même manière que s'il avait raconté une bonne plaisanterie à l'assistance. Il continua sans se départir de sa bonne humeur.

Enfin, laissons ce sujet à l'écart. Après tout, le pauvre bonhomme est parti les pieds devant, et il est très impoli de médire de quelqu'un en son absence, voyez-vous. Pour en revenir à Babel, j'ai déjà aperçu certains de leurs scientifiques au Temple du Savoir. Ce sont des abrutis finis qui brassent du vent inutilement, selon moi. Si Duncan Knox avait été assez stupide pour y laisser la moindre chose digne d'intérêt, il ne serait pas maître d'Aphelion, à l'heure qu'il est. J'aurais bien voulu en savoir plus sur leurs motivations, mais le fameux Yuber le Conquérant rôdait dans les environs: nous nous sommes déjà mutuellement estropiés une fois, je n'avais aucune envie de recommencer. Pour faire court, voici mes impressions: si quelqu'un avait désiré leur faire croire que le Divum Legi leur avait envoyé un assassin, il n'aurait pas eu plus de mal à le faire qu'un roi du cambriolage à voler sa sucette à un gamin.

Et il se vautra tranquillement au fond de son siège, faisant signe de la main qu'il n'avait plus grand-chose d'intéressant à dire. Réagir n'était pas de son ressort; c'était à Casey de leur dire ce qu'il leur fallait faire. Il fallait juste espérer que Babel ne se rabaisserait pas à leur envoyer un assassin en retour, voire à tenter de leur asséner une correction en public. Ils se ridiculiseraient bien plus que de raison...

Spoiler:

Avant que Spade ne présente ses excuses mitigées, la flèche était déjà partie, furtive. Elle ne laisserait pas de trou dans le pied qu'elle ciblait, mais la violente décharge résultant de son impact ne serait pas du goût du système nerveux et des terminaisons reliées à son point d'arrivée, laissant entendre que le saltimbanque pourrait bien bondir au plafond indépendamment de sa volonté quand l'énergie dégagée se mettrait en mouvement. Insulter et offenser la mémoire des morts était un blasphème, et un bon samaritain tel qu'Arsiesys ne pouvait supporter cette indigne conduite. Si l'ange aux ailes de bronze désormais blanchies escomptait se faire une place au sein des leurs, il allait falloir apprendre à faire quelques compromis, à commencer par taire ces remarques désobligeantes avant qu'il n'en prenne la mauvaise habitude. Effaçant Artemis de façon à libérer sa main gauche pour l'envoyer rejoindre son opposée autour d'une tasse de thé encore fumante, l'archer de mana ferma les yeux, à la fois signe d'intense réflexion de sa part mais aussi pour faire comprendre au Zéphyr qu'il ne lui en tenait pas plus rigueur pour cette fois. En revanche, si ce genre d'incident venait à se reproduire, il serait moins clément que cela et n'aurait peut-être pas la sympathie de retenir son agacement pour modérer les effets de ses traits. Et pour avoir déjà combattu à ses côtés, le destinataire de ce silencieux message saurait à quoi s'en tenir s'il récidivait. Pour cet odieux comportement mais aussi pour rire à gorge déployée alors que la situation était grave, cette punition était amplement méritée, de même que celles qui suivraient si cela venait à se reproduire.

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En dépit de l'éventuelle véracité de ces dires, je m'offre le luxe de te demander de ne pas aborder ce sujet à moins que nous n'y consentions. Or, étant pour ma part un fervent défenseur des droits qu'ont les défunts à titre posthume, je crains d'avoir à t'annoncer que tu n'en auras pas le loisir de sitôt, et tu m'en vois navré.

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S'il avait été muni de plus de bras, et particulièrement de mains, le métisse se serait massé les tempes énergiquement pour s'aider à l'analyse de la situation. Il avait pleine confiance en chacun des individus présents à cette table, c'était un fait établi ; si quelqu'un devait douter, ce ne serait pas son cas. Chaque membre du Divum Legi apparu à cette réunion faisait partie de ceux avec qui il partagea de dantesques aventures, souvent des plus périlleuses, et toute trahison aurait été exécutée bien avant si ça avait du être le cas. La dernière expédition en date, qui s'était faite massive, en était le meilleur exemple. S'il ne les connaissait pas tous dans les mêmes proportions, il était convaincu de ne pas avoir à envisager un sabotage de l'intérieur, pour la bonne et simple raison qu'il aurait pu être bien pire par d'autres agissements, plus nuisibles. Quelle que soit la vérité, tout portait à croire qu'on leur en voulait, pour ainsi essayer de leur faire endosser un crime qu'il n'avaient, à l'évidence, pas commis. Ces manœuvres lui rappelèrent ses mésaventures à Arkady, où il fit jadis la rencontre de Kuran et Ileas ; son doigt s'était alors resserré sur la anse de la tasse qu'il soutenait de sa paume contraire, manquant de la briser. Mauvais souvenir qui refaisait surface, pourra-t-on dire. Il avait déjà eu sa dose ad vitam aeternam pour cette catégorie de bassesses, et donnerait ce qu'il a de plus cher pour ne pas connaître ça à nouveau. Mais vraisemblablement, les aléas du hasard n'avaient que faire de ses opinions, et la vie l'entrainait dans un courant contre lequel il ne pouvait lutter. C'était sans doute cette impuissance à éviter d'être repris dans un schéma qui ne l'avait que trop discrédité qui l'avait fait partir au quart de tour de la sorte, mais il ne regrettait pas son geste. Le châtiment infligé était juste, et on l'aurait certainement fait à sa place s'il n'avait pas été le plus prompt à réagir.

J'ai l'audace de croire que je suis celui qui, d'entre nous, a eu le plus de contact avec Babel. Plus précisément avec ses dirigeants, la providence pouvant parfois être d'une grande utilité quand elle ne se désigne pas comme étant notre ennemie. Je dirai tout d'abord avoir pu vaincre l'un d'eux suivant sa proposition de duel, sans avoir à souffrir de blessures. Quand au second, je n'ai combattu à ses côtés qu'en tant qu'équipier lors des derniers mouvements de foule survenus à Aphélion, mais ce que j'ai pu distinguer de ses compétences me laisse à penser que je pourrais le vaincre si nulle alternative ne m'est offerte, bien que je répugne à nuire en ne faisant que subir un contrariant quiproquo.

Le goût légèrement citronné du breuvage à température idéale, nimbé de celui des deux sucres ajoutés, vint couler le long de sa gorge. À la fois réchauffant, rassérénant et délicieux. On ne pouvait rêver mieux. Il était dommage que ses compères soient plus prompts à s'abreuver d'alcool et ne puissent comprendre la saveur d'un bon thé, mais l'héritier s'était fait à cette idée, qu'il devait supporter depuis leur emménagement commun ici. Le silence et la tranquillité de sa bibliothèque la plus fournie lui manquait parfois, notamment en ces temps troublés, quand la crise venait frapper à la porte sans qu'aucun prétexte ne permette de la renvoyer d'où elle venait. C'était cependant son devoir en tant que membre de la guilde d'être fidèle au poste, et à ce titre de se tenir paré au combat.

Force est de constater que nous nous devons de tenir compte de leurs dispositions au combat, si nous venions à ne pouvoir contourner un choc frontal. Leur réputation de scientifiques les précède, mais leurs capacités guerrières ne sont pas à négliger pour autant. Nous aurons à nous tenir sur nos gardes si cette sordide histoire nous conduisait vers cette belliqueuse conclusion. J'ignore tout de ce qui à pu générer cette situation, mais nous y sommes impliqués et ne pouvons en faire abstraction. Il en dépend de notre sécurité comme de notre réputation, bien que je pense que vous l'aviez d'ores et déjà tous compris.

Ce ne fut pas sans tristesse qu'il contempla le malheureux vide du récipient qu'il tenait. Décidément, ce précieux élixir de relation bouillonnant disparaissait trop vite. Aussitôt cette réunion au sommet terminée, il irait en emplir une seconde théière. Il ne pouvait point s'en passer alors que les circonstances viraient au drame, les piégeant dans une épreuve critique. Reposant la porcelaine sur sa soucoupe faite du même matériau, toutes deux couvertes de motifs exotiques, il se souvint du regard explicite que venait de lui destiner son comparse, fondateur de cet ordre. Son égal, en un mot. Finissant de profiter de l'arôme de sa réconfortante boisson alors qu'il se dissipait, le mage itinérant joignit les mains et en fit un support pour son menton, quelques mèches de sa chevelure glissant distraitement de ses épaules alors qu'il se penchait vers l'avant.

Je considère avoir à rénover ma présentation, à l'instar de mon acolyte. Je suis Arsiesys, historien, connu sous le surnom d'archer de mana. Je n'ai pas le prestige d'aussi grandiloquentes ascendances que mon prédécesseur, mais cela ne parait pas m'empêcher d'occuper le poste de Sidereus Legi, soit de co-fondateur. C'est de moindre importance, mais au point ou nous en sommes, ne pas jouer cartes sur table serait manquer d'honnêteté, et c'est présentement une denrée capitale...

Citation :: Arsiesys prend son thé avec deux sucres, +4 XP.

L’auberge du Divum Legi, qui était devenu au fil du temps ma seule maison, était de belle facture. Je ne me lassais pas de faire les tours et découvrir son architecture atypique. Qui plus est, les gens y habitant étaient tous très sympathiques, quelques fois mystérieux mais cela n’entravait jamais l’aide qu’ils pouvaient m’apporter lorsque je cherchais un point précis. J’étais heureux de faire partie de cette grande guilde, et j’étais persuadé pouvoir y faire de grande chose. Mais pour l’instant, j’étais apparemment demandé en salle de réunion. Je ne tardais pas et m’y rendis le plus rapidement possible. Je n’y arrivais pas le premier ni le dernier, et fis comme les autres, à savoir m’asseoir autour de la table. Il n’y en avait qu’un que je ne connaissais pas, et qui était d’origine Zéphyr. Un probable nouveau membre.

Casey prit alors la parole, nous retraçant tout ce qui s’était passé ces derniers mois. Il ajouta alors, à mon grand étonnement, ce qu’il allait se passer dans les jours arrivant. Je fus surpris d’entendre qu’une attaque avait eu lieu sur une guilde scientifique du nom de Babel et que selon toute vraisemblance l’assassin venait de chez nous. Cela fut rapidement démenti par le Roux, qui finit son discours et se déclina enfin comme étant le Chef du Divum Legi. Pas que tout le monde s’en doutait un peu, mais il est toujours bon de le savoir pour sûr. Le clown enchaina alors sans dire une seule fois son identité. Il resterait pour moi un inconnu aux allures de bouffon, mais tant qu’il savait se battre, je n’en avais que faire. Enfin, conclusion et résumé à tout ce qui venait d’être dit, Arsiesys creusa plus en profondeur le sujet de la guilde Babel, nous avertissant de leur grande connaissance scientifique mais aussi martiale. Des adversaires à ne pas prendre à la légère donc. Lorsqu’il avoua quant à lui être le co-fondateur de la guilde, je ne tressaillis pas plus que lors de l’aveu de Casey. J’avais beau être nouveau, je n’en étais pas pour autant un débile profond, et il y a des choses que l’on remarque aisément à force de fréquenter des personnes.

Passant d’une tenue assise peu orthodoxe, à savoir littéralement en travers, à une position moins confortable mais plus solennelle, je réfléchis à ce que j’allais pouvoir dire, et rien ne me vint en tête. Je n’ai jamais rencontré les Babel, je n’ai pas de réseau d’information ultra développé et suis nouveau en ces terres. Me passant la main dans les cheveux, je me décidais enfin à l’ouvrir.

Et bien je ne vais rien ajouté de superflue par rapport à vos dires. Je suis fidèle au Divum, et vous suivrais quoiqu’il arrive. Sinon, je tiens aussi à me présenter à notre invité, contrairement à lui qui nous laisse dans le brouillard concernant son prénom. Je me nomme Alan Nyfed, nouvelle recrue et Moine Valkor. Enchanté de faire ta connaissance.

Un petit sourire provocateur avait émergé sur mon visage, mais rien de bien méchant. Mes paroles dites, je me reposais sur le dossier de la chaise, attendant la suite des instructions.

Spoiler:

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Ouille. Ca, c'était de la réplique cinglante. Spade était loin d'être de ceux qui se laissaient intimider à la moindre parole un peu trop rude pour leur ego délicat, mais force était d'avouer qu'il n'avait pas réellement d'autre choix. Sa position actuelle, son statut très particulier le forçait à se taire malgré son envie de dévier à nouveau, pernicieusement, sur le sujet précédent. Bah, tant pis. Faire abstraction de son franc-parler habituel, acquis au fil des années au sein d'un groupe d'artistes n'ayant aucun secret les uns pour les autres, ne lui ferait pas de mal dans une situation nécessitant une si grande dose d'un sens de la diplomatie qu'il ne possédait manifestement pas.

Le don que lui avait laissé développer son infirmité lui avait laissé sentir la flèche de mana qui, rapide et impitoyable, s'était fichée dans son pied, sans pour autant lui causer la moindre souffrance. L'acrobate conservait un air neutre, repoussant l'instant où il devrait s'arracher à ses effets tout en écoutant l'archer de mana discourir. Son point de vue était tout à fait raisonnable, bien que très légèrement fataliste; il hocha la tête au fur et à mesure de ses considérations, à chaque fois où Arsiesys abordait un point intéressant. Puis, lorsqu'il l'entendit aborder son introduction, calquée sur le modèle de celle de Casey, il poussa un soupir sonore et empli de déception. Encore? S'il avait possédé des yeux, il les aurait levés au ciel... Faute de mieux, il posa ses coudes sur la table; sa main gauche soutenant sa tête, il afficha ostensiblement son ennui, tandis que sa main droite effectuait des moulinets lents et nonchalants, index et majeurs tendus, signalant de manière muette qu'il avait la très nette impression d'avoir déjà entendu cela quelque part. Finalement, lorsque l'homme aux cheveux bleus se fut tu, quelqu'un d'autre prit la parole. Alan Nyfed... Inconnu au bataillon. Il devait être arrivé au sein du Divum Legi après la mort de Veith. Cela dit, il appréciait plutôt sa franchise, même si le moine paraissait encore un peu effacé. Lorsque celui-ci eut fini, Spade sut qu'il pouvait prendre sa chance au vol, donc que l'occasion de bouger était venue. Imperceptiblement, il ramena son pied droit à lui; aussitôt, une onde de douleur remonta jusqu'à son cerveau, lui arrachant un couinement indépendant de sa volonté. Il en aurait eu les larmes aux yeux s'il... Bref. Se mordant le petit doigt de la main droite, il se remit dans une position plus apte au dialogue. Il avait une question à poser, et d'autres choses à dire.

Dites-moi, pourquoi cet air si sérieux? La situation n'est pas tellement grave. En réalité, elle pourrait même se retourner à notre avantage. Actuellement, nulle autre guilde que la nôtre n'est si proche du peuple. Nous sommes au service de celui-ci, je vous le rappelle. Babel fait ses recherches dans son coin, d'une manière quelque peu élitiste; Deus Discors s'amuse à tout casser; quant à Per... machintruc, les Dieux seuls savent ce qu'ils fabriquent dans leur coin. Si Babel venait à nous attaquer, la victoire leur échapperait d'office. Pas parce qu'ils seraient confrontés à maints hommes d'épée, non; parce que les populations retiendraient uniquement une attaque frontale contre l'organisation qui les aide au quotidien, l'organisation sur laquelle elles peuvent réellement compter. Si Babel gagnait sur le plan militaire, cette Guilde s'attirerait à coup sûr les foudres de l'opinion publique. Et nous savons tous quelle importance possède cette opinion publique; sans ses faveurs, le Divum Legi ne serait pas.

Il s'interrompit et relâcha son maintien, jusqu'à paraître légèrement avachi sur son siège tandis qu'il glissait lentement du dossier, et continua d'un ton théâtral, criant presque.

Sur ce, oyez, j'ai des choses à dire! L'une d'elles est relativement importante; je commencerai donc par celle-ci, en suivant le modèle auquel vous semblez tellement tenir. Un minimum d'attention, s'il vous plaît... Moi, Spade, né de parents inconnus, meneur de la troupe de la Nation des Fous, aimerais savoir si doivent m'être délégués, en tant que successeur par la force des choses, le rang et les fonctions de feu Veith Serramis, dit Veith Siemond, fils de feu la sénatrice Astérodéia Serramis et de feu son mari Lucius Serramis, et second Sidereus Legi. La logique voudrait que notre Angelus Divum monte en grade, mais il faut bien que quelqu'un aborde le sujet, non? Je laisse Casey en juger, en tout cas. Enfin, puisque nous en sommes aux révélations...

Il glissa l'extrémité de son pouce sous le bandeau blanc qui ceignait son crâne et, d'un geste sec, le releva de quelques centimètres, découvrant sous ses mèches couleur d'or une peau parfaitement lisse, à l'endroit même auquel auraient dû se trouver les orbites de ses yeux.

Bouh. Je vois sans voir. Plutôt drôle, non? Je vous expliquerai peut-être un jour. Si vous êtes sages.

Et il replaça le tissu à son emplacement initial, esquissant une parodie de salut militaire inachevé à l'aide de la main qui avait à nouveau couvert son absence d'yeux. Cette fois, il avait fini pour de bon.

Spoiler:

Bon, encore une réunion qui avait son lot de nouvelles et de rebondissements. Déjà que nous avions face à nous un digne représentant de la caste des Bouffons colorés et toujours un peu glauques, mais en plus mon bon Casey nous annonçait une nouvelle des plus graves. On annonçait que le Divum Legi s'était amusé à se farcir des petits gens de la guilde scientifico-explorationniste de Babel, ou le meilleur refuge des timbrés pour la plupart Vedans de tous poils. Ce qui me fit grincer des dents, c'est que mes acolytes avaient de sérieux doutes quant à savoir si quelqu'un de chez nous n'avait pas commandité l'attaque. Bon, en plus de faire criser tout le monde, cela obligea Casey et Asaucisse à se dévoiler aux yeux de notre petit moine d'Alan, qui put connaitre l'organisation finale de notre tête de guilde. Bon bah, en fin de compte, cela l'intégrait lui et l'autre type bizarre dans le cercle fermé du pouvoir décisionnel, puisqu'ils étaient mis dans le secret. Tout cela prenait une tournure qui me hérissait quelque peu le poil, vu que j'avais encore pas mal de principes me collant à la peau, surtout dans la tendance parano.

J'avais pas pipé mot depuis que la discussion s'était lancée. En fait, je calculais, gardant pour moi tout ce qui se disait, et réfléchissant à la marche à suivre. Alors quand je vis que tout cela partait dans une pente savonneuse qui n'était pas du tout à mon goût, je me raclais la gorge, signifiant que j'allais enfin me mettre à table. Marrant comme expression, hein? Bref.

Bon, tout cela est bien beau alors je vais y mettre aussi ma touche. Pour commencer, je suis Stilgard Jarlasøn, Angelus de mon état, comme tout le monde le sait, vu que mon grade n'a pas été mis au secret pour plus de facilité dans des procédés divers et variés. Mon poste d'ailleurs ne me permet pas de viser plus haut, étant donné sa nature spéciale, et surtout connue du moindre pécor de Syren. Et puisque les tête de l'hydre qui compose notre organisation restent cachées, du moins pour la plupart, il ne servirait à rien de m'agiter comme un drapeau, ou comme une cible...

Bah oui. Fallait rester logique. Et puis bon, j'étais pas non plus le plus à même de représenter l'idéal de la guilde, vu ma vie. Le fait même que je sois placé pour répondre à toutes les personnes en quête de notre organisation prêtait à sourire. Mais j'avais pas fini.

Donc en fin de compte je m'en fout. Par contre, j'ai deux choses à dire. Primo, je vous arrête tout de suite sur les spéculations concernant la guilde de branquignolles qui semblerait s'être faché contre nous et qui veut nous donner la fessée. Si par hasard il avait fallu assassiner quelqu'un, je crois bien que j'aurai été le seul à mener cette tâche. Les deux nouveaux le savent peut être pas, mais c'est un peu mon fond de commerce, entre autre. Donc filer le boulot à un autre, rien que l'idée me fout la gerbe. Surtout que j'ai la charge des registres de mission, et que je laisse pas les types de la guilde se balader sans avoir au préalable suivit leur évolution, et sans savoir à quelle heure le type est allé au chiottes, et ce qu'il avait mangé au petit déjeuné. C'est pourquoi nous allons gentiment renvoyer ces nigauds dans les cordes en leur rappelant de toujours vérifier la source de leurs infos.

Bon, quand même, j'avais pour moi l'avantage de l'information. Même si j'avais aucune idée de qui avait pu commanditer cette connerie monumentale. Un point. Bon, outre ce fait, j'allais aborder un sujet épineux...

Secundo, puisqu'on continue sur le sujet de la succession, je vous le dit franco: bien que je me fiche de cette place de dirigeant qui pour moi ne veut rien dire, étant donné que je considère Tête de Cactus et Casounet comme étant ce qui se rapproche le plus d'une famille de composition, j'ai un bémol à faire sur la montée en grade de La Binocle. Le truc étant que je me vois mal lui filer tous les avantages et informations stratégiques correspondant au poste. Prends pas la mouche, le clown, mais j'agis entièrement dans l'intérêt de la guilde. Vu les temps qui courent, et même si Veith - qui soit dit en passant était quand même un grand malade - te tenait en estime, la confiance est une chose bien trop fragile pour risquer de nous voir finir la tête sur une pique. D'ailleurs, faudrait peut être commencer par prendre des mesures sur ce qui pourrait être de possibles représailles.

Bon bah c'était dit. J'agissais dans l'intérêt du plus grand nombre, et ça, c'était un sacré truc, vu mon tempérament égoïste. Fallait profiter les mecs, faire une peinture...ou peut être même écrire un bouquin, dans le cas du Petit Bleu...

Citation :: Stilgard à la fibre plébéienne 4 Xp

Le voyage avait été particulièrement éprouvant, sur plusieurs points. Déjà, le simple fait de se relever pour sortir du temple maudit dans lequel il avait rencontré l’archer de mana, ce simple mouvement avait demandé une forte dose de concentration pour qu’il ne gerbe pas tout bonnement sur le sol du fait de la nausée monstrueuse qui assaillait tous ses sens. Par-dessus ça, il avait beau s’être restauré d’une façon qu’il ne comprenait pas lui-même, un choc tel que celui qu’il avait reçu lors de son impact dans un mur de pierre renforcée n’aurait jamais pu le laisser sans aucune séquelle. Aussi fut-il relativement ardu de lui faire faire les premiers pas une fois relevé, l’épaule de son compagnon d’infortune se révélant une aide plus que bienvenue en l’occurrence. Et pour terminer, il le sentait bien…une présence mauvaise, imprégnant désormais chacun de ses mouvements, calquant sa force sur chaque cillement du corps du Karnak. Cette créature impie avait prit la décision de s’incruster en lui, tel un invité indésirable qui avait posé ses valises à peine le premier pas accompli à l’intérieur. À chaque respiration, chaque pas, chaque battement de cil, Toros sentait cette créature maléfique s’imprégner de lui, se fondre à lui tel une seconde peau. Si peu de temps, et déjà, le moine savait pertinemment qu’il ne pourrait s’en débarrasser qu’en trépassant. Pensée sur laquelle il eut l’impression de recevoir un violent coup de poing à la tête…de l’intérieur. Et susceptible, en plus, la bestiole. Deuxième coup de poing.

Mettant tant bien que mal ces détails de côté dans l’immédiat, le Karnak se contenta par la suite de suivre l’archer de Mana, s’appuyant sur ce dernier pour se rendre jusqu’à ce qui ressemblait à un port de fortune, auquel était amarré une chose que Toros n’aurait jamais cru voir dans les environs. À savoir un navire marchand. D’ailleurs, le terme arracha une moue au blessé, étant donné que le dernier navire marchand sur lequel il avait mit le pied…avait sans doute fini sa course au fond de la mer céleste. Après tout, il était disparu dans le maelstrom avec la vision d’une créature chantante et vibrante de sadisme se retourner vers les marchands horrifiés s’amassant dans les environs du bastingage, sur le pont. Ils étaient sans doute morts en moins de deux minutes. Il était à espérer donc, que ce navire-ci ne subirait pas un sort semblable en l’embarquant, sous peine de quoi il se croirait réellement porteur de malheur pour les transports en tous genres. Des projets pour tenter la traversée de l’océan Céleste à cheval, ou à dos de Naquil. Toujours est-il que la traversée se déroula apparemment sans incident, étant donné que le moine fut réveillé en sentant son épaule secouée brièvement, le faisant ouvrir les yeux sur la silhouette du dénommé Arsiesys, qui se retournait pour se diriger vers les hommes qui terminaient d’amarrer leur moyen de transport. Visiblement, il avait réussi à dormir durant la totalité du trajet, à peu de choses près. À savoir le temps qu’il avait mis à clopiner jusqu’à la proue pour s’asseoir et s’appuyer le dos sur le bastingage. Après quoi la tête était tombée, et hop, il est parti le Karnak. Faisant lentement rouler ses articulations, Toros constata avec une soudaine stupeur que toutes ses blessures et contusions avaient disparu de la surface, et de l’intérieur de son corps. De même, certaines de ses anciennes cicatrices avaient elles-aussi disparu, à sa grande surprise. Alors c’était ça que faisait cette chose en lui, pendant qu’il dormait? Veiller à préserver le logis pour un séjour des plus agréables, hein? Ce sur quoi il lui sembla entendre un rire sardonique en arrière fond. Désagréable, cette petite communion. Au niveau mental, du moins, il n’allait pas se plaindre sur les effets au niveau physique. Se relevant avec agilité, le fils du désert vérifia la présence de son bâton et de ses katars sur sa personne – on ne change pas ses habitudes -, et emboîta prestement le pas à son compère azuré qui l’avait devancé d’une dizaine de mètres à sur la terre ferme. Observant les alentours, Toros constata la présence de nombreuses autres îles de tailles variées aux alentours de celle sur laquelle ils avaient pris pied. Et cette disposition, il la connaissait pour avoir suivi ses cours de géographie par le passé. C’était les archipels constituant le royaume du peuple des Valkors. Les innombrables drakkars qu’il voyait un peu partout en étaient la preuve. Que faisaient-ils en territoire Valkor?

Au bout de quelques minutes de marche, passant entre les bâtiments et les maisons, échoppes et diverses constructions, son guide et compagnon manipulateur de mana, silencieux depuis leur débarquement, s’arrêta devant la porte d’une auberge tout juste un peu à l’écart des autres bâtiments. Sans doute juste pour se donner un peu d’air, histoire de jouir du meilleur confort. Toujours est-il que bien silencieux encore une fois, le moine regarda Arsiesys se diriger le plus naturellement du monde vers un couloir caché derrière le comptoir de l’auberge, faisant un bref signe de tête au tenancier lorsque le Karnak voulut continuer de le suivre. L’homme s’exécuta en maugréant une seconde, s’effaçant rapidement par la suite en croisant le regard rougeâtre du concerné, dans lequel brillait maintenant un reflet dansant rappelant littéralement un incendie. Emboitant une fois de plus le pas à son compagnon, il suivit ce dernier jusqu’à ce qu’ils arrivent tous deux devant une lourde porte d’acier refermée, derrière laquelle plusieurs voix se faisaient entendre. Lui intimant cette fois en quelques mots la consigne de l’attendre sur place. Tournant une clé dans la serrure de la porte, le mage entra prestement dans la pièce, refermant la porte derrière lui. S’appuyant le dos sur la porte refermée, Toros croisa les bras au moment où il entendit le son caractéristique des flèches azurées qu’il avait déjà vu plusieurs fois récemment. Visiblement, les choses étaient animées à l’intérieur. Mais même cette porte ne pourrait pas empêcher les oreilles du nomade d’entendre ce qu’il voulait entendre. Prêtant l’oreille, fermant les yeux en restant immobile, le moine suivit la conversation derrière la paroi d’acier, fronçant les sourcils au bout d’un moment. Divum Legi. Casey Rowen. Sidereus Legi. Ce n’était pas une petite réunion budgétaire qui prenait lieu là-dedans. Le Karnak se retourna face à la porte, posant la main sur la surface froide un moment. C’était facile à départager, il n’allait certainement pas rester là à attendre. Mais comment entrer…?

''Fait tomber la porte, imbécile! Dégage-la du chemin!''

...Et pourquoi pas? Pour une première idée officielle, cette chose qui partageait maintenant son corps n'avait pas tord. Il était évident que s'ils avaient placé une porte renforcée, c'était pour qu'elle reste en place. Aussi fallait-il s'en prendre, non à la porte, mais à ce qui soutenait la porte. Les charnières. Tirant lentement son bâton de son dos, le Karnak passa les doigts avec lenteur sur les objets métalliques retenant la porte sur son axe, vérifiant leur état. Rien de bien sorcier. Les pieds prirent leur position, leur propriétaire adoptant lentement une posture parmi tant d’autres qui trottaient dans son esprit en ce moment. Dressant son bâton devant lui, le tenant à deux mains à la manière d’un sabre, il se concentra l’espace d’un moment, canalisant son énergie…et le coup partit. La suite ne fut teintée que d’un bref son métallique, suivi de trois pièces tombant sur le sol, laissant ainsi la porte aussi solide sur place qu’une feuille morte. Appuyant d’une main le bâton sur son épaule, le Karnak se contenta d’appuyer le plat du pied sur la porte fragilisée, qui tangua un bref instant, pour finalement tomber du côté de la pièce dans un vacarme atroce en percutant le sol, soulevant un nuage de fumée. Faisant quelques pas pour entrer dans la pièce, le moine avança lentement sur la porte destituée de sa fonction de gardienne.

Pardonnez mon intrusion...

Émergeant finalement de la fumée, bâton sur l’épaule, une expression relativement ennuyée sur le visage, le Karnak passa un bref regard sur l’assemblée. Un hippie et sa bière, un clown de service, l’archer azuré et une guirlande rouge sur pattes. D’accord, c’était là un comité quelque peu particulier, mais il ne fallait probablement pas vraiment s’en offusquer, au vu de la nature visiblement…excentrique de l’homme qui l’avait emmené jusqu’ici. Cependant, la dernière consigne laissée par ses soins avait tout bonnement brisé la série de conseils avisés qu’il avait donnés auparavant. Il l’avait ramené, un guerrier Karnak possédé, depuis le temple du Savoir jusqu’aux terres Valkor, pour lui dire de l’attendre bien sagement sur le pas de la porte? Non merci, la liste de question s’allongeait déjà bien assez, meilleure chance la prochaine fois. Constatant qu’il avait omis de poursuivre son dialogue d’entrée, le moine releva la tête vers l’ensemble des personnes réunies en ces lieux.

Mais je dois vous avouer que le voyage depuis le Temple du Savoir m’a laissé un peu trop de questions en tête pour que je puisse me permettre de jouer les chiens obéissants attendant sur le pas de la porte. Aussi, et à moins que quelqu’un ici n’ait l’intention de faire exploser une partie ou une autre de mon corps, j’apprécierais sans doute de savoir ce qui semble concerner le Divum Legi. L’organisation a beau ne pas figurer parmi mes connaissances les plus poussées, je dois suffisamment de fois ma propre vie à Arsiesys pour souhaiter m’informer d’un moyen de lui rendre la faveur.

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