Jouer les héros [Pv]

J'avais beau faire, ça restait plus fort que moi. Outre le fait que cette île avait son aura de mystère et de danger, c'était surtout le fait qu'aucun pécor n'ait encore pu revenir vivant de ce territoire pour expliquer ce qui s'y était passé qui me titillait plus. Et quand je dis raconter une histoire, c'est pas les mensonges avinés de vieil arpenteur de taverne, non, c'est un truc crédible ou le type se pisse encore dans les chausses rien qu'à repenser à ce qu'il a vécu. Bref, j'avais décidé, pour mon petit "plaisir personnel" d'aller voir un peu de mon propre chef cette petite zone touristique, puisque je me pensai des plus aptes à survivre en environnement hostile. En plus, c'était pas comme si je partais avec des handicaps, rien que le fait de vivre avec mes compagnons du moment était une lutte constante en soi.

J'avais alors pris un boutre en toute discrétion, profitant que l'équipage partait chasser dans les environs pour me faire larguer sur les tréfonds de l'île, préférant commencer la visite par la base, avec une petite séance d'escalade à la clef. Ben ouais, au moins, j'avais pour moi le gage de la discrétion, et puis un peu d'activité était reçu comme une bénédiction, vu que je n'avais pas trop le loisir de pouvoir crapahuter à droite à gauche, dans ce pays que je ne voulais pas voir en peinture. Je fis donc un cours voyage vers ce territoire inconnu, avec la ferme intention de revenir avec un trophée que je pourrai exhiber sous le nez de mon partenaire au cactus bleu, histoire de voir chauffer sa caboche sous l'effet d'une trop grand excitation "historique". Bref, je partais du bon pied, sûr de moi, même si les matelot du petit boutre me regardaient comme un cadavre en partance pour la mer sans fin. Je crois d'ailleurs que cela me donna plus de baume au cœur, puisque voir un type faire dans son froc pour une chose que j'allai faire avec entrain me filait la patate. C'est vrai quoi, passer pour un héros, des fois, ça fait du bien. Enfin, je passais peut être plus pour un taré, mis je m'en foutais. Le seul vrai truc un peu lourd était qu'encore une fois, j'avais du prendre mes dispositions pour obliger le capitaine à m'attendre au point de rendez-vous, une fois mes pérégrinations terminées. Réflexe normale quoi, pour un type obligé d'attendre un allumé qui allait sûrement crever. Oui, mais c'était mal me connaitre, et s'il ne se trouvait pas exactement où l'on avait convenu, il allait prendre cher, je m'étais assuré que cela arrive.

Faisant un dernier signe aux petits gars du rafiot, j'entamais alors mon ascension de l'île. Je n'avais que quelques dizaines de mètres à faire, de là où j'étais parti, et cela ne prendrait pas bien longtemps.

Allez, encore un peu...Mes muscles chauffaient dans la froideur de cette journée hivernale somme toute, comme le reste de l'année en fait. Ça faisait bigrement plaisir de sentir son corps se réveiller sous l'effort, s'épanouir et presque crier sa joie d'être enfin en activité - ce qui se traduisait par cette chaleur en une série de craquements et de claquements divers et variés. En tous les cas, plus les minutes passaient, plus j'étais heureux de cette escapade, et c'est avec une vitesse d'exécution accrue que je montais les dernier mètres qui me séparaient de la bordure de l'île. Et tout ça pour tomber sur? Ben sur un barbu qui me regarda de toute sa hauteur, visiblement autant surpris que moi, à voir la mine effarée qui lui donnait un air franchement abruti. Air qui se confirma à la vue de ce que cette tanche pas finie me dis, fort à propos en y repensant.

Encore une fois, les mots échangés volaient bien haut. D'autant que ma position inconfortable rajoutait au ridicule de la situation. Mais bon sang, quand est ce que j'allai sortir de ce genre de coups tordus? Elles sont où, les batailles épiques? Tout ça me blasait au plus haut point. Il n'y avait qu'une seule chose à faire.

Au moins, je le tronchais sur le plan spirituel. Il eut pas l'air d'apprécier d'ailleurs. C'est ce qui a sûrement dû motiver son premier coup de hache, que j'évitais sans mal, d'une magnifique roulade, je dois dire. Je tentais vainement de lui ouvrir la bidoche, d'un revers de ma dague, mais l'idiot du village avait plus de ressources dans son sac que de cerveau dans sa caboche. Le reste de la bataille fut aussi mémorable qu'à l'accoutumée, c'est à dire un imbroglio de frappes loupées, ponctuées de grognements d'effort. On aurait dit une partie fine entre deux hommes, si par hasard un observateur malavisé s'était planqué dans les buissons avoisinants pour écouter la lutte. Il fallait donc finir vite cette mascarade. Ce fut chose faite, d'autant que cet empaffé se rua sur moi, plantant mon arme profondément dans son buste, dans l'intention évidente de clouer mes mouvements pour pouvoir m'abattre à son aise. Le problème était que par ce fait, j'étais passé sous sa garde, ayant tout le loisir de lui fouailler la blessure avec mon petit canif anti-con. Le type essaya bien à plusieurs reprises de tenter des coups de taille, fendant l'air de son instrument immense, sans grands résultats, mais au corps à corps, avec mon agilité et ma rapidité, autant essayer d'attraper une mouche en plein vol, avec des gants de boxe de surcroit. Comme pour me fendre le cœur, le futur cadavre me sorti une phrase du plus bel acabit, remplie de son dépits et de sa frustration.

Là, je me devais de répondre. Arrachant mon arme de ses entrailles, je tendis le bras vers la maudite bouche de ce quidam qui aurait dû, au final, rester couché. Je ponctuais l'entrée de mon poignard dans sa mâchoire, clouant son bec pour le coup, d'un magnifique:

Voilà, c'était fini. Il avait juste à tenter des "hmpf" et autres "oumpf", pendant que le sang giclait par intermittence de son coup, là ou la lame l'avait maintenu tel le cure-dent sur le sandwich. quelqu'un voulait du Club-dissident-sandwich?

Putain, encore!

Ce n'était pas que Veith en avait ras-le-cul de se pointer dans ces foutues îles paumées chaque jour que Dieu faisait, mais en fait, si. S'il agissait de la sorte, c'était uniquement dans le but de retrouver un abruti de clébard pourri, élevé au rang de légende et terrorisant tous les vieux et les petits enfants. Dans d'autres contrées, on disait aux marmots agités que le grand méchant loup viendrait les croquer aussitôt que l'obscurité aurait envahi leur chambre; et parfois, chez les Valkors, on leur racontait carrément qu'une meute de Moloks déchaînés allait venir piétiner la maison, puis les extirper de leur lit avant de les bouffer à plusieurs jusqu'à ce que le petit tas informe qu'il resterait d'eux ne soit même plus identifiable. Et après cela, on s'étonnait que ce peuple-ci soit le plus rustre et bourrin de toutes les Îles Célestes. Sans blague.

Donc, il se promenait une fois de plus dans la neige, s'y enfonçant jusqu'aux chevilles, tout ça pour un affrontement avec une bestiole sauvage qui, si elle existait, aurait vite fait de le bouter hors de l'île en deux temps trois mouvements. Si elle ne le gobait pas durant la procédure. Bref, l'initiative était totalement masochiste; et le pire, c'était qu'il en venait presque à l'utiliser comme un prétexte pour revenir constamment, jusqu'à ce qu'il ait retourné le dernier flocon de cette île de merde et déclaré qu'il ne s'y terrait aucun chien géant. Au risque de contraindre les parents débordés à trouver autre chose à baratiner à leur progéniture.

A cet instant précis, un "ta gueule" sonore franchit les airs jusqu'à ses oreilles, résonnant de manière fort peu aimable dans ses tympans. La voix elle-même, aussi douce et délicate que la sensation d'une barre de fer abattue sur une côte fêlée, le Zéphyr pensait la connaître. Curieux, il s'approcha de sa source, et déboucha non loin d'un homme qu'il connaissait un peu, pour l'avoir déjà rencontré avec Arsiesys. Face à lui, un Valkor vautré, probablement l'un de ces Dissidents auxquels lui-même avait déjà du inculquer une ou deux leçons de politesse. Il n'avait pas paru y aller de main morte avec lui.

Rares étaient ceux qui se pointaient intentionnellement dans l'un des territoires réputés mortellement dangereux, et fuis comme la peste par la population saine d'esprit. Deux individus au même instant paraissaient déjà trop. Enfin, Veith y était déjà allé tout seul plusieurs fois, sans rencontrer de truc plus dangereux qu'un gros chat roux, alors...

Tiens donc, je n'étais pas seul, en fin de compte. A croire que tout le monde était venu saluer mon exploit d'escalade, et qu'on avait vendu des billets dans mon dos, sans me mettre au parfum. Ah? C'était bon pour moi, j'avais affaire au mercenaire, Veith, le type de ma bande. Sacré type aussi celui-là, froid et tout. A croire que la mort, c'était son métier. Il aurait pu nettement rivaliser avec tous les autres voltigeurs d'Aphelion...quoique, il y avait un truc qui clochait, chez lui. Ouais, c'était sûrement ça, cet air qu'il avait parfois, et qui te faisait penser à un serpent sur le point de mordre à tout bout de champ. Mais bon, on était dans la même galère, alors pour l'instant il était de mon côté...enfin, je crois...

Bref, il m'avait rejoint, par le plus grand des hasard, tandis que j'ôtais ma lame de la gorge de ma victime, et que je commençais à fouiller le cadavre, en quête de mon trophée du jour. Et c'est comme une fleur qu'il m'interrogea, cherchant apparemment le plaisir du danger en ces terres inhospitalière.

Drôle d'occupation, courir après des légendes. Quoiqu'avec la stature du type, je n'excluais aucune éventualité. Mais tout de même, il nous attirait le mauvais oeil, l'animal. Un Molok...et pourquoi pas se rouler dans l'herbe avec un Fenryl? Bref, tout cela allait finir en coucherie avec une Valkyrie, vu la bizarrerie de la situation, et de cette journée en général.

Les deux hommes avancèrent donc de concert, bavardant gaiement. Enfin, aussi gaiement qu'il était possible de le faire lorsque l'on se trouvait dans une contrée aussi désolée que celle-ci. Régulièrement, Veith tournait la tête, scrutant les environs afin de déceler la présence d'une queue frétillante ou d'une truffe humide. Pourtant, rien de tel n'arriva, et le Zéphyr commençait à se décourager.

Soudain, deux hommes déboulèrent de derrière un gros rocher, beuglant quelque chose d'incompréhensible et s'adressant manifestement à eux. Les membres du Divum haussèrent un sourcil devant cet étrange spectacle, tandis que les Valkors, un petit gros court sur pattes et un colosse qui le soulevait à demi du sol pour l'empêcher de s'enfoncer dans la neige jusqu'à la taille, s'approchaient d'eux. Une fois arrivés à peu près à leur hauteur, le plus grand lâcha son camarade, qui disparut un instant sous la neige avant de se relever, la face pleine de flocons gelés, pour s'adresser à Veith.

Et il esquissa un mouvement dédaigneux pour les contourner, que Deh Guutë bloqua en se décalant sur sa trajectoire. Cherchaient-ils donc à se faire latter en bonne et due forme? Soit, Stilgard et lui allaient pouvoir leur faire ce plaisir.

Le Zéphyr recula vivement de plusieurs mètres, épaulant son bâton de marche dont la fonction réelle était désormais dévoilée, son artefact palpitant presque au milieu de sa crosse. Laissant son allié Valkor faire comme bon lui semblait, il se prépara à tirer sans sommation aucune. Le temps était venu de tester une petite technique qui lui était venue plus tôt à l'esprit. D'un large mouvement horizontal, il envoya coup sur coup trois oiseaux de flammes, qui voltigèrent un instant dans les airs. Puis, en prenant le contrôle grâce à une astucieuse manipulation de mana, il les fit tous les trois converger vers le petit homme, au même instant. Celui-ci, pris en tenaille, ne put pas même aller se cacher; il disparut un bref instant sous un torrent de flammes, répandant autour de lui une odeur de cheveux roussis et de graisse calcinée. Très ragoûtant. Stilgard pourrait aisément en venir à bout, s'il se relevait...

Et ben on pouvait dire que, pour une île sensément dangereuse et inhabitée, y avait foule...on pouvait même pas avoir une discussion tranquille avec un type un minimum mystérieux. Et quand je parle de dérangement, celui-ci se présenta sous la forme de deux types, qui se proclamèrent frères de la tanche que j'avais cloué quelque minutes plus tôt. Bien ma veine ça, fallait maintenant se farcir le reste de la famille! Soit, y avait qu'à leur donner ce qu'il voulaient. En gros, ben moi quoi. Mais comment j'allais bien pouvoir leur présenter ça? Avec une pomme dans la bouche et mon trou de balle sertit d'une broche? Nan, c'est bien moi qui allait les mettre sur le feu, et c'est mon équipier qui ferait office de rôtissoire. Pourquoi je dis ça? Et bien parce que le pépère laissa tomber une de ses cartes, en l'occurrence l'utilité de son bâton de marche, qui propulsa trois oiseaux de feu à la ronde, piafs qui convergèrent vers le plus petit des deux abrutis, lui offrant un aller simple pour l'enfer. Moi, je m'étais mis en travers du chemin du plus massif, laissant le temps à mon acolyte de corriger la donne, étant donné que son ustensile lui laissait une marge de manœuvre plus large. Un plot, en somme, pour laisser la place au sniper. J'avais déjà fait cela par le passé avec Arsiesys, et ça marchait très bien. La preuve, le petit fut vite fini par les flammes.

Moi j'avais plus de mal avec le grand, qui semblait être le vrai athlète de la fratrie. Le type m'avait déjà collé deux trois esquives dans le trognon, laissant mes attaques glisser sur lui comme sur une pente verglacée. En plus, le fait que sont petit frère se soit fait "refroidir" lui donna un regain de hargne, qui se concrétisa en un fabuleux coup de masse qui me fit voler à la renverse. J'étais pas concentré, la merde en somme. Heureusement pour moi que le type se concentra sur Veith, qui avait réussi à attirer son attention à grand renfort de piafs embrasés...je devais intervenir. Coup de taille, coup d'estoc, et mes attaques qui valent pas tripette. j'étais verni, sur ce coup là, j'arrivais même plus à tenir sur mes pattes. le type avait du me flinguer une côte, j'arrivais même plus à respirer convenablement.

Décidément, le colosse d'en face paraissant totalement inébranlable. Si le nain était tombé relativement rapidement, achevé au passage par Veith monté au contact, cravache à la main, et envoyé dans la neige jusqu'à ce que ses tonneaux répétés le changent en gros rouleau blanchâtre, son frère paraissait d'autant plus galvanisé qu'il était désormais le dernier debout. Sous l'effet de l'agacement, le Zéphyr tourna alors son arme vers lui, une lueur assassine dans le regard. L'arme souple et légère fendit l'air, percutant son torse de plein fouet, sans pour autant paraître lui avoir fait le moindre mal. Et pour cause: la simple contraction de ses muscles avait pu bloquer le coup aussi efficacement que la meilleure des armures. Autant dire que les deux hommes étaient dans une merde pas possible. Pourtant, la dague de Stilgard parvint tout de même à se faufiler dans la chair de leur adversaire, parvenant à faire véritablement gicler le sang. Une bonne chose de faite, mais cela serait loin de suffire à l'abattre.

Sa phrase fut coupée par une frappe monumentale de la massue du Valkor, qui le décolla littéralement du sol, l'envoyant voler à plusieurs mètres de hauteur. Une force si incroyable était-elle seulement humaine? Il fallait alors prendre des risques pour espérer le vaincre... Confiant, lors de sa chute, il se tint prêt à lui abattre sa cravache sur le sommet du crâne afin de lui apprendre qu'il n'avait aucunement besoin de lui s'il voulait s'envoler. Mais l'homme ne l'entendait pas de cette oreille; juste avant l'impact, il propulsa à nouveau sa lourde arme de bois vers lui, le projetant cette fois en arrière. Crachant du sang, Veith finit sur le dos, dans la neige; il pensait vaguement avoir plusieurs côtes fêlées et, s'il s'en tirait à si bon compte, il aurait bien de la chance. Tentant de ne pas trop croupir ici, il prit quelque temps pour se redresser, tandis que Stilgard demeurait dressé face au colosse.

Franchement, je pensai pas ça possible. Finir sous les coups de boutoirs d'un idiot du village, sans réussir à placer une seule frappe? Fallait dire que le gourgandin et son gourdin avaient quelque chose d'épique, réussissant à parer tout en contrant avec des frappes meurtrières, allant jusqu'à toucher Veith, lui qui paraissait intouchable au premier abord. Nan mais sérieux, on était pourtant pas des mauviettes quoi? D'autant que j'arrivais tout de même à le pointer de ma dague, laissant un flot vermeil s'extirper de la plaie dans son torse, au niveau des côtes. L'autre se mit à souffler comme un bœuf, mais ce fut bien le seul effet notable. C'était comme si il n'avait aucun contrôle de son corps, le con. Et moi, je commençais vraiment à me demander ce que je foutais là. J'aurais dû aller voir les courtisanes, au moins j'aurais eu des courbatures pour la bonne cause.

Lorsque le gros balourd finit sa besogne sur le mercenaire, le catapultant pour le compte dans les fourrés, il ne restait plus que moi, fièrement dressé face à lui. Enfin, quand je dis fièrement dressé, c'est plutôt rabougri, un rien sonné par le coup qu'il m'avait foutu auparavant. D'autant que cet abruti partit d'un rire guttural et entreprit de me battre comme un linge accroché sur une corde, histoire de m'assouplir, et de voir si j'avais des faux-plis. Bref, une frappe passa, puis une seconde. J'étais dans de beaux draps. Et merde, c'était pas le moment pour les vieux jeux de mots. Je prenais cher, tout de même, et j'arrivais même pas à en placer une, agitant vainement ma dague face au colosse, comme si je luttais avec une brindille contre un tronc d'arbre. J'allais mal finir, il fallait maintenant penser à une fuite décente, d'autant que le type ne s'arrêterait ps avant de m'avoir transformé en purée de pommes de terre.

Tout en tentant de remettre un peu d'ordre dans mon esprit, j'entrepris surtout de me préserver des attaques du gros plouc, essayant vainement de reculer tandis que le type me collait aux basques. Il faudrait bien un miracle pour que ce veau aux hormones me laisse en vie.

Comment expliquer l'inexplicable? Vous savez, ce moment où l'on voit le monde au travers de filtres et d'endroits pas prévus pour, à la base? En tout les cas, j'étais passé par tous les stades du film de genre qui fout dans le mélodrame. Tout d'abord, la scène qui se met au ralenti, avec en fond sonore le rire de cet abruti de Valkor mal embouché, et sa massue qui s'approche inexorablement vers ma triste personne, avec un sentiment inéluctable qui m'envahit peu à peu. Et puis, le choc, la douleur électrisante, la lumière qui s'était, le passage de ON à OFF. Wah, j'avais pas souvent testé ce genre de chose, mais là j'étais complètement dans les choux. J'avais fort à faire pour tenter de rester en vie. D'autant que le sac à bouse blond allait sûrement tenter de finir la besogne, rageux comme il était. Bref, c'était la fête à neuneu. Comment faire?

Aucune idée. Nan mais franchement, je sais même pas comment je m'en suis sorti. Apparemment, Veith avait eu assez de force pour faire tomber un arbre sur le gros balouf, à l'aide de son lance-flamme portatif. Le résultat était assez sympathique à voir, si on avait assez de facultés intellectuelles pour comprendre le ramassis de branches et de membres qui était ainsi affiché. D'autant que cette oeuvre d'art restait assez éphémère, puisque dans un élan de gratitude envers cette saleté de type, le mercenaire avait foutu le feu au conifère ainsi tombé de sa base. Pas de bol, pauvre bandit. Peut être pour nous aussi, on était pas passé loin de la catastrophe. Mais les gentils s'en sortent toujours, pas vrai? Enfin, gentils...quoique, j'avais ma place parmi le cercle très fermé des éradicateurs de bandits, je pouvais me permettre. Fallait que j'arrête de penser, ma tête refaisait des siennes...j'avais plus qu'à rester couché.