A la recherche d'une base solide [Pv]

Voilà le truc. je m'étais mis en tête, fort de ma débrouillardise, d'aller chercher un lieu bien connu auparavant, et qui servirait mes desseins, ainsi que ceux de mon partenariat nouvellement instauré. Ça vous en apprend pas beaucoup, hein? Bah c'est normal, je vais pas en dire trop, non plus. Surtout que vu ce qui était en train de se créer, il valait mieux la jouer profil bas, pour éviter que quelques malandrins aient la mauvaise idée de nous chercher querelle. J'avais donc eu l'excellente idée, comme toujours d'ailleurs, de choper dans ma mémoire mémorable un petit coin de paradis qui siérait parfaitement à nos manigances d'hommes révolutionnaires. Comment j'avais fait ça? A vrai dire, même si je détestais foncièrement cet archipel, et tout ce qu'il contenait avec, j'avais tout de même conservé quelques branches de mon réseau dans le coin. Fallait pas se limiter à un seul terrain de jeu, hein? Et puis, que serai-je sans un peu de manipulation et d'extension de territoire? Bref, j'avais gardé à l'esprit une vielle bicoque, autrefois auberge de grand renom et clinquante à souhait, pour devenir le chef lieu de notre association. C'était celle-ci et pas une autre, déjà parce que je connaissais le propriétaire - enfin, du moins, je l'avais connu fut un temps - et aussi parce que cette masure se trouvait sur l'un des plus grands axes routier et commercial de la ville, en plein cœur du plus grand port de l'archipel, Ragnarok, et oui. Non content de se tenir au beau milieu de ce centre névralgique du pays, et donc de se cacher aux yeux du monde, la multitude faisant office du meilleur écran possible, l'accès au reste du monde était favorisé, en plus d'être proche des autorités compétentes, et donc de jouer avec elles, comme la bernacle s'accrochant au rocher. Y a pas à dire, j'étais content de mon choix. Restait à savoir si mon idée de génie allait se concrétiser...

C'est pour cela que je gambadait joyeusement dans les rues du port, cherchant l'illustre bâtiment qui verrait se réaliser mes espérances. Que dire de ma fierté, lorsque mes compagnons viendraient voir ma trouvaille? Ouais, je me la pèterais sévère. Restait maintenant à envoyer une rapide prière à Dame Fortune pour qu'elle ne me foute pas dans la panade...

Et bien voilà, j'y étais. J'avais enfin trouvé mon auberge...enfin ce qu'il en restait. Il fallait dire qu'elle avait son charme, avec la peinture écaillée et l'enseigne pendante, se balançant tristement au bout de sa chaine. Pas du tout le souvenir que je m'en faisais, elle qui s'illuminait tous les soirs de sa multitude de flambeaux, pour attirer le voyageur, le soldat cherchant de la détente et de la chaleur, ou encore le péquin lambda cherchant juste à se souler la couenne jusqu'à rendre ivre les gens autour de lui, rien qu'avec son odeur de vinasse. Ouais, là, on jouait plutôt dans le registre horreur, les toiles d'araignée et les fenêtres explosées rajoutant au dramatique de la situation. Je décidais alors d'aller jeter un coup d'oeil, laissant ma curiosité prendre le pas sur mon dégoût. Y a des fois, je vous jure, où je devrais changer mes habitudes, mais je vous dis pas tout, vous verrez bien par la suite.

Je m'approchais donc à pas feutrés de l'imposante mais déchue bâtisse, regardant tout autour de moi comme un gros chat pris au piège au milieu d'un bidonville affamé. C'était pas tant l'aspect décrépit de la baraque qui me foutait les glandes, c'était plus le fait que j'avais cru entendre des bruits sourd, la dedans. Prudemment, je sortais ma tête, pour jeter un coup d'œil à l'intérieur. Ce que je vis m'horrifia proprement. Nan mais imaginez, avant c'était une enseigne potable, hein, un truc genre grand luxe, qui faisait rêver les petits poux dans mon genre, un peu comme la parade le jour de la fête des zéphyrs, celle de la fusion avec les Argo, avec les pétales de roses qui tombent du ciel et tout. Bah là, au milieu de ce qui fut une grande dame de la restauration, une reine du gîte et du couvert, on y retrouvait...des pauvres types affalés comme si le tout n'était qu'un chenil, un trou à rats. Horreur, malheur, mes sens raffinés hurlaient leur écœurement, face à cette constatation intenable. Je devais agir, et vite. Avisant une saillie dans le mur qui s'offrait presque à mes mains expérimentées, je m'attelais donc à la stupide tâche d'escalader le bâtiment, histoire de trouver un coin pour espionner tranquillement ces rats moisis qui avaient osé squatter mon rêve. L'ascension fut aisée, malgré le froid et la couche de glace qui s'était installée sur les endroits autrefois humides. Une fois arrivé à l'une des fenêtres en morceau, je pénétrais alors dans ce repaire de loques. Ce qui me surpris en premier fut l'odeur, celle de déjections. J'avais eu la bonne idée de m'infiltrer dans la chambre qui devait être leurs latrines préférée, et on pouvait dire que je me mettais d'entrée dans la merde.

Marchant précautionneusement sur le parquet ancestral, j'allais alors tout droit vers l'escalier, histoire d'écouter ce que ces peaux de zob avaient à raconter. Mis à part des grognement avinés, je n'avais rien à me mettre sous la dent. Si ce n'est...si ce n'est l'armoire à glace qui me regardait dans le blanc des yeux, de l'autre côté du couloir.

Bon, celui là avait l'air de parler notre langue. Bon point. J'avais juste à sortir un truc spirituel, du haut niveau.

Mauvaise réponse. Tandis que que le bandit, passablement énervé par ma mémorable réplique se ruait sur moi, je chargeais mon arbalète avec l'envie évidente de le clouer au mur, aussi sec que son bec le serait si j'en avais la possibilité, vu qu'il gueulait histoire d'amener ses potes à jouer avec mon cadavre. Un coup, manqué. Un second, manqué aussi. Pas de bol dans les couloirs, le type avait une massue et s'en servait pour contrer mes carreaux. Il en résultait un très joli cactus, une belle œuvre abstraite, qu'il maniait avec assez de force pour causer des trous dans le murs. Rechargeant, mes nouveaux lancés furent eux aussi infructueux, tandis que je me réfugiais dans la première chambre venue, me mettant ainsi à l'abri d'une prise en tenailles. Restait à savoir quoi faire. Fuir? Oui, sans aucun doute. Fuir avec les vertèbres rompues? Pouah! Jamais. Dans un geste de courage extrême, je me tournais, faisant face à l'agresseur, avant de me lancer sur lui, dague au clair. Il en résultat un truc très confus. Je me souviens avoir pris deux-trois coups, en avoir donné un, qui d'ailleurs le fit bien mugir, l'animal, puis avoir titubé en arrière, sous l'effet du choc. Les massues...je détestais les massues. Outils d'abruti ça, qui cogne sans raffinement. Tout juste bon pour casser des cailloux...bref, le cailloux c'était moi, là. J'essayais bien de tendre le bras dans un geste signifiant un break, mais l'immonde maroufle ne m'écouta pas, axant un superbe coup circulaire, qui me catapulta directement, sur la fenêtre, me payant par la même un aller simple pour poubelle-land. Oui, j'avais vraiment la chance de mon côté, puisque j'atterrissais dans une charrette remplie de vieux foin et accessoirement de purin, ce qui amortit passablement ma chute. Il fut ensuite facile de rouler sur le sol, et de fuir désespérément, profitant du couvert de la nuit pour me cacher dans les rues voisines.

Pas de bol, hein? Je veux dire, sur l'ensemble de l'opération. Bref, me restait plus qu'à éliminer ces bois-sans-soif un par un, en utilisant la bonne vieille méthode de l'assassin, à savoir le coup fourré, et donc le coup de pute. Y avait boulot...

Une chose restait certaine, c'était que la pugnacité était bien mon fort. Je voulais cette auberge, j'allais l'avoir. Non seulement, le temps que j'avais passé à observer ce taudis occupé par la vermine m'avait servi à regarder les forces et les faiblesses de l'endroit, mais en plus cela ne m'avait servi qu'à augmenter la rage froide qui m'avait envahi peu à peu. Bref, j'avais les glandes, façon maxi. Du reste, j'allais faire payer à cet abruti de la dernière fois son vieux coup de trique. Lui, il allait voir du pays, je lui garantissais les billets pour un aller simple pour l'enfer de ma lame. Et si ça suffisait pas, j'enverrai ses potes avec, façon tarif de groupe. Le tout était de bien faire, retenter intelligemment la chose. Alors que je revenais près de la bâtisse, après un certain temps qui m'avait servi à élaborer un plan, je restais confiant. Cette fois, aucune erreur ne pouvait être faite.

Je vous annonce la chose simplement. Ayant "emprunté" une jolie petite chariote, pleine de foin d'ailleurs, j'avais décidé de lui faire visiter les lieux, genre "entrée fracassante". Heureusement pour moi, la rue - et surtout la pente - se prêtait à ce genre de fantaisie. Et ouais, c'est ça, les vrai héros. Ils ont toujours une chance pas possible, on pourrait croire que les dieux sont avec eux. Bref, balançant le machin, et l'ayant préalablement lesté d'une petite tripotée d'objets en tout genre - allant de la simple pierre jusqu'au bout de métal, bref, tout ce qui m'était passé sous la main - je balançais mon chargement du haut de ma colline, pour le regarder gentiment dévaler la pente, avant de passer la porte avec fracas, et surtout force éclats de bois, et finir dans un boucan monstre, le petit s'étant probablement vidé de son chargement avant d'exploser littéralement dans le salon principal de la taule. Du beau boulot, un travail d'artiste en somme. J'étais franchement excité par ce coup d'éclat, même si je savais qu'il me restait probablement de l'action. Et cela ne tarda pas, puisqu'au milieu de la poussière qui sortait de l'ensemble, je pu distinguer ce qui s'apparentait à une silhouette, qui tentait vainement d'échapper au bordel. Ça beuglait de partout, je vous jure, c'était vraiment grisant. Restait plus qu'à finir le boulot.

C'était bien lui. Cette enflure de la dernière fois qui me toisait du haut de la descente. Antithétique, n'est ce pas? Bref, le mec avait l'air un peu chiffon, rapport au fait que je lui avait déglingué son chez-lui. Je pouvais pas m'étonner, donc. Cependant, j'étais enclin à lui faire la peau. C'est pourquoi je sortis derechef mon arbalète, avant de foncer sur lui, moi aussi beuglant comme je pouvais. J'étais pas habitué à ce genre d'effet de scène, alors mes cris pouvaient paraître risible, je crois. Mais là n'était pas le problème. Le problème était surtout que le type en face de moi me provoquait un semblant de pétoche, à me foncer dessus comme un taureau en rut, avec sa grosse poutre dans les mains, comme s'il savait qu'au fond, ce serait moi qui passerait un sale quart d'heure. Et ce fut le cas, à mon grand dam. En fait, j'avais bien commencé le match, parvenant d'entrée de jeu à li ficher un carreau dans le bras. Bon, ce n'était pas son bras armé, mais au moins cela le fit hésiter un peu. Un peu seulement. Parce qu'ensuite, et je n'ai toujours pas compris comment, le type m'a fait comme une sorte de mise en transe. Oui, c'est sûrement ça, j'avais affaire à une sorte de berserker. Sinon, comment expliquer le fait qu'à mon deuxième tir, le type s'était soudainement jeté en avant, passant sous ma ligne de tir, pour m'assener deux splendides coups de sa masse qui vinrent ma caresser l'un dans les côtes, qui se brisèrent sur le coup, puis sur le côté, m'envoyant bouler contre un mur.

Je l'avais mauvaise. Encore une fois je rencontrais ce type, et encore une fois je prenais une déculottée. Je tentais bien de lui renvoyer un trait, mais le type encaissa à merveille, contrant de son imposante masse, comme il l'avait déjà fait par le passé. marrant, comme les choses peuvent se répéter, surtout quand elles prennent une mauvaise tournure? J'allais encore goûter à la défaite, c'était quasi-inéductable. Restait à trouver une porte de sortie, comme d'habitude. Alors comment faire? Je tentais de me jeter sous ses jambes, tandis qu'il avançait sur moi, profitant du peu d'agilité qu'il me restait. Et cela eu un très beau résultat. Oui, un superbe revers qui m'envoya encore une fois voler à la ronde. Restait plus qu'à faire ce pour quoi j'étais le plus doué, m'échapper. Alors tandis que le type revenait vers moi, l'air menaçant, la bave aux lèvres, je lui balançait une sphère de mon crû, qui explosa sur le sol avant de remplir les alentours d'une fumée âcre et piquante. Et tandis que le colosse toussait tout ce qu'il pouvait, je rampais quant à moi comme une pauvre bouse pour me mettre à l'abri. Une fois au contact d'un mur, je pus trouver assez de force pour me relever un peu, prenant une posture de pauvre loque bossue et sans force, pour ensuite me trainer le long dudit mur, jusqu'à passer dans une ruelle adjacente à l'artère desservant l'auberge. Le type derrière semblait bien en rage, à entendre les cris qu'il poussait, et j'avais bien fait de sortir ma boule à ce moment. je crois bien que, dans d'autres circonstances, j'aurai fini en pita, bien écrasé proprement sur le sol.

Il fallait cette auberge, maintenant. Peu importait les moyens, les blessures et les défaites. C'était devenu une affaire personnelle. J'avais vraiment pris un coup dans ma fierté, et comme tout homme qui se respecte, j'avais la vengeance qui me tamponnait l'arrière de la tête, comme une conscience me disant quoi faire, en me martelant les préceptes à suivre. J'allais les suivre, oh ça oui. Restait à faire ça dans le grand art, que tous sachent qu'on ne me bat pas trois fois. Au diable les proverbes généralistes, j'allais faire de la bouillie de tout ça. Car qui s'y frotte, s'y pique, et s'ouvre même le bide.

Le retour de la revanche du courageux homme insoumis. Ouais, ça aurait pu faire une belle présentation de ma saga personnelle, un chapitre haut en couleur, plein d'amour, de haine, de déceptions et de vict...ouais pas encore la victoire. Ça faisait tout de même deux fois que ce gros plein de muscles me foutait la pâtée, et que je rentrais la queue entre les jambes. A la bonne heure, y aurait pas d'autre fois...enfin je l'espérais. Et puis, avec ma toute nouvelle mise en scène je m'assurais un effet dévastateur, si jamais ça fonctionnait. Rien qu'à penser à ma victoire triomphante, j'en pleurais de joie, avec tout ce qui pouvait en découler. Et puis, fallait dire, j'avais tout de même la pression, puisque c'était à moi de faire que cette auberge devienne notre quartier général, l'ayant proposé de but en blanc lors de notre entretien sur le sujet. J'avais réussi à faire bonne figure, chaque matin où les gars me voyaient couvert de bandages et de bleus récoltés pendant la nuit. J'avais mis ça sur le compte de mes activités plutôt illicites, mais au bout d'un moment le stratagème ne marcherait plus. Ben oui quoi, j'étais bon dans mon domaine, et ça n'incluait pas le fait que je revienne tout le temps battu comme un linge poussiéreux.

Mais cette fois était la bonne, je le sentais au fond de mes tripes, qui avaient tant souffert des coups de mon agresseur, d'ailleurs. Il faut dire que la dernière fois, ma rate avait été à deux doigt d'éclater, purement et simplement. Alors, là, avec tout ce que j'avais subi, c'était dans le genre "ça passe ou ça casse". Et si je réussissais enfin à choper ce bœuf, j'allais lui faire voir du pays, pour sûr. Autant dire que toute ma frustration accumulée au cours du temps allait se relâcher d'un coup, et que j'allais laisser libre cours à mon imagination. Le type serait un martyr, dans son genre, et tous les autres abrutis dans son genre allaient pisser dans leur froc, rien qu'à la mention de sa tragique histoire. J'allais d'ailleurs m'assurer qu'elle soit criée sur tous les toits, histoire de le détruire à fond. Moi, cruel? Nan, c'était la colère du juste. Y parait que ça passe bien de dire ça. D'ailleurs, les prêtres en font leur gagne pain, donc bon, dans un sens, je faisais là acte de piété.

J'avais parfait la mise en scène, le théâtre était en place, avec chaque acte minutieusement écrit à ma façon. Je vous explique la mise en scène, elle valait son pesant de cacahuète. J'avais réussi à m'introduire dans les réserves de poudre d'une petite entreprise de fournitures pour artificiers, et je m'en était donné à cœur joie. Ainsi, tout ce petit pactole de poudre et d'effets divers et variés fut dûment installé à des endroits stratégiques, en vue du feu d'artifice final, célébrant ma consécration. Pour ce qui est de l'acteur principal, je m'étais grimé pour l'occasion, usant de mes talents innés dans l'art du maquillage, afin de ressembler à plus mort que mort. Le résultat était d'ailleurs frappant, avec un teint livide, et des cicatrices par endroit, afin de donner du cachet à la chose. J'allais revenir d'entre les morts, après le sale traitement qu'il m'avait fait subir, et j'allais vraiment, vraiment pas être content. Un truc de môme, vous dites? Ouais, mais je suis resté très enfant. En même temps, je suis et je reste un artiste, et chacune de mes victoires restaient des œuvres d'art, à jamais gravées sur les murs, le bois, ou sur la chair, à vif.

J'attendis donc calmement mon heure, profitant de la journée pour installer discrètement la nasse qui allait se resserrer autour de mon petit poisson aux hormones. L'effet allait vraiment créer une légende. Une fois la nuit tombée, j'allais attendre patiemment que l'on arrive au moment ou l'astre nocturne atteindrait son apogée pour démarrer la chose. Je vous l'ai dit, ça allait envoyer le pâté. Bref, j'étais retourné à ma planque, le temps de préparer mon maquillage. Heureusement pour moi, l'endroit que je m'était dégotté donnait sur l'auberge, alors je n'avais pas à me taper un trajet inutile, et d'éventuelles rencontres malvenues.

Une fois la nuit venue, et noire, qui plus est, tout juste faiblement éclairée par la chiche lumière de la Lune au travers de nuages d'encre, je m'étais avancé sur la petite place où les rues attenantes au bâtiment se rejoignaient, avançant calmement, les nerfs à vif. Oui, j'étais carrément excité, je bouillais littéralement. Puis, une fois au centre de la place, face au fenêtres éclatées, j'entamais le show d'une voix forte:

Et de ponctuer ma phrase avec le déclenchement des artifices, nimbant l'atmosphère de fumées vertes et violettes, franchement glauques. Puis, sur mes dernières paroles, l'explosion se fit, avec des montées de flammes dignes des démons des cercles intérieurs. Ouah, la vache, j'avais vraiment réussi mon truc, on aurait dit un Vieumaur ultime! Cependant, un cheveux vint se poser dans ma soupe si bonne. En fait, la réponse des types dans la barraque fut...ben rien en fait. Là, j'étais...comment dire, désappointé? Le bide total, la chienlit. J'étais furax.

Et tandis que je m'avançais vers l'auberge, avec l'envie évidente de finir mon excès de poudre sur la bâtisse, une silhouette se découpa dans l'embrasure de la porte. Et c'était pas mon colosse de la dernière fois, cette fois j'avais affaire à quelque chose de plus...poilu. Mais c'était quoi ce bordel? J'avais l'impression d'être dans une blague, une histoire de taverne. Bref, j'allais demander à la peluche ce qu'elle foutait là.

Ben tiens, je voulais bien voir ça. D'un bond, je m'élançais. La pantoufle sur pattes fit de même, avant de me balancer une série de pics de glaces, générés par je ne sais quelle magie, qui m'obligèrent à rouler de côté. Cependant, mon énervement était tel, que je me relevais aussi tôt pour parcourir les dernières foulées me séparant de la bestiole, juste avant qu'elle n'érige un écran de magie, l'idiote. Ce fut lorsqu'elle usa de sa magie contre moi, encore une fois, voulant m'envoyer un paveton de glace en pleine poire, que je déjouais sa barrière, plantant ma dague dedans, qui sembla se délecter de la magie présente. Tiens, cela n'était jamais arrivé auparavant, et ça me mis plus sur le cul que mon adversaire. Heureusement que je me repris d'ailleurs, puisqu'il essaya d'emporter mon scalp avec ses griffes. Monumentale erreur, puisque cette ouverture me permis de planter ma dague en plein dans son coeur, ce qui le laissa s'effondrer sans un bruit au sol.

Et voilà, j'avais fait le ménage. Jamais trois fois, j'avais dit. Maintenant, me restait une tripotée de ménage à faire...

Après m'être occupé de la peluche, je m'étais décidé à inspecter un peu les lieux. Passant les lourds battants dégondés par le passage de la chariote que j'avais offert aux briscards en guise de petite mise en bouche, lors de mon précédent échec, je pus découvrir que la bestiole ne m'avait pas mentit. A l'intérieur, les corps sans vie de plusieurs soudards m'attendaient. Et à en juger par les orifices qu'ils avaient dans le trognon, certains sans aucun projectile, on pouvait sans se tromper faire la relation avec le Singam-Vellai, et ses cristaux de glace qu'il avait balancé partout, lors de mon affrontement précédent. Les machins avaient sans doute disparus en éclatant en de petites particules, mais la stalactite que je retrouvais dans le bide d'un type miteux me confirma tout ça. En plus, il faisait un froid de canard dans tout ce foutoir...j'espérais que les boiseries pourraient s'en remettre. Mais avant tout, je cherchais une confirmation, un geste bien puérile à mon niveau, mais je voulais absolument savoir si le lourdaud de mes précédents échecs était là, parmi le tas de macchabées. Je ne le trouvais pas, cherchant en vain dans la grande sale, parmi les corps ouverts et les hommes gelés. J'essayais ce qui faisait auparavant office de cuisine, mais ne trouvait rien, mis à part des immondices, comme d'habitude. Remerciant le froid qui finalement tombait à point dans mes recherches, j'embrayais sur le reste de l'auberge, passant par les réduits, et montant à l'étage. De ce que j'en voyait, il me faudrait un moment et des types avec un cœur accroché pour faire le ménage, et j'allais dépenser une petite somme. Mais pourquoi cette auberge et pas une autre? C'était comme ça, j'avais vécu trop de chose pour passer outre le choix de ce lieux comme fief de l'organisation pour laquelle je m'étais enfin engagé.

Montant une à une les marches craquantes de l'escalier usé, je restais tout de même sur le qui-vive. L'ambiance morbide exerçait tout de même une certaine pression sur moi, bien que je n'en fusse pas à mon premier meurtre de masse. j'avais seulement l'impression que les morts allaient se relever, avec toute cette magie qui saturait l'air. En espérant ne pas avoir à réétaler un mec une seconde fois...

Marchant le bras agrippé à la rambarde, le long de cet escalier qui semblait prêt à céder sous mon poids. Avais je entendu d'autres bruits que le craquement des planches en bois sous l'effet de mon passage, qui pourtant se faisait à pas de loup? Je ne sais pas. Toujours est il que cette histoire commençait vraiment à me farcir la courge. Nan mais, moi, un assassin et voleur hors pair, qui faisait dans son froc à cause d'une auberge remplie de mort? Ouais ben, c'était la guerre hein, enfin ma guerre, dans un sens, et puis si on commençait à flipper dans chaque endroit où des types avaient passé l'arme à gauche, on avait pas fini, avec toutes les guerres, les émeutes, les coups foireux des voleurs et des brigands, par le passé. Bref, on pouvait dire que je me tournicotais les bourses pour rien. D'un pas plus assuré, je montais les dernières marches qui me séparait du couloir donnant sur les premières chambres. Désert, normal. En plus, il faisait plus noir que dans le trou de balle d'un Borick, et le vent glacé de ce début de saison passait avec force dans l'espace qui lui avait été donné, avec toutes les fenêtres brisées. Ce fut peut être d'ailleurs ce vent qui me sauva la vie, à tout bien réfléchir. Tandis que je passais les chambres, ayant visiblement bien souffert elles aussi du passage des traine-savates qui avaient occupé l'ensemble, un mouvement à la périphérie de ma vision me fit sursauter. Ce n'était qu'un rideaux qui avait bougé sous l'effet d'une bourrasque, mais cela suffit à mettre mon cou hors de portée de la flèche qui se planta dans une poutre, tout près de moi. La chance n'arrive qu'au génie, m'avait on dit un jour. Bref, je vais pas me lancer des fleurs, mais la destinée me montrait là que j'étais sacrément, sacrément spécial.

Tournant la tête vers la source de ce mortel cadeau, je tombais encore une fois sur une peluche à taille humaine. Cette poisse, nan mais là, c'était le pompon. Avant de commencer à faire parler ma lame, je m'enquérais gentiment du pourquoi du comment de cette attaque soudaine.

Visiblement, je n'étais pas très diplomate, puisque le truc grogna quelques imprécations avant de s'approcher de moi et de me bombarder copieusement de projectiles, dont l'un vint me creuser le côté d'une côte, justement. Soit, je fonçais sur lui, faisant fi du fait que, dans un petit couloir comme celui-ci, j'allais sûrement me manger plus d'une bastos. Et finalement non. Je veux dire, tout à mon objectif, je semblais rentrer comme dans une sorte de transe, ma dague me brûlant presque la main. Et comme ma vision semblait se distordre, se focaliser sur mon objectif, le temps fit de même, me foutant sous le nez de cet abruti de Singam Vellai qui eut l'air aussi surpris que moi de la performance. Bah, je ne cherchais pas le pourquoi, je voulais juste mettre un point final à tout ça. D'un geste, je plantais profondément mon arme entre les puissants muscles costaux de l'humanoïde, qui encaissa le coup dans un feulement rageur. Lâchant son arc, il tenta de me noyer sous une averse de coups de poings en tout genre, qui passèrent pour la plupart dans les murs, faisant une série de trous qui m'accablèrent, rajoutant du travail futur de restauration. Une fois, son poing passa près de mon visage, mais j'arrivais à détourner la force formidable de la bête d'une manchette bien ajustée. On néglige souvent l'utilité de la précision, dans une défense face à un adversaire plus fort que soi. Mais pour s'en sortir, il suffisait de diriger toute cette force vers un point précis, de la canaliser en somme. C'est pourquoi, en poussant les bons leviers, on parvenait à se mettre en sécurité. D'autant que, repoussant encore une fois l'une de ses mains, qui tentait visiblement de me trancher la gorge à l'aide de ses griffes, j'entaillais sa cuisse, la faisant choir de la hauteur conférée par ses caractéristiques génétiques.

Il était là, offert à mon coup de grâce. Mais bizarrement, je ne pouvais pas cette fois ci. Je lui demandais:

Et il tenta de se jeter sur moi, malgré mon âme sur son coeur. S'enfonçant profondément dans celui-ci, je me trouvais bien mal lorsqu'il tenta de me mordre à la gorge. Heureusement que l'état du mur derrière moi me permis de finir dans la chambre attenante, me laissant le temps de répits correspondant à l'expiration du guerrier. j'avais eu chaud, sur ce coup là, encore une fois. Je n'avais, du reste, rien compris aux élucubrations de ce type, avec son histoire d'homme mystère et d'ascension du peuple face aux humains. Super, alors pourquoi se mettre à zigouiller du bandit? Ça faisait plutôt l'affaire de tout le monde, ça. Bah, je reporterais ça plus tard à mes compagnons, histoire de demander leur avis sur la question. Pour le moment, je crois que la visite était terminée.