Le capitaine et son vaisseau (PV Segismundo )

Cela allait faisait déjà deux journées entières que Leah voyageait avec le capitaine du Vancouver. La nuit dernière avait été épouvantable, il s'était mit à pleuvoir à n’en plus finir et pour couronner le tout, ils avaient même été attaquer par un groupe de bestioles sauvages ailés. Heureusement, il n’y eut que quelques blessés, rien de grave. Dans tous les cas, cette journée s'annonçait plutôt bonne, ou du moins meilleure que la précédente. Leah venait de finir les dernières réparations à faire dans la salle des machines de ce navire en ruine. Il y avait de nombreuses fuites à bord, la plupart des circuits étaient encrassés et la mécanique hurlait a chaque mouvement de ce tas de ferrailles. C'était un véritable miracle qu'ils soient aller aussi loin avec des machines dans un tel état !

Bref, tout était réparé et en bon état de marche, elle ne pouvait pas non plus faire des miracles avec ce qu'elle avait sous la main, mais ce navire serait maintenant en état pour un long moment. Leah avait d’ailleurs réussit à marchander à ce proposé avec le capitaine, lui certifiant qu'elle pouvait améliorer leurs moteurs en échange de la cabine de son second. Chose qu'elle fit, la consommation en énergie ainsi que la vitesse de croisière du navire venait d'être améliorer de bien d'une dizaine de pour cent.

Il était vers la fin de la matinée, Leah était pleine de courbatures et de crasse mais fière de son travail. Elle en profita pour se glisser dans la douche personnelle du second, qui d‘ailleurs ne pouvait s‘empêcher de ronchonner dès qu‘elle la voyait. Elle aimait le confort, alors pourquoi ne pas en profiter ? Avec l’eau qui coulait sur sa peau, elle se rappela à quel point il était si agréable de prendre une douche après un dur moment de labeur. Elle aurait pu rester des heures ainsi à savourer ce moment, si l’alarme du navire ne s'était pas mise à sonner. Elle s’immobilisa un instant, se demandant ce qu’il se passait encore. Puis elle entendit au travers du hublot donnant sur l'extérieur :

Capitaine ! Navire en vue ! ... Navire en vue, capitaine !

En un éclair, elle sortit de la douche, attrapa la serviette en vitesse pour se sécher et enfila son bas. Portant le reste de ses vêtements à bout de bras, elle s’habilla tout en courant, ce qui lorsqu’elle mit le haut restant un instant aveugle, la fit se cogner contre le mur du couloir. Un peu sonnée, mais revenant vite fait a elle-même elle, tout en enfilant son gilet, Leah poussa la porte donnant sur le pont.
Le soleil tapait fort, au point que le soleil la gênait, l’obligeant à s’aider de sa main pour le masquer. Geste qui ne fut bientôt plus utile, car le soleil fut masqué par le gigantesque navire qui apparut devant elle. Le vent battait si fort que Lea en porta sa main à sa capuche. Elle resta un instant tétanisé par le magnifique spectacle.

Par Kahran, ce navire est magnifique !

Trépignante d’impatience et comme appelée par ce navire, elle prit son élan en activant son gauntlet Azure et sauta hors du Vancouver en s’éjectant à l’aide de son appareil. Elle atterrit sur la coque du navire inconnu. D’ici, il paraissait plus immense encore, elle se propulsa de son bras droit, grimpant ainsi habilement le long de la coque segmentée. Après quelques sauts similaires, elle atteignit le pont du navire. La haut, le soleil était bien présent et le vent soufflait de plus bel faisant, par la même, tomber en arrière la capuche de Leah. Des cheveux de feu apparurent agités par le vent, encore humide de sa douche récente.

Trois personnes étaient sur le pont entrain de se divertir à un jeu qui lui était surement inconnu, mais elle était trop émerveillée et absorbée par le navire en lui-même pour y prêter vraiment attention. Elle arpenta de long le navire pour se retrouver non loin de la proue, elle regardait partout et souriait toujours plus en découvrant chaque partie de ses propres yeux. La finition était parfaite, chaque angle et inscriptions étaient impeccables. Le navire devait être très ancien, mais son état de préservation était étonnant presque flambant neuf. La jeune femme, qui s’était auto-invitée, était alors totalement ignorante qu’elle était observée par le capitaine du navire et ce depuis qu’elle avait posé son pied sur le pont …

Diriger l'Aquilon est toujours un plaisir sans égal pour moi. Le sentiment de faire vibrer son navire, qui réagit à la moindre stimulation des commandes, me donne en particulier l'impression de fusionner avec lui, de ne faire qu'un avec ce pourfendeur céleste. Le bémol, c'est que ça demande une concentration intense, et donc que quand je navigue à vitesse je fatigue assez rapidement. Même s'il m'arrive parfois de naviguer avec un équipage réduis au strict minimum, je fais alors attention de conserver une allure modérée de façon a ne pas trop solliciter mes faculté de focalisation en un point. Il m'est même arrivé de le diriger seul… Je n'ose vous dire les difficultés que ça as engendré. Bref. Toujours est-il que j'ai besoin d'un peu d'air frais.

Je me dégage du poste de contrôle, laissant la place à mon second. Il faudrait que je puisse créer un pilote automatique, peut-être que l'un des vieumaurs de Sam pourrait remplir cet office… Après tout, s'ils peuvent être soldats, ils peuvent bien être pilote de navire, non? Je repense au régiment de ces soldats immortels qui résident, dans un état végétatif, dans la cale du vaisseau. On se sent sur le pied de guerre… La bataille au Lac de Plénitude sera sans aucun doute particulièrement violente. Ceci dit, ça ne m'inquiète pas: nous avons l'avantage, non? Non seulement une grande partie des forces de Babel sont engagée dans ce combat, mais de plus la coalition est de notre côté et de nombreuses guildes indépendantes vont venir se mêler de la chose. Tout n'est pas gagné d'avance, mais sur le papier, nous sommes gagnant…

Alors que je débouche sur le pont, le vent commence à soulever ma chevelure. Un vent vif et chaud, un vent Karnak sans aucun doute, réchauffé par son passage sur l'immense terre désolée… Et fort agréable. Des vibrations caractéristiques se font sentir dans l'air; un autre vaisseau doit se trouver non loin. Fermant les yeux, j'étends mon champ de perception dans toutes les directions alentours et l'identifie sans mal. Il est vraiment proche de nous. Son aspect le classifie comme un vaisseau d'origine Karnak, marchand selon toute probabilité. J'entame un contact télépathique avec la passerelle, et les assure de mes intentions pacifiques. Certes, l'Aquilon possède pour l'instant un aspect passablement martial, mais c'est les ennemis des Karnaks que nous allons combattre…

Le malentendu dissipé, je mets un terme à la liaison psychique, et rouvre les yeux… Pour découvrir l'arrivée d'une jeune femme, sortie d'on ne sais où exactement, la chevelure flamboyante volant dans le vent chaud, répandant quelques gouttelettes d'eau aux alentours. Elle serait passée à travers un nuage? L'horizon est pourtant dégagé… Bah, le plus simple est de l'interroger. Je saute les quelques marches qui mènent vers la figure de proue, saluant au passage quelques membres d'équipages jouant aux cartes, tranquillement posés sur le sol et/ou un rouleau de corde. J'avoue que prendre le soleil ainsi doit être plutôt agréable… J'irai bien me joindre à eux. Mais déjà, faisons connaissance avec notre mystérieuse inconnue…

-Salut-salut! Eh bien, il ne me semble pas te connaître et pas non plus t'avoir vu monter sur le bateau. Cela dit, si tu viens en paix, on est ouvert à tous et à toute… Je m'appelle Segismundo Andredago. Je suis le capitaine de ce navire, membre honoraire de la Fondation Pour la Magie d'Amalsys, au titre d'enseignant-chercheur, tueur d'hydre et accessoirement actuel dirigeant de Babel. J'étais en route pour quitter les Terres Brulées… Cela fait un peu trop de temps que je végète là-bas. Encore que, on y fait des rencontres intéressantes, mines de rien. J'y ai croisé notamment… Enfin, on s'en fout un peu, non?

Vu la manière dont je me suis fait massacrer par Yuber, mieux vaut peut-être ne pas mentionner cet épisode. J'étudie d'un peu plus près celle qui me fait face. Un corps athlétique, un regard franc. De toute évidence, elle n'est pas de ces femmes qui restent au foyer… De plus, elle n'as pas l'air d'être une prostituée, ce qui constitue pourtant généralement la seule profession féminine sur les navires céleste. Cela dit, certaines femmes m'ont déjà prouvé qu'il était largement possible qu'elles assument des fonctions traditionnellement masculines… Bref. Quand au juron que j'ai entendu, il m'intrigue également. J'ai beau y réfléchir, il ne me semble pas le connaître… Mais il déclenche en moi comme un vieil écho, une vieille réminiscence… Dont je n'arrive pas à trouver l'origine. Bon, dans tout les cas, le plus simple est encore de demander.

-Eh vous, qui êtes-vous, au juste? Il me semble que cela faisait une éternité que je n'avais pas entendu jurer "Par Kahran!"… La réplique me semble venir d'un autre monde. Peut-être une de mes vies antérieures, qui sais? Il me semble que c'est la mythologie Raïken qui prétend que nous vivons plusieurs fois, dans un cycle infini… Eh bien, marchons en discutant. Je n'aime guère rester immobile – sauf si je dispose de l'un de ces luxueux fauteuil de la salle de conférence…

Ayant prononcé ces mots, je lui fais signe de m'emboiter le pas et commence à parcourir le pont tiède. Il n'y a pas d'erreur possible: ces contrées sont bien plus agréables que les inhospitalières terres Valkor… Pour parler honnêtement, j'espère ne jamais retourner dans cet enfers de glace où chacun de mes combats c'est soldé par un échec. Comment se battre dans de telles conditions, aussi? Bref. Laissant dernière moi le frisson de ces souvenirs, je reconcentre mon attention sur mon interlocutrice…

Spoiler:

Leah était totalement absorbée par la découverte du navire, le bout de ses doigts longeaient les ornements dont le navires était richement recouvert. Elle sentit alors une présence étrangère proche d’elle, ce qui lui fit tourner la tête vers elle. Elle se sut alors non loin d’un homme, qui ne manqua pas de la surprendre en la faisant faire instinctivement un pas en arrière. Reprenant rapidement son assurance, elle observa et écouta ses dires. L’inconnu était d’une stature fine habillé d’un kimono cyan. Il portait le nom de Segismundo Andredago se décrivant comme un enseigant chercheur. Mais se qui la concerna bien plus était qu’il était le capitaine de ce navire extraordinaire et accessoirement le dirigeant de Babel, une des guildes les plus réputée de Syren, si ce n‘était la guilde la plus grande … Rien que ça … Leah ne s’intéressait que peu des affaires des guildes mais elle savait au moins ça, même si le nom de son dirigeant lui était jusqu’à présent totalement inconnu.

*Bravo, Leah, tu as mis dans le mille. Tu viens de t’inviter sur le bateau personnel du dirigeant de Babel sans avis. Félicitation abrutie…* Enchantée et honorée, merci pour l’accueil, même si je ne le mérite pas … J’étais totalement charmée par votre navire. Vous avez là un vaisseau incroyable … et je comprends mieux pourquoi est il l‘est …

La voix de l’homme était douce et agréable aux oreilles de Leah, qui continuait a arpenter le navire près elle. Il lui demanda qui elle était, ce qui était tout a fait justifier, s’étant incruster sans son avis sur son propre navire. Sa remarque sur Kahran, la fit légèrement sourire, mais pas que cela, il avait l’air d’avoir tendance à parler, peut être même un peu trop au point de partir dans le hors sujet. Mais elle s’abstenue bien de le lui dire dans sa situation. En tout cas, pour un dirigeant, il semblait a première vu d’un homme respectable et cultiver. De mémoires, ses anciens dirigeants des disciples de Kahran étaient assez dur et invivable.

Bien sur, je préfère également me balader, d’autant plus que je meurs d’envie de visiter votre vaisseau. Mais j’en oublie de me présenter. Je m’appelle Leah Nehbes, je suis, ou du moins j’étais, une scientifique des disciples de Kahran, qui est, pour votre gouverne, le dieu de la connaissance du panthéon Karnak. Dites, ça vous dérange si l’on se dirige vers la proue du navire ? je désirais y voir la vue que l’on peut y avoir …

On pouvait bien se demander quel était l’intérêt de cette question en voyant Leah prendre le chemin inverse de Segis (je raccourcis :p). Décidément cette femme était une véritable sans gène. Alors que les doigts de son bras gauche glissaient le long de la rampe du pont, Leah s’avança en regardant tout autour d’elle, sans masquer la joie que son sourire ensoleillé n‘arrivait à dissimuler. Arriver sur la proue, le vent était bien plus intense, ses cheveux s’agitaient a son gré, au point de les avoir déjà sécher. La tête de la proue était celle d’un dragon impressionnant. A dire vrai, plus rien ne l’étonnait au sujet de ce navire, elle était prête à s’attendre à tout. Elle ferma un instant ses yeux en posant ses deux mains sur la rampe, profitant de l’air marin. Puis en les ouvrant, elle ne put s’empêcher de pousser un cri de satisfaction. Partir à l’aventure avait décidément du bon. Ce qui lui rappela la triste raison de son départ de Arkady. Se tournant après un instant, vers le capitaine du navire et ses yeux l'observant, elle reprit la conversation.

Magnifique … vous devez être fier de votre vaisseau … Alors vous quittez vous aussi les terres brulées ? Serais je trop curieuse pour vous demander votre prochaine destination ? J’ose imaginer qu’à votre statut et la situation actuelle de Syren, vous n’allez pas faire du simple tourisme …

Ce qu’elle ignorait à cet instant alors qu‘elle questionnait Segis, c’est que les cristaux de son gauntlet, situés dans sa paume et non loin de sa poitrine droite, se mirent à luire d’une nette aura bleutée.

Ah! Une jeune entreprenante. Voilà quelque chose d'agréable. Faisant prestement volte-face, je me dirige vers la proue du navire. Je réfléchis un instant à ce qu'elle m'a dit à propos de Kahran… Le dieu de la connaissance… Eh bien, voilà un saint patron qui me plait. Je me suis souvent posé des questions théologiques a propos des autres dieux. Que sont-ils exactement? Car, si leurs pouvoirs ne sont rien en comparaison de ceux du Chaos, ils semblent tout de même se manifester parfois. L'hypothèse pour moi la plus crédible est qu'ils sont d'anciens Titans, ayant échappés à l'influence de la Terre mais ne pouvant se matérialiser; ils ne peuvent donc qu'user leurs pouvoirs à distance. Ceci dit, tout ceci reste très hypothétique; je doute de toute manière que je rencontre un jour un Titan, où un dieu s'il faut les appeler ainsi. Encore que, sais-t-on jamais… Bref. Je continue de parcourir avec aisance le pont de l'Aquilon, appréciant toujours autant le vent chaud qui souffle sur mon visage. Alors que nous marchons, je continue de parler.

-Ne me parlez pas comme si j'étais un vieux débris, je suis encore jeune et fou. Enfin, déjà moins fou que l'ami que je viens de quitter, qui désire se mettre le monde entier à dos – et ce n'est pas une façon de parler, c'est à prendre au pied de la lettre. Quand à la jeunesse, même s'il est indiscret de demander son âge à une demoiselle, je n'ai guère plus d'un où deux ans de différence avec vous… Ce n'est pas tant de la fierté que je ressens pour ce vaisseau que de l'amour. Quand je l'ai récupéré, il était vraiment à l'état de débris, juste un truc bon à recycler ou presque. Simplement, je n'avais pas les tunes pour m'acheter autre chose, et c'étais une bonne occasion. De plus, il se trimballait un passé épique et une figure de proue qui est – est reste – un mystère scientifique. A la base, je souhaitais faire plein d'expérience dessus. Ce que je n'ai jamais eu le temps de faire, mais je en le regrette pas. Je l'ai entièrement retapé, d'une manière totalement novatrice puisque j'inventais au fur et à mesure. Depuis, j'ai aussi travaillé sur l'Arcadia, un autre bijou de technologie (bien que bien plus petit). Mais j'ai commencé avec celui-là, et c'est probablement avec celui-là que je finirai. Je continue de l'améliorer sans cesses, savez-vous? Dès que j'en ai le temps ou l'occasion, même si ce genre de chose se fait plus rarissime ces derniers temps.

Je parle beaucoup, c'est une chose que je dois concéder. Mais l'air chaud me détend, et j'ai besoin d'extérioriser un peu après ma discussion houleuse avec Kaïtos, qui s'est d'ailleurs terminée par un combat. Laissant mes yeux dériver vers le vide, je sens une soudaine déformation du flux de mana autours de nous. Portant mon regard sur la source de cette perturbation, je remarque que l'espèce de chose fixée sur son bras. Très, très, très intéressant. Je ne sais pas exactement ce qu'est ce truc, mais il relie activement technologie et magie. Les Karnaks ont une position très étrange vis-à-vis de la magie: d'une part, ils se refusent à prononcer la moindre incantation pour manipuler leur environnement; mais quand, par hasard, l'un d'entre eux découvre les propriétés magiques d'un objet (en particulier, l'artefact), ils n'hésitent pas à s'en servir pour générer de l'énergie pour leurs convertisseurs de nuages, leurs tanks, leurs ascenseurs, enfin de toutes leurs machines. Ce qui fait que toute leur civilisation repose sur de la magie exploitée sans être humainement manipulée (ce qui distingue la mécanique pure de la technologie).

C'est sur ce principe que c'est fondée Babel. D'un côté, les mages puissants, incapables de tourner une manivelle. D'autre part, les mécaniciens, capables d'utiliser des machines complexes alimentées par magie, mais pas foutu de réciter un sort. Et pour finir, les artistes, capables de créations magnifiques et d'un condensé de puissance incroyable, mais incapable de faire quelque chose de concret. Babel réunit les trois: un objet d'art, contenant une mécanique complexe alimentée le plus souvent par artefact et dirigée intelligemment par une batterie de sorts fixés dessus…
Je pointe le mécanisme du doigt et prend la parole.

-Ca brille, c'est magique? C'est quoi, au juste? Juste un prototype mécanique alimenté par artefact ou il y a des sorts intégrés dedans? C'est sensé faire quoi? Ca a une grande autonomie? C'est toi qui l'as conçu? Et réalisé? Tu l'as activé où il s'est déclenché via un paramètre extérieur?

Certes, ça fait beaucoup de question. Mais ce genre de truc me rend naturellement curieux, et j'ai tout de suite l'envie de voir si c'est exploitable facilement ou pas, si ça peut devenir une source de revenus ou non… Voir si je peux travailler dessus ou non. Je relève les yeux dans la direction du visage de mon interlocutrice, avide de réponse, un sourire aux lèvres…

Spoiler:

Cet homme était amusant à écouter parler, il semblait avoir mal prit la manière dont Leah s‘était adressée à lui. Pourtant, elle avait beau y réfléchir, elle ne voyait pas du tout en quoi ses propos aurait pu le choquer. Elle n’avait fait que le vouvoyez par politesse, rien de plus. Mais le plus divertissant, était toujours cette manière de parler en dérivant vers le hors sujet. Elle sourît un instant pendant qu’il blablatait et elle l’imaginait en train de se perdre lui-même dans ses propres pensées.
Leah n’y avait pas fait attention mais il était en effet probable qu’ils aient approximativement le même âge. Quant au fait qu’il disait être également un inventeur, voila qui était quelque chose de vraiment intéressant dans ces propos. Il avait ainsi, d’après ses dires, rafistolé et modernisé ce vaisseau par lui-même. Chose qu'il continuait encore à l‘améliorer même aujourd'hui. Elle regarda autour d’elle et ne put que le féliciter à la vue du travail réalisé. C’était un véritable chef d’œuvre, il fallait bien reconnaitre. Il avait bien plus d’expérience qu’elle, c’était indéniable. Leah savait qu’elle avait beaucoup perdue à rester enfermée dans cette académie limitée à Arkady. En observant, cette tête de proue dont il parlait, elle s’avoua qu’il était vrai qu’elle dégageait quelques chose mystique. Leah se laissa un instant rêvasser, s’imaginant en train de bricoler elle aussi quelques amélioration à ce vaisseau. Un doux rêve, il était vrai.
En y réfléchissant bien, elle et lui avaient pas mal de points communs. Ils avaient environ le même âge, ils étaient tous deux des inventeurs, mais aussi visiblement animés par la curiosité et la passion de la magie et de la technologie. En résumé, il faisait très bonne impression à Leah. Aussi lui ajouta elle.

J‘imagine que si le vouvoiement ne vous plais pas alors on va passer au tutoiement, moi ça me va personnellement. Donc tu es inventeur … c‘est très intéressant, car j‘en suis une moi aussi. Je n‘ai peut être pas autant de pratique mais je pense bien savoir me défendre dans ce domaine et mais j’aimerais tu dire que … Mais quoi ?!

Il était à noter que Leah était très prompte à s'énerver. Et en l'occurrence là, elle était quelque peu irritée par le regard de notre jeune capitaine, qui semblait avoir été happé par quelque chose que Leah portait, alors qu'elle lui parlait. En suivant son regard et plus explicitement son doigt, rapidement suivit d’une multitude de questions, elle en conclut bien vite qu’il était question de son prototype. En passant, un regard sur celui-ci, elle se surprit, elle-même, à le voir scintiller. Alors qu’il n’y avait la aucune raison logique à cela.

Euh, non il n‘est pas sensé réagir, du moins pas tant que je ne l’active moi-même. Pourtant, non, il est sensé être éteint . Qu‘est-ce que … attends … Peut être qu’il réagit à quelque chose …

Alors qu’elle parlait, elle comprit que cela ne pouvait pas venir d’un dysfonctionnement. En le déplaçant vers Segis, la lueur semblait s’atténuer. En se reculant, il s’illuminait à nouveau. C’était très étrange car outre des dysfonctionnement régulier, Leah n’avait encore jamais rencontrer ce genre de problèmes. En toute logique, il ne pouvait donc que réagir à quelque chose à proximité, mais à quoi, c‘était encore un mystère. Elle continua à reculer en voyant la lueur s’amplifier encore d’avantage, puis arrivant au milieu du pont, il recommença à s’atténuer à nouveau. Leah ne put s’empêcher de lâcher un délicieux petit sourire. Cela lui rappela, pendant un bref instant, le jeu auquel elle jouait avec son petit frère : chaud/froid. Un pas sur le coté, vers l’intérieur du navire et le signal diminuait de plus belle, froid. Elle se tourna alors sur sa droite face à la tête de proue les yeux concentrés sur les cristaux de sa paume attentifs à la moindre réaction. En faisant un pas en avant, elle les vit alors s’illuminer. Relevant la tête, son regard se fixa devant la tête de proue. Sans s'en rendre compte, quelques mots se mirent à sortir inconsciemment de ses lèvres :

Chaud … Alors cela vient de la … Voila qui est très intéressant …

Le vent continuait à battre fortement alors que Leah faisait quelques pas pour se retrouver juste devant la cause de cette réaction. Les cristaux s’illuminaient avec une telle effervescence qu’elle en sentit une vibration dans le bras. Avec un sourire dessiné et comme appelée par sa curiosité maladive, impatiente et ignorante du danger, elle enjamba la rambarde du pont pour se glisser en chevauchant la tête de proue en tête de dragon. Elle y tendit le bras et la réaction ne fit qu’affirmer ses suppositions. En plus des vibrations amplifiées, la batterie de son appareil commençait à chauffer, ce qui n’engageait rien de bon à continuer jusqu’au bout. Aussi elle se retourna. L’image de Leah chevauchant la tête de dragon avec le vent faisant danser ses cheveux ainsi que ses vêtements pouvait être particulièrement divertissante, mais elle s'était rendue compte, que la situation pouvait devenir assez dangereuse.
Elle tenta avec tant de bien que de mal à parler à Segis qui était derrière elle. Mais le vent était trop fort et ses paroles étaient inutiles car étouffées par le vent. Ainsi décida-t-elle de faire demi tour maintenant qu’elle s’était assurée de la cause du problème. Mais en revenant tout en se glissant à nouveau en arrière vers la rampe du navire, son appareil tremblait de manière si vive qu’elle l'handicapait. Puis, un coup de vent violent s’abattit soudainement, bousculant Leah de plein fouet . Pendant un instant, elle sentit son corps comme emporté par le vent. Une sensation qu'elle n‘avait encore jamais eu l‘occasion de ressentir, comme si une main gigantesque l‘avait saisie. Totalement surprise et prise au dépourvue, elle ne manqua pas de perdre l’équilibre et commença à être emportée par le vide qui séparait Leah de la mer, Son regard croisa celui de Segis, un regard empli d’une peur soudaine.

Manifestement, elle n'est à rien à faire de mes questions. Soit. Du moment qu'elle expérimente pour moi, ça marche. On note tout les deux que plus elle se rapproche de la figure de proue, plus la luminosité augmente, et que plus elle s'en éloigne, plus elle décroît. Conclusion logique de sa part, montons sur la figure de proue. J'avoue qu'il faut lui concéder une chose: elle n'a pas froid aux yeux. Bref. La voir ainsi me remémore une gravure antique; l'un des derniers témoignages concret des Seigneurs Dragons. Emplissant un mur entier de l'un des couloirs du Temple du Savoir, la gravure représentait le dernier des Seigneurs Dragons, Amandeus. Sur près de dix mètres de longueur, la seule chose qu'on remarquait d'abord étais le dragon noir et la gerbe de flamme qui jaillissaient de sa gueule. Le genre de créature mythique pour lesquelles le mot titanesque semble avoir été inventé. Sont corps de jais et ses immenses ailes emplissait l'intégralité de notre champ de vision. Il remplissait tout l'espace; et à le voir on pouvait croire sans peine les contes pour enfants qui racontent que les Seigneurs Dragons étaient les maîtres du monde. Sur son dos, une silhouette, minuscule et pourtant exquise de détails: Amandeus, son épée de légende brandie vers le ciel. Cette silhouette, ridiculement petite en comparaison du dragon qu'il chevauchait, étais comme un éclair de lumière dans un océan d'obscurité. Plus encore que le Dragon, c'étais son cavalier qui était effrayant. C'est cette vision qui c'est imposée dans mon esprit, voyant cette jeune femme, crinière de feu au vent, sur la figure de proue.

Je commence à parler, mais le vent emporte mes paroles. Peine perdue. Eh bien, nous n'avons qu'à attendre qu'elle daigne rejoindre le navire. Il est considéré comme passablement impoli d'ouvrir un contact télépathique en dehors des cas d'urgence, et il ne me semble pas que ce soit particulièrement un cas d'urgence. Semblant rassembler ses esprits, elle se retourne et commence à faire marche arrière, dans ma direction. Elle me crie quelque chose, mais le vent absorbe ses paroles. Cependant, alors qu'elle fait marche arrière vers le pont, je remarque que les tremblements l'appareil équipé sur son bras s'accentuent. Un instant plus tard, une bourrasque de vent la déséquilibre, et elle comme emporter par le vent. Un sentiment de découragement me saisit tandis que la chute semble inéluctable. Pourquoi faut-il toujours que mes rencontres se terminent soit par un combat, soit par une chute mortelle? Son regard croise le mien durant un instant qui semble s'allonger à l'infini. Puis, avec un soupir de lassitude, je détourne le regard… et concentre mon énergie pour la téléporter sur le pont.

-Eh bien, eh bien, que de péripéties. Cela me rappelle un homme que j'ai battu, un pirate de l'air. Il avait l'habitude de larguer ses conquêtes… Au sens littéral du terme, en plein océan Céleste. Enfin, il était de toute manière faible, et maintenant je crois que souvenir qu'il est derrière les barreaux… Cela dit, la prochaine fois, essaye de ne pas risquer de chuter jusqu'à l'infini. On raconte que c'est parmi toutes les morts, la plus horrible. Alors que l'altitude devient de plus en plus négative, l'air se raréfie, et l'oxygène vient à manquer. On meurt alors étouffé, mais progressivement, de manière à pouvoir apprécier toute une horrible agonie. Après quoi le cadavre continue de chuter jusqu'à la Terre… Mais cela relève plus du domaine théologique, passé la mort.

Oui, je fais partie des aventuriers qui ont étés assez stupide pour tenter de descendre le plus bas possible dans un navire céleste, histoire de rencontrer la Terre. Non seulement l'air se raréfie au fur et à mesure de la descente, mais qui plus est, le soleil disparaissant progressivement, la température s'abaisse drastiquement. Nous avons été obligés de remonter sans pouvoir descendre bien profond… Mais je ne désespère pas. Peut-être un jour les techniques nous permettrons d'aborder ces abysses insondables que sont les profondeurs de l'océan céleste… Pour peut-être y retrouver des créatures de légendes comme les Sidhes ou autre. Bref. Dans tout les cas, se lâcher sans protection dans l'océan céleste est l'un des choses nettement déconseillée si l'on tient à la vie. Et même si l'on n'y tien pas, il existe des moyens plus agréables de trouver la mort... Je me retourne vers notre jeune amie, avide d'en savoir un peu plus sur ce qu'elle a appris.

-Ne nous laissons pas abattre par un incident ce cet acabit. Tu as pu découvrir pourquoi exactement ton gauntlet réagissait en présence de la figure de proue, où tu t'es tapée des acrobaties pour le plaisir d'avoir le vent dans les cheveux? Si tu recherche de quoi faire des examens plus poussés, je dispose d'un laboratoire sur ce vaisseaux ou nous pouvons nous enfermer pour regarde ça de plus près; sinon… Oh, shit!

A peine ai-je prononcé cette insulte en ancien Argonate que le Vancouver commence, doucement, mais sûrement, à s'écarter de l'Aquilon, reprenant sa route. Et, si je ne m'abuse, c'est sur ce navire que Leah se trouvais… En somme, un petit problème pour elle. Réfléchissant, je calcule que si elle part maintenant, elle peut le rattraper avant qu'il ne soit hors de portée. En revanche, si elle attend quelques minutes de plus, il y a fort à parier que le navire sera hors de portée…

-Je crois que ton navire est en train de se tirer. Si tu souhaite que je te téléporte dessus, pendant qu'il est encore à porté, dis-le. Sinon, on se ferait un plaisir de t'accueillir sur l'Aquilon… On est toujours à la recherche de scientifiques compétents. De plus, j'ai pu remarquer que tu semble posséder quelque lacune au niveau de la magie… Peut-être faudrait-il que tu en apprennes un peu plus avant de continuer ta route, non? D'autre part, j'ai bien envie d'effectuer toute une batterie de test sur le truc qui est fixé sur ton bras…

Ces mots prononcés, je plonge la main dans ma poche et saisit deux oranges, lui en proposant une et commençant à décortiquer l'autre.

Spoiler:

Alors que Leah regardait le capitaine qui tendait son bras pour une raison inconnue, elle se retrouva, elle ne savait comment sur le coup, à nouveau sur le pont dans un choc assez violent. Ce qui ne lui manqua pas évidemment de lui faire lâcher un audible gémissement de douleur. Allongée sur le coté en se tenant les côtes, elle se mit sur le dos et y vît le fameux capitaine. Elle n’était pas morte, sa voix retentissait dans ses oreilles, c’était déjà ça. Il semblait d’ailleurs lui parler, mais elle était encore sonnée. Le soleil tapait fort et elle ne mit que peu de temps avant de réaliser ce qu’il c’était vraiment passé, comme un film qui repassait dans sa tête. Il venait de simplement lui sauver la vie. Mais après un infime silence de réalisation, elle se mit à rire, le coupant probablement dans ses propos. Un rire incontrôlable et franc. Ce qu’elle avait ressentie pendant ce bref instant était bien plus fort que tout ce qu’elle avait connu jusqu’à ce maintenant, au delà même de l’amour. Ce fut si intense, qu’elle désirait presque le revivre une nouvelle fois. Comme une enfant ayant fait pour la première du toboggan, la peur était partie et il ne restait que l‘excitation du moment. Elle tenta de se relever les larmes aux yeux, titubant encore sous le choc en s’appuyant sur Segis. Elle s’essuya les larmes qui venaient de couler, puis elle le regarda avec un de ses plus grands sourires. Était ce le choc ? Surement, en tout cas même si ce moment avait été dangereux, pour ne pas dire mortel, elle l’avait apprécié. Etait elle folle ? Ça c’était peut être déjà le cas, il fallait déjà bien l‘être pour se risquer à chevaucher une tête de proue avec un vent pareil !

Pardon, pardon … mais c’était si … Waouuuh ! Merci … je te dois une fière chandelle.

Segis semblant assez détaché, se contenta de la questionner au sujet de ce qu’elle avait pu apprendre sur cette tête de proue. Pour ce qui concernait son commentaire amusant, il était vrai qu’elle avait plutôt apprécié d’avoir été positionner ainsi les cheveux dans le vent, mais là n’était pas le but premier. Elle recula d’un pas et libera Segis de sa main, la ramenant à ses lèvres pour s’éclaircir la gorge un instant et reprendre un peu de sérieux.
Mais suite au juron du capitaine que la rouquine n’avait encore jamais entendue, il l’avertit que son bateau était entrain de partir. Surement le capitaine du Vancouver, n’avait pas remarqué son absence, car il ne serait jamais partie sans sa nouvelle mécanicienne. Sans perdre de temps Leah se mit alors à courir vers le bord de l’Aquilon et se pencha pour confirmer de ses yeux que le navire par lequel elle était venue s’éloignait a grande vitesse. Comme il le disait, soit elle partait maintenant pour le rattraper soit elle restait ici. Segis lui proposa alors de faire un choix. Il semblait à la recherche de nouveaux chercheurs. En y réfléchissant, elle venait de finir les réparations du Vancouver, aussi pouvait elle partir l‘esprit tranquille de ce coté là. Et il fallait reconnaitre que l’aventure a bord de l'Aquilon était bien plus tente et passionnante.

Très bien … j’accepte volontiers ta proposition de me joindre à l’équipage. Ce n’était pas par gaieté de cœur que je voyageais sur ce rafiot pourri, je dois bien l’avouer. En fait, j’en serais ravie, si ce que tu me dis est vrai, alors il a beaucoup à faire ici. Cependant …

Légèrement irritée par les remarques du capitaine sur ses lacunes et sa soi-disant magie, elle fronça légèrement les sourcils et en utilisant la télékinésie que lui offrait son gantelet, elle attrapa avec rapidité l’orange qu’il venait de lui proposer . Elle ne mit que peu de temps, avant de couper l’orange de la même manière et d’en envoyer un morceau dans sa bouche. Ce qui ne l’empêcha pas d’ajouter la bouche encore pleine.

Je me débrouillerai très bien avec mes « lacunes », merci ! Et ce « truc » comme tu l’appelles c’est MON bébé et je ne laisserai personne y toucher sans mon accord, suis je assez clair ?!

La jeune femme était bien une Karnak, fière, têtue et insoumise. Elle était aussi persuadée qu’elle arriverait a quelque chose en suivant la voie technologique des Karnaks. Peut être la sagesse de ne pas se fermer à la voie de la magie la touchera un jour. Mais pour l’heure d’aujourd’hui, elle était bien décidée à explorer ce vaste domaine qu’était la technologie pure des artefacts. Puis après un bref instant, elle se contenue, pour voir ses traits du visage s’éclaircir et ajouter de manière plus posée et diplomate.

Par contre je veux bien en discuter et en montrer son fonctionnement, si cela peu étayer ta curiosité. Mais pour revenir à ce qu’il s’était passé tout à l’heure, je suis sur que cela va t’intéresser : il y a bien un lien entre ce gantelet et la tête de dragon, c’est indéniable. Quand au quel ? j’ai peut être une petite idée la dessus, mais ça reste a vérifier. En fait, pour être plus explicite, le fonctionnement du gantelet est basé sur un minerai que j’ai raffiné. Celui-ci présentait la capacité de canalisé la mana autour de lui. En l’appliquant à ce mécanisme, il permet de récolter le mana environnant en énergie, et ce sans nécessité de concentration … Peut être y a-t-il un lien entre ce minerai modifié et la matière dont est composé cette tête de proue …

En discutant, sa colère soudaine venait de se dissiper et elle pensait déjà à tout ce qu’elle pourrait faire ici. Il y avait cette fameuse tête de proue qui avait faillit avoir sa peau, l’Aquilon dont elle n‘avait encore pu explorer ou découvrir son fonctionnement, l’équipage qui était surement tout aussi intéressant, mais aussi ce cher Segis qui, il fallait le reconnaitre, était également un sujet assez passionnant … en plus si il disait qu'il y avait un laboratoire a l'intérieur ... qu'espérer de plus ?

Une femme de caractère, à ne pas en douter. Elle s'entendrait à merveille avec Kaïtos. Ou plutôt s'engueulerait à merveille avec Kaïtos, m'est avis; mais le tout sur un ton bon enfant. Bref… Pour ma part, je suis plutôt quelqu'un de conciliant; on devrait donc arriver à se supporter sans trop de problème. Surtout qu'elle a abandonné son navire sans regret ni remord pour l'Aquilon. Excellent choix que j'apprécie d'autant plus que c'est mon navire. Et d'autant plus qu'elle a enfin utilisé son gantelet. Apparemment, un outil de manipulation. Intéressant, très intéressant. Cela semble une alternative pratique pour équiper les labos de hautes sécurités de Babel pour les chercheurs les moins doués en magie. Pour l'instant, la manipulation d'expériences dangereuse se faisant dans une chambre hermétiquement close, avec une suite via sort de détection, et un mage désigné spécifiquement pour faire léviter le matériel. Autant dire que ce n'est pas du plus pratique. Ceci dit, je suis sur qu'avec ce genre de gantelet, adapté plusieurs fois bien entendu, il est possible d'améliorer grandement nos installations. Un point à creuser.

Bref, dans tout les cas, il est intéressant de voir ce que l'on peut faire avec de la mécanique et un artefact comme source de technologie. Il n'y a pas à sourciller, la jeune femme est talentueuse. Je pense même qu'elle pourrait être un bon élément à recruter… A voir. J'aimerai en discuter un peu plus en avant avec elle. Pour l'instant, elle semble plutôt réticente à l'idée de lier magie et mécanique, mais il ne fait aucun doute qu'elle est ouverte d'esprit; il est donc possible de la raisonner et de l'amener à voir tout les avantages que cela procure. De plus, sa maîtrise du gantelet semble être élevée, à voir la dextérité avec laquelle elle a pelée l'orange… Finissant d'éplucher la mienne à l'ancienne, je glisse un quartier dans ma bouche. J'adore la sensation d'acidité et de fraîcheur que possède ce fruit… Malgré la difficulté qu'il y a à l'éplucher et à le manger sans s'en mettre partout. Je crois même que c'est l'une des sensations que je préfère, avec l'afflux de mana dans mes veines, qui restent bien entendu le plus grand stimulant possible.

-Cette tête de dragon, comme tu dis, est plus précisément une tête de Bahamut. Et nul ne sais en quelle matière elle est faite, il va donc être difficile de mener des expériences là-dessus… Quand à ce minerai… Vous pourriez peut-être m'en dire un peu plus? Pour canaliser et acheminer l'énergie que nous tirons de l'artefact, nous utilisons pour la plus grande partie des installations du cuivre, qui est capable de conduire dans une moindre mesure l'énergie. Le problème et que la circulation n'est possible qu'en présence de sorts magiques le long du cuivre et que le métal est détruit assez rapidement. Pour le squelette du complexe babélien, nous n'avons pas ce problème: l'artefact est acheminé mécanique jusqu'à l'endroit où il doit être exploité via un réseau de canalisation. Très récemment, et il s'agit encore d'un problème à l'étude, nous pensons pouvoir utiliser un réseau cristallin d'Artefact condensé qui semble très bien conduire l'énergie, sans subir de détérioration. Mais ce réseau est encore extrêmement instable, donc les recherches continuent dans cette direction… Si votre minerai pourrait être une solution, nous serions ravis de l'étudier de plus près.

Plus Babel se développe, plus elle nécessite d'Artefact. Cela fait revenir mes pensées à la mine d'Artefact du Lac de Sérénité. Il faut qu'on l'obtienne. Certes, la mine d'artefact que Mehyt et Jake se sont approprié au nom de Babel produit actuellement suffisamment de manière première pour nous fournir en Artefact, mais pour combien de temps encore? Même si la veine est profonde, le filon est mince… Et nos besoins vont en croissant.

Désormais, le complexe babélien s'étendant sur six segments majeurs se divisant chacun en plusieurs étages, nous avons commencé à mettre en place un système d'élévateurs mécaniques fonctionnant grâce à un sort de lévitation alimenté par Artefact et commandes Peashpeh. En somme, quelque chose de rapide mais complexe. Et qui va encore nous bouffer plus d'Artefact… Toute la défense est alimentée via artefact; les sorts de surveillance longues distances; tous nos labos, ce qui inclut champ de protection, sorts de surveillance, sort d'enregistrement et de mesure multiples, plus bien sur tout l'artefact qui est consommé chaque seconde. Notre flotte, bien que réduite, et nos chantiers navals, consomment eux aussi une masse d'Artefact considérable. Sans parler des chaînes de montages des convertisseurs de nuages, et des usines de productions de vieumaurs à la chaîne, procédé avec un lourd tribut… Tout l'Artefact de la mine part dans le complexe babélien, mais j'ai peur que bientôt ça ne suffise plus…

-J'ai cru t'entendre dire que tu étais scientifique toi aussi, si je ne m'abuse… Au vu de ce gantelet, je dirais spécialisée dans la mécanique et l'exploitation des ressources en Artefact. Avec un peu de physique et de chimie, bien sur, pour pouvoir étudier les propriétés d'un minerai… Tu accepterais de m'en parler un peu plus en détails? Comment as-tu appris le métier, si ça fait longtemps que tu fais ça… Vois-tu, Babel est certes une corporation marchande, militaire et politique mais à la base elle s'est constituée sur un principe de recherche, à la fois pharmaceutique et médical, mais aussi mécanique, dans l'armement, et aussi, aussi étrange que ça puisse paraître, ethnologique et historique…

Je repense au trio fondateur de Babel. Sam, Laia (paix à son âme), et moi. Le projet a grandi si vite… Les locaux de base se sont transformés en usines, les usines en immeubles, puis les immeubles fusionnants pour créer la Tour de Babel… La tour de Babel dont la base s'élargit plus chaque jour, et dont la cime est plus haute que jamais… Sam médecin, spécialisé en biomagie, moi en Peashpeh et Laia traqueuse céleste, notre bras armé qui nous défendait et procurait des spécimens sur lesquels travailler… Une bonne équipe, soudée, puissante. Ce n'est pas un hasard si Babel s'est élevée si haut aujourd'hui. Tout en respectant des valeurs humaines et surtout en veillant à cultiver son image, Babel et aujourd'hui non seulement une corporation majeure, mais aussi appréciée de la population… Ce qui n'est pas le cas de toutes les guildes, en particuliers celles pécuniaires ou celles d'assassins…

-Mais… Je remarque que j'ai agis comme un mufle en ignorant ta première question. Oui, on ne repart pas pour faire du tourisme… On se dirige droit sur l'Empire de Solaris, la zone la plus troublée du monde. Un immense gisement miner a été découvert, et on veut être dans le coup. Pour cette fois, on s'est allié à la Coalition. On cherche à faire tomber la tête de Duncan…

Eh voilà, si je voulais un sondage sur ses opinions politiques, je n'aurais pas pu m'y prendre autrement. Surtout qu'étant Karnak, elle doit se retrouver pas mal impliquée dans la guerre: la mort du pharaon qui avait du bien sûr la toucher, et peut-être avait-elle un père, un frère, un cousin ou un ami sur le front. Sujet sensible, en somme…

Spoiler:

Alors que Leah avait accepté la proposition du capitaine, son regard scrutait le bateau du Vancouver qui s'éloignait au loin. Il était minuscule d'ici et son cœur battait a l'idée des découvertes qu'elle allait pouvoir faire. C'était comme le début d'un rêve, la même sensation l'étreignait comme lorsqu'elle avait rejoint les disciples de Kahran, si ce n'était que là, le potentiel était bien plus prometteur. Et trouver quelque chose sur ce matériau inconnu dont cette tête de proue était composée, était un défi qu‘elle relèverait bien volontiers. Longeant une nouvelle fois le pont, mais cette fois ci, dans l’autre sens, en direction de le poupe. Leah commença à lever le pas, désireuse d‘en savoir plus de ce vaisseau. Suivit de près par le capitaine qui ne la perdait pas, celui-ci commença à lui expliquer la situation de Babel sur le plan technologique, notamment dans le domaine du transport d‘énergie. L’empire Karnak avait fait de grands progrès dans ce domaine car l’acheminement de l’énergie était vital au bon fonctionnement de toute leurs installations mécaniques dont-ils faisaient usage. Si le cuivre était le conducteur principal, ils l‘isolaient. L’or était bien plus conducteur et avait la grande qualité de ne pas se détériorer, mais évidemment ce matériau était rare et cher, ainsi était il mêlé au cuivre afin d’avoir des installations rentables dans un bon compromis. Babel songeait a utiliser le cristal comme conducteur, pas du tout une mauvaise idée vu que l’artefact prenait forme physique naturellement dans du cristal justement. Cependant le processus du cristal était surement long et onéreux. Surement non viable à grande échelle.
Léa expliqua plus en détail la nature du minerai.

En fait, j’avais étudié la nature même de la formation des cristaux d’artefact. La concentration de cette forme physique du mana était forcement du a quelque chose j’en étais persuadé. Bien que le processus naturel était long, il y avait une raison a cette agglomération locale. En fait, ce minerai est présent dans tous les gisements, cependant sa quantité est si infime qu’il n’est qu’un composé des roches environnantes. Une trouvaille intéressante, mais guère utilisable, étant donner que la formation de l’artefact prend surement des années, des siècles voir même plus. En somme, on le sait déjà, ce n’est pas une ressource renouvelable.

Leah sortit de l’une de ses poches situées autour de son ceinturon, un extrait du fameux minerai dont elle parlait. Celui ci prenait la forme d’une roche bleu-noir tenant dans un poing fermé, la couleur était d’ailleurs très proche de celui de la matière qui composait la tête de proue.

Voici, ce que j’ai réussi à récolté jusqu’à maintenant en décortiquant les roches d’une ancienne mine d’artefact. C’est peu et son extraction est fastidieuse. En faisant quelques recherches chimiques, j’ai cherché à reproduire la cristallisation de l’artefact. Echec total, la formation du cristal est lent, je ne suis arrivé au mieux qu’à des émanations. Mais l’intérêt était d’en récolté l’énergie et non un cristal, qui n’est au final qu’un contenant. Après d'incalculables recherches acharnées, j’ai réussi à accélérer le processus, cependant le procédé est instable est le matériau créer à base d’autres alliages tend à fondre car il chauffe très vite en réaction avec le mana environnant. En l’isolant et en le refroidissant, j’en ai contrôlé sa détérioration. En fait mieux que conduire, il draine le mana.

Léa n’avait pas expliqué en détail la manière dont elle avait procédé mais elle lui avait expliqué les points clés de sa trouvaille.

Quant à moi, et bien, je suis la fille d’un chercheur Karnak, un membre éminent des disciples de Kahran ainsi que d’une marchande Vedan. J’ai longuement étudié à l’académie d’Arkady la technologie Karnak, pour finalement rejoindre les disciples de Kahran auprès de mon père. Bien sur mes recherches m’ont tourné vers la physique, la chimie et l’utilisation technologique de l'artefact, mais là ne sont pas mes seules compétences, je suis également une excellente mécanicienne et métallurgiste, sans compter l'éléctronique. L’apprentissage de la magie était proscrite à l’académie, aussi je n’ai pas eu l’occasion d’en apprendre d’avantage. Pour être franche, sur ma situation, je n’ai pas de parti pris, même si je suis Karnak, je suis une scientifique avant tout. Même si l’empire Karnak s’écroulait, je sais pertinemment que mon père ne risquerait rien. Les scientifiques sont bien trop précieux aux yeux de tous et je le connais suffisamment intelligent pour ne pas risquer sa vie … Quant à ma mère et mon frère, c’est la raison de mon départ … je n’ai plus de nouvelles d’eux depuis des mois et cela m’inquiète …

Son esprit était ailleurs et son anxiété était parfaitement lisible sur son visage. Elle soupira un instant, en repensant au sujet du minerai. En effet, si sa trouvaille se trouvait importante, elle était aussi dangereuse et double tranchant. En y réfléchissant, elle pouvait potentiellement même menacer la terre entière si une exploitation à grande échelle venait a en être faite. Aussi elle préférait lui en parler avant d’aller plus loin dans ses recherches. Elle avait besoin de se confier, elle avait gardé cela pour elle depuis bien trop longtemps. Entre sa famille sans nouvelle et cette pression sur ses épaules, elle en avait besoin

Mais, pour revenir sur notre sujet, comprends moi bien, j’ai fais cette découvert il y a plusieurs mois, cependant je n’en ai pas encore informé, les disciples de Kahran, car j’ai des craintes à ce sujet. J’imagine que tu vois tout de suite de quoi je parle. Outre la complexité de création même si rentabilisé, le danger que représente l’utilisation de ce procédé est une menace même pour Syren. Si a grande échelle, elle permettrait de mettre fin aux principaux conflits en rendant l’énergie renouvelable et quasi inépuisable, elle ne fait que drainer le mana environnant. J’imagine très bien qu’en en implantant partout, on en menace même l’existence du mana. La croissance démographique demanderait d’avantage d’énergie, entrainant forcement un affaiblissement drastique du mana. Le pire des scénarios serait probablement, de voir la magie disparaitre, sans même imaginer les répercutions sur l’environnement dans sa globalité. La solution serait d’en faire une utilisation modérée, mais nous savons tous deux, que la modération n’est pas une qualité de l’homme … Je ne suis pas idéaliste, je suis une scientifique, je me contente que de peser le pour et le contre et dans ce cas les deux se confondent …

La question que Leah mettait en avant était la suivante, n’avait elle pas dans sa main la clé de la boite de pandore ? Que valait il mieux faire de cette trouvaille qui pouvait potentiellement changer le visage du monde actuel ? L’exploitée ? l’abandonnée ? En être le gardien ? Un choix qu’elle n’était pas en mesure de prendre, ou du moins pas toute seule. Cela dépassait de loin son propre point de vu. Mais peut être était il préférable de taire cette voie. En tout cas c’était la première fois que Leah, parlait de ce qu’elle avait découvert, pas même à son propre père. En tant que chef de Babel, qu’elle connaissait de réputation et de la discussion qu’il eut de lui, elle s’était confiée à lui. Surement aurait il la sagesse de l’aider à choisir. Peut être était ce une erreur d’en parler, mais elle se demandait qui aurait été plus a même de la comprendre.

Je l'écoutais parler, hochant la tête à intervalle régulier pour lui signifier mon attention. Son exposé est bien fait. Clair, précis, bien synthétique sans être trop concis. Etudier l'Artefact a toujours été une des priorités de Babel. Il semble qu'elle aussi ait perçu l'importance cruciale et l'avantage que confère une étude de cette matière. Elle aborde des points cruciaux qui pourraient être le futur de Babel. Si c'est vraiment ce minerai qui permet au mana de se cristalliser en artefact, découvrir par quel procédé cela se produit – et l'exploiter plus tard – est un enjeu majeur. Comme elle l'a très bien dit, l'artefact peut être assimilé à un minéral comme le charbon: bien qu'il se reconstitue extrêmement lentement, il ne peut pas être considéré comme renouvelable. Et à l'en croire, c'est également le cas de ce nouveau minerai.

Alors qu'une idée commence à peine à prendre forme dans mon esprit, elle l'aborde déjà: la synthèse artificielle d'artefact. Elle est elle-même catégorique sur le sujet: échec total. Cependant… Je me demande si la voie ne serait pas à creuser. Comme des bulles de savons, des idées commencent à éclore de mon esprit. Et tout comme des bulles de savons, elles sont encore trop fragiles pour être saisies; on pressent cependant toute la beauté qu'elles pourraient dégager si elles se concrétisaient. Elle embraye, continuant de parler, sur l'usage qu'elle avait trouvé au minerai suite à cette découverte. Drainer le mana présent dans l'air. Là encore, l'idée est intéressante et à creuser. Cela permettrait aux appareils fonctionnant à Artefact de se recharger au fur et à mesure, voir même de plus en plus rapidement.

Elle aborde alors son parcours personnel. Incontestablement, un élément brillant. Des connaissances dans diverse domaines, un esprit encore relativement ouvert. Une bonne perception des choses. Il nous la faut, c'est un point dont je suis à peu près sûr. Pour le reste… Laissons-nous le temps d'y penser. Elle semble confiante au sujet de son père. Je garde le silence pour ne pas la décourager, mais l'image de mon ami Laave-Hoisiez se forme dans mon esprit. Je n'ai eu l'occasion de discuter avec lui que deux fois, mais pour moi il était sans conteste l'un des meilleurs scientifiques de notre génération. Sa tête est tombée quand Duncan est arrivé au pouvoir. Sans parler de l’Elu de Sapientum, incontestablement le meilleur mage de l'époque contemporaine, pendu sur la place publique par le Tyran. Ce n'est pas un hasard si Babel soutient la résistance contre Duncan… Même si celle-ci semble bien engagée, nous ne sommes jamais à l'abri. Je me garde cependant de le faire remarquer; il ne servirait à rien de l'inquiéter en lui racontant des évènements auxquels nous ne pouvons rien…

S'ensuit son discours sur la protection de l'environnement du mana. Ici, plusieurs points me mettent mal à l'aise. Dans un premier temps, je suis en désaccord avec elle sur le point de la paix: dans un premier temps, si nous développons cette technologie, elle restera extrêmement coûteuse; de ce fait, seuls le plus riches – tout du moins dans un premier temps – et de plus, je doute que les hommes arrêtent de se faire la guerre pour ça. Les hommes comme Duncan ou Calypso sont orgueilleux; ils veulent le sang, le pouvoir, les conquêtes, et ne vivent que par et pour ça. S'ils envahissent et pillent, ce n'est pas par besoin mais par envie… Quand aux causes écologiques, il est clair qu'il faut faire attention; nous ne souhaitons pas précipiter la fin du monde.

-Je suppose que tu en as tout de même conscience, mais ce nouveau minerai est une découverte colossale. Puisqu'il me semble que c'en est toi l'instigatrice, il me semble que ce serait logique que ce soit toi qui le nomme; affin de pouvoir l'étudier correctement, il faut pouvoir le nommer… Ecoute. J'ai suivit ton exposé de bout en bout et je le trouve passablement magistral. Que dirais-tu d'intégrer Babel pour pouvoir continuer tes recherches à ta guise? Tu disposerais de matériels, de moyens, de laboratoires, d'assistants, et surtout de ce qui t'as fait défaut jusque-là: de mages… De quoi poursuivre et pousser encore plus loin ces recherches.

Finissant de manger mon orange, je précipite les fragments de peau par-dessus la rambarde, et je crée une légère sphère d'eau dans laquelle je rince mes doigts encore poisseux, avant de la précipiter elle aussi par-dessus bord. Une grosse goute d'eau qui, je l'espère, surprendra un pirate céleste en plein vol… Ou pas. Bref.

-Rassure-toi, tu ne t'adresse pas à un inconscient. Segismundo se tourne et désigne d'un ample mouvement de bras les Terres Karnaks qui se profilent à l'horizon, puis le bateau, puis enfin lui-même. Ce n'est même pas une question de la disparition de mana ou quelque chose de ce genre… Tu vois tout ça? Les Terres Brûlées. L'Aquilon. Moi-même. Tout ce que tu vois ne tiens debout que grâce à une chose, l'artefact qui le soutient. Mon corps est dépendant de ce truc. Le vaisseau s'écraserait sans conteste sans Artefact. Même principe pour cette étendue de Terre là-bas. Si l'Artefact disparaît, tout ceci disparaît avec lui. La fin de toute terre, de toute civilisation…

Je laisse un instant ma voix retomber pour créer un sorte d'effet dramatique, puis, un sourire malicieux se formant sur mes lèvres, continue sur un ton plus léger.

-Cependant, ça, on s'en fout un peu. C'est surtout que c'est l'Artefact et le mana le premier business de Babel. Qui serait fout au point de mordre la main qui le nourrit? De tuer sa poule aux œufs d'ors en la poussant à la ponte en batterie? Nous sommes une joyeuse bande de fous, mais pas à ce point-là. Soit certain qu'on a tout intérêt à agir avec précaution pour préserver le mana et l'artefact: sans ça, nous ne sommes rien…

Spoiler:

Dire que cette découverte était colossale, c’était un euphémisme, en fait. La possibilité de produire de l’énergie de manière sans contrainte de mobilité, comme en était la base de son prototype, permettait de concevoir des applications quasi-illimités, et ce, dans tous les domaines existants. Un nom à ce minerai ? elle en avait donner un, bien entendu, a titre officieux. Celui de « Manium » , pour la raison évidente de sa capacité à cristalliser le mana environnant. Mais bien plus que cela, toutes les propriétés du minerai étaient encore inconnus, des vertus qui ouvriraient encore d‘autres branches possibles, cela elle en était persuadée. Il y avait tant à faire, qu’elle ne savait que trop par où commencer mais elle était prête à percer tous ses secrets quoi qu’il arrive, que cela prenne un an, trois ans ou toute sa vie.
A sa proposition de travailler pour le compte de Babel, la plus grande guilde scientifique, en tant que directrice de ces recherches, était un honneur incommensurable pour elle. Une telle proposition, fit naitre une visible rougeur sur ses joues, marquant d’autant plus ses taches de rousseurs. Elle pourrait faire tout ce qu’elle désire étudier et ce presque sans limite. Elle savait que cela était bien plus intéressant que ce que le gouvernement Karnak pourrait lui proposer. Elle se contenait pour ne pas lui sauter au cou.

Un nom à ce minerai … oui je lui avait donné le nom de « Manium » , pour la raison évidente que tu dois parfaitement imaginer. Leah sourira d‘un coup. A moins, de jouer les scientifiques egocentriques et de lui donner le même non que le mien, comme le Nehbium ou le Nehbesium. Elle ne put s’empêcher de lacher un rire, agréable et franc, à cette idée qui lui était venue à l’instant. Plus sérieusement, le nom de Manium me semble pas mal. Bien entendu, cette découverte pourrait presque dépasser l’entendement humain. Au point d’en avoir, et tu ne m’en retireras pas de l’idée, la possibilité de menacer l’humanité. Tu dis que l’on ne serait pas assez fous pour mordre la main qui nous nourrit ? Alors que dire de l’histoire des Argonates, qui se seraient volontiers autodétruits pousser par leur avidité, si les Zephyrs n‘étaient pas intervenus. Ou encore les Sydhes, ce n’est que pure spéculation, mais peut être sont-ils allés trop loin dans leurs soifs connaissances, au point d’avoir appliquer quelque chose qui les dépassaient. Je préfère personnellement garder à l’esprit ce danger, plutôt que de le dénigrer de la sorte.

Il fallait plus pour faire changer d’avis Leah, une vrai tête de mule. Ses arguments étaient cependant assez tranchants, l’un, un fait, l’autre, une possibilité. Leah pencha sa tête sur le coté le regard sur ce personnage important de Babel. Mâchouillant les derniers morceaux de l’orange et le regard songeur un instant, ses grands yeux verts se perdirent sur Segis, mais sans vraiment le regarder comme perdue dans ses pensées. Puis, après avoir engloutie sa bouchée en se léchant les lèvres, elle ajouta.

Mais je suis heureuse que tu comprennes mes propos et mes craintes. Tu es toi-même conscient du danger, aussi je pense répondre positivement à ta proposition de rejoindre Babel avec un certain intérêt, je dois bien l’avouer. J’en serais honorée même. Mais seulement, à deux conditions qui sont toutes deux non négociables : La première est celle d’avoir tous droits concernant les recherches de ce minerai et ses évolutions futurs, même les stopper si il le faut. Choses que j’ose ne pas espérer, mais je ne veux pas être l’initiatrice d’une mauvaise application de ces recherches ou encore moins d’un génocide … La deuxième est plus personnelle. J’aimerais retrouver les traces de deux membres de ma famille, c’est la raison même de mon départ : Celle de ma mère et de mon frère. Ma mère est une marchande Vedan de bonne renommée, peut être suffisante, pour que tu es déjà entendu son nom à plusieurs reprises. Celui de Rosa Montana. Cela va faire des mois que je n’ai eu de leurs nouvelles et ce n’est pas dans leur habitude de rester sans nouvelle aussi longtemps. Il s’est forcement passé quelque chose … je n’ai malheureusement que peu d’informations les concernant, j’allais aller à Aphelion pour y entamer mes recherches et peut être pourriez vous m’y aider …

Leah, jeune femme de caractère, était assez culottée pour imposer ses conditions, surtout à une personne d’un aussi haut statut que celui de Segis, même si elles étaient justifiées. Elle était suffisamment intelligente et pour le moment la mieux placée, pour y voir l'étendue de sa trouvaille. Mais, alors qu'elle parlait de sa deuxième condition, son sourire s'était dissipé et l’inquiétude hantait son regard ainsi que son visage. elle continuait de marcher plus silencieuse, marquant d’autant plus ce dernier fait qui la marquait.

Manium. Certes, ça sonne bien. Mais Nehbesium, ça sonne encore mieux. Je décide en mon for intérieur qu'elle peut aller se faire foutre avec ces pincettes, j'opte pour l'option mégalomane. Tant mieux pour elle, me direz-vous. Désormais les rapports du Biblios utiliseront le terme Nehbesium. Elle continue par un petit laïus reprenant une mise en garde. A croire qu'elle douterait encore de ma bonne foi. Je crois pourtant me rappelle ravoir utilisé les termes "La fin de toute terre, de toute civilisation". Difficile de faire plus explicite pour un point de vue sur la question. Quand aux Argonates, les Vedans ne sont tout de mêmes pas aussi débiles. De plus, nous sommes désormais avertis. Nous ne progressons plus dans l'obscurité comme c'étais le cas auparavant. On a un fil directeur, un guide, une lumière; nous avons su apprendre des erreurs de notre passé.

Elle continue en disant accepter mon offre d'intégrer Babel, à conditions. Je suis prêt à envisager ses propositions, du moment qu'elles ne sont pas déraisonnables. La première me surprend, par son évidence. Il est clair, si elle effectue des recherches dans un domaine, c'est elle qui dirige tout le domaine; c'est l'autorité quasi-absolue dans ce coin-là. C'est elle qui choisit comment elle répartit son budget, qui elle engage, dans quelle direction creuser… Et, sauf projets dirigés en parallèles, nuls ne se mêle de ses décisions. A elle de faire les bons choix. Je n'ai jamais eu à intervenir dans les recherches de Sam, ou même de n'importe quel autre membre de la guilde. Espérons qu'il en ira de même pour elle… C'est un grand pouvoir que je lui confie là, j'en ai conscience; et un grand pouvoir implique de grandes responsabilités…

-Eh bien, Nehbesium adopté. La sonorité me plait. (En plus, c'est vrai!). D'autre part, pour parler de tes conditions… Il est clair que c'est toi qui va diriger tes recherches, ni moi ni quelqu'un d'autre. Bien sûr, si nous créons un projet commun, nous partageront la direction; mais dans le cas contraire, tu seras la seule maîtresse à bord. Tu auras le contrôle que tu souhaite sur ton projet. Mais, concernant tes craintes, j'irai plutôt dans le sens inverse; si nous arrivons à créer un moyen sûr de synthétiser de l'artefact, nous n'aurons plus besoin d'exploiter les mines; donc plus besoin d'appauvrir les sous-sols, plus besoin de risquer de provoquer des catastrophes telles que celle du Lac De Plénitude (où je me rends actuellement, d'ailleurs…). Certes, le concept est à manipuler avec d'extrêmes précautions – et bien entendu dans le plus grand des secrets – mais il ressemble plus pour moi à une avancée technologique qu'autre chose.

Ceci dit, je repense à sa seconde condition. Sa mère… Son frère… la famille est une structure importante chez les Vedans, une sorte de base de repli sûre au cas où tout le monde se retournerait contre vous. Mon père, négociant de fruit, en particulier d'orange, m'avait toujours soutenu, même parfois à mon insu. Je réfléchis au nom qu'elle m'a donné. Rosa Montana. Il m'est étrangement familier, mais j'ai du mal à remettre une personne dessus. Fronçant les sourcils, je fouille ma mémoire pour savoir exactement ce qu'elle m'évoque… Soudain, tout me reviens, dans un flash. "Une marchande Vedanne de bonne renommée"… La blague. C'est le moins qu'on puisse dire. Car si elle a aujourd'hui disparu de la vie politique des Baronnies Marchandes, plus d'un la donnait pour prochaine baronne potentielle…

L'acolyte éternel, l'âme damnée de Garcia Lokharis. Le réseau du bonhomme possédait presque autant de connections dans le monde du grand jour que dans les canaux souterrains; c'est-à-dire énormément. Et la personne qui orchestrait et chapeautais cette gigantesque toile, c'étais elle, Rosa Montana. Elle disposait d'un excellent carnet d'adresse, qui lui permettais de faire de sacrée pression sur tout ce qui l'environnait, de décrocher des contrats juteux – entre autre. De plus, elle était chargée de toute la partie légale de l'entreprise notariale – la partie immergée de l'iceberg, en quelque sorte… Pas étonnant que la gamine ait du caractère, avec une ascendance pareille… Ceci dit, elle a aujourd'hui complètement disparue de la circulation, aussi bien de la vie politique que civile. Aucune nouvelle depuis la chute de Lokharis… La regardant sous une nouvelle facette, je reprends la parole face à la jeune fille.

-Effectivement, j'en ai entendu parler. Il s'agissait, si ma mémoire ne me joue pas de tour, du bras droit de Garcia Lokharis. Autant dire une personne influente… Cependant, depuis la mort de ce dernier, je n'ai aucune idée de ce qui est advenue d'elle; peut-être est-elle morte à sa suite; peut-être s'est-elle enfuie; peut-être même est-ce elle qui avait commandité le meurtre contre une bonne place sous le régime de Duncan, qui sais? Bref, aucune nouvelle depuis. Quand à ton frère… Je ne faisais pas partie des plus renseignés sur elle, mais il ne me semble jamais avoir entendu parler d'un fils. Mais peut-être est-ce juste parce que je ne me suis jamais donné la peine d'approfondir le sujet… En tout cas, soit sûre que tu disposeras des moyens de Babel pour les retrouver si tu le souhaite. Nous disposons d'un réseau d'espion qui, s'il n'est pas encore très développé, reste très compétent…

J'avoue que dit comme ça, il semblerait qu'il n'y ait que des avantages à intégrer Babel. Ce qui n'est pas entièrement faux, cela dit… Mais nous sommes sélectifs. Sans pour autant être élitiste. Disons juste que c'est… Autre chose. Il faut que la personne ait le bon esprit, le bon feeling, qu'elle s'entende bien avec les membres de la guilde… Autant de chose qui sont subtiles et indiscernables mais extrêmement importantes…

Spoiler:

Nehbesium ... Il était vrai que cela sonnait bien. Elle ne put s’empêcher de reprendre un sourire en l’entendant réagir face à cette note amusante qu’il prit finalement au sérieux. Ainsi, elle était sur que son nom allait marquer l’histoire de Syren, par sa recherche, ce qui laissait présager, de bonnes choses pour la suite. C’est surement son père qui sera heureux de l’apprendre.
Elle avait toujours rêvé de posséder son propre laboratoire, sa propre équipe et cet homme lui offrit tout cela, en échange de son travail au sein de la guilde. Leah s’était tellement focalisée sur le danger du, récemment nommé, Nehbesium, qu’elle avait presque fait abstraction aux vertus qu’il pouvait apporter. Réduire l’appauvrissement des sols étaient vraiment une ses conséquences les plus positives sur l’environnement. Cet homme présentait une certaine sagesse malgré son jeune âge … peut être même bien plus qu’elle, bien qu’elle eut du mal à se l’avouer.
Quant a sa famille, sa réaction au nom de sa mère ne le laissa pas indifférent et il était vrai que le nom du baron Garcia Lokharis ne lui était pas inconnu non plus. Elle ne connaissait que bien peu de chose sur les activités de sa mère. En effet, elle parlait rarement de son business dans Syren. Tous préféraient profiter de ces rares moments de retrouvailles pour rire et se détendre, plutôt que pour parler banalités et affaires.
Babel paraissait pour Leah, bien plus imposante que ce qu’elle avait imaginé, à croire qu’elle n’avait aucune limite. En tout cas, tout était maintenant disposé pour que Leah accepte l’intégration de Babel. Et ce Segis lui inspirait suffisamment de confiance, pour lui donner le bénéfice du doute. En quelques mots, elle l’appréciait plutôt bien, pour l‘instant du moins.

Va pour le Nehbesium dans ce cas et vous avez raison quand à son utilisation. J’en oublie presque ce qu’elle pourrait apporter. Vu que mes exigences ne semblent pas poser problème, je vais te faire confiance concernant ma famille et ta promesse concernant mon futur travail parmi vous. En espérant de ne pas avoir à regretter ma décision, j’accepte donc d’intégrer Babel.

Toujours égale a elle-même, elle était loin d’être une personne docile. Ils venaient d’atteindre la poupe du navire, l’horizon présentait les Terres Brulées. Berceau de la vie de Leah. Elle se tourna vers Segis et s’arrêta pour lui offrir sa main afin de marquer physiquement cet accord que tous deux venait de se promettre. Son regard perça le sien pendant cette main amicale tendue vers lui. Elle y chercha le moindre signe suspect, sans méchanceté, mais avec une détermination qui la caractérisait. Et prise d’un regain d’énergie, plus par excitation qu’autre chose, elle continua.

J’espère avoir rapidement de leurs nouvelles, Segismun … je peux t’appeler Segis ? Je pourrais commencer mes premières analyses ici, a bord de l’Aquilon ? La présence de la tête de proue m’aidera beaucoup dans les débuts. Oh ! Je vais commencer seule, mais il faudra aussi que je puisse choisir mon équipe, bien entendu. il me faudra donc les dossiers des membres potentiels. Il n’aurait besoin de pas plus de deux ou trois personnes. Je passerai un entretient avec chacun d’entre eux. Je veux savoir avec qui je travaille. J’ai d’ailleurs un ami de confiance aux Disciples de Kahran, tu penses qu’il est possible de faire appel à lui au sein de Babel, si il accepte bien entendu ?

Bien entendu, la tache n'était pas forcement aisée d'où la question. Car quitter, comme ça, une enclave scientifique pouvait poser problème et surtout il fallait que le message de Leah soit discret, de manière à ce que seul lui puisse recevoir ce message. L’ami en question était une ancienne conquête de Leah, qui malgré leur rupture, avait subsisté et en était né une amitié solide. Surement ressentait il encore quelque chose pour elle, mais elle lui devait beaucoup et ne lui avait offert que bien peu de chose. C’était peut être l’occasion de lui rendre l’appareil. Elle lui devait son silence concernant ses derniers travaux malgré l‘importance de la trouvaille, son aide pour son départ discret du département scientifique mais surtout une compagnie fort agréable. Quelque part, elle lui manquait un peu. Travailler avec des inconnus ne l’enchantait pas et avoir une personne de confiance, ne serait ce qu’une, était plus que appréciable.
Quant au surnom de Segis qu‘elle lui avait donné, celui-ci semblait lui rappeler quelque chose. Après un bref instant à décortiquer cette pensée, la voix de Raizen lui revint en mémoire prononçant ce nom qui lui était encore inconnu. Si il était bien un des membres important de Babel, Segis devait forcement le connaitre en tant que concepteur de Babel.

Dis voir, le nom de Raizen ne doit pas t’être inconnu, je pense. Peut être que celui de Kaïtos également ? A moins que je ne me trompe …

Des recrues de plus pour Babel… Du moment qu'elles sont compétentes et fidèle, pourquoi pas? Enfin, tout du moins je n'y vois aucun inconvénient. Je saisis la main qui m'est tendu. Sa poigne est ferme sans être violente. A l'image de sa possesseur… Bref. Sa dernière question m'intrigue; Raizen ne lui aurait-il donc parlé en rien? Pour le moins étrange… Enfin, il était peut-être pressé, ou occupé à autre chose, ou tout simplement distrait. Ce ne sont pas les raisons qui manquent. Quand à Kaïtos… Je préfère ne pas y repenser. J'improviserai au fil de mon discours ce que je dirais sur lui.

-Eh bien, pour dire vrai, Kaïtos étais le dirigeant de Per Nebulas, une guilde alliée à Babel… Jusqu'il y a quelque heure, ou il a eu l'intense coup de génie de disperser sa guilde pour en fonder une nouvelle, dont le but principal semble être un suicide social, économique et militaire. J'ai d'ailleurs eu une discussion plutôt… comment dire, musclée, avec lui à ce sujet. Bref, après, ce qu'il fait le regarde. Quand à Raïzen Amano… C'est moi qui ai réalisé le tatouage en forme de Yin et Yang qui lui troue le dos. Il s'agit tout simplement de l'autre dirigeant de Babel…

Bon, j'avoue que dis comme ça, ça peut paraître pour le moins embrouillé. Pour comprendre ceci, il faut connaître la hiérarchie de Babel, ou tout du moins la manière dont elle fonctionne. De plus, vu qu'elle est désormais des nôtres, il serait peut-être convenable que je lui fasse un rapide topo sur le fonctionnement de la guilde. Au moins l'organigramme et les principes fondateurs… Encore que, je crois avoir énoncé la base de la base. Un petit historique ne sera pas forcément plus mal non plus… Prenant mon inspiration, je prépare mon laïus.

-Je crois qu'il est peut-être temps de faire un rapide topo sur la guilde, historie que tu te sentes un peu moins perdue. Ca ne te fera également pas de mal de prendre connaissance de notre charte quand tu en auras le temps. Segismundo lui tend un papier. Bref, pour faire simple, Babel étant un consortium avant tout financier Vedan, elle est dirigée par trois Gran Maestro qui sont à égalité. Plusieurs fois dans l'histoire de Babel, ils n'ont pas été trois pour des causes diverses (mort ou disparition de l'un d'entre eux sans candidats potentiel à la succession, etc.). Ces trois Gran Maestro prennent les décisions relatives aux projets, plans, évènements, promotions, engagements, limogeages et alliances de Babel. Cependant, ils s'appuient la plupart du temps sur les avis des membres, qu'ils donnent en Assemblée Générale qui se réunit de temps à autre. Directement en dessous d'eux, un homme de confiance (le "candidats Gran Maestro", en quelque sorte), un Maestro. Encore en-dessous, les Caballero, qui participent activement à la vie de la guilde et peuvent posséder leurs propres projet avec l'approbation des Gran Maestro. Enfin, dernier échelon dirigeant, Hermano – tu commence là – qui font… Eh bien, ce que je t'ai décris de ton job tout à l'heure. Cela dit, ils participent tout de même aux Assemblées Générales, et généralement graduent rapidement. En dessous, se tient tout les simples employés (chercheurs, sous-chercheurs, assistant, laborantin, gardes, agents d'entretien, espions, constructeurs, ouvriers... Et j'en passe).

Ce fonctionnement de direction en Triumvira permet d'une part d'éviter d'instaurer un tyran au sommet de la Guilde, et également d'éviter une bicéphalie gênante en cas de conflit. En somme, il y a toujours une majorité en haut, et toujours au moins trois cerveaux pour réfléchir. Un équilibre intéressant. De plus, le système de promotion (rapide sans être trop fluide) permet d'être récompensé rapidement de son investissement dans la guilde. Je repense aux joyeux débats des assemblées des années précédentes avec un sourire, puis continue.

-Actuellement, les trois dirigeants sont Samuel Corazon, Raïzen Amano, et moi-même. Samuel et moi sommes les deux seuls membres fondateurs restant. Notre Maestro – mais pour combien de temps encore? – est Jake Winchester, et on compte en particulier Mehyt Fadila en tant que Caballero. Une jeune fille très sympathique, ce qui augmente un peu la mixité de la guilde (ce qui n'est pas donné… Quand on regarde Soroshiya… Bref, pas très joyeux tout ça). A la base, nous étions juste une corporation marchande/ d'exploitations des découvertes technologiques… Mais rapidement, nous nous sommes tournés vers la politique, le social et la recherche fondamentale. Aujourd'hui, Babel possède certes encore des usines et des chantiers navals, mais aussi énormément de labos, et est engagée dans des actions pour les protections des plus démunis (réfugiés Zéphyr et/ou Karnaks, sans-abris d'Amalsys, peuple opprimé de Solaris…) mais également des projets de divertissement (récemment à eu lieu le Grand Tournoi de Babel, lequel a rencontré un succès presque aussi grand que le célèbre Tournoi d'Arkady) et également des actions politiques engagées (financement de groupes révolutionnaires d'Aphelion, fourniture d'arme et de vivre aux résistants, campagne politique anti-coalition…). En somme, une diversité qui nous assure une grande force en plus d'un poids économique majeur.

Créant une bulle d'eau au creux de ma paume, je me désaltère en la croquant comme une pomme tout en la conservant solidarisée. Parler ainsi me donne soif, que diable…

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