Jalousie [PV Casey Rowen]

Le corps du gaillard tomba lourdement au sol, fissurant quelque peu la glace qui recouvrait ce dernier. Exactement à l’instant où il s’effondra, l’extrémité contondante de Calypso toucha doucement le sol tandis que ma main droite tenait fermement l’arme. Et voilà, je venais de finir le travail. A l’avenir, l’homme couché devant moi y songera à deux fois avant de tenter de dérober le peu de biens que disposait cette famille Valkor. Le brigand se releva et me regarda avec un air haineux. Il ne repassa pas à l’attaque ; en même temps, vu la défaite écrasante que je venais de lui infliger, il était mieux pour lui de ne pas continuer à me tenir tête, sauf s’il souhaite mourir au plus vite. Poussant un juron à mon égard, le malfrat s’enfuit à toute vitesse tandis qu’un sourire naissait sur les membres de la famille : un père, une mère et deux petites filles. A voir leurs tenues vestimentaires, ces gens semblaient n’avoir que peu d’argent. Sûrement suffisamment d’argent pour réussir à nourrir chaque membre de ce clan. Appuyant sur le bouton présent sur mon arme afin d’activer le mécanisme qui permet au trident de prendre l’aspect d’un petit bâton blanc, j’ai jeté mon regard sur la famille tandis qu’avec un sourire, je leur donnai une identité sur la personne qui venait de les sauver.

Je suis Casey Rowen, Aventurier et membre de la Guilde « Divum Legi ». Si jamais vous avez le moindre souci un jour, n’hésitez pas à contacter notre groupe dans notre auberge, située à une quinzaine de kilomètres d'ici. Vous la reconnaitrez sans problème, elle porte notre emblème. Nous vous aiderons avec plaisir, même si vous nous rémunérez faiblement. Nous n’agissons pas pour l’argent mais pour faire de Syren un monde meilleur.

Les quatre Valkor semblaient comme heureux comme jamais. Rangeant mon arme et faisant demi-tour, j’ai quitté cette famille, le tout en leur faisant un salut de la main. Ils me saluèrent aussi, en poussant des « Au revoir ! A bientôt et merci pour tout ! ». Eh bien… Je ne pensais pas que l’on pouvait se sentir aussi bien après avoir apporter son aide à des inconnus. Sans doute avais-je cette sensation grâce aux encouragements qu’ils nous donnaient… En tout cas, en l’espèce de quelques petits mois d’existence, le Divum Legi avait acquit une certaine notoriété. Chaque jour, au minimum trois contrats étaient affichés sur notre panneau d’informations. Nos exploits commençaient à être racontés partout dans Syren et il n’était pas rare qu’un ou deux gamins me croisant dans la rue s’arrêtent en me voyant et disent « Oh, regarde ! C’est Casey Rowen, du Divum Legi ». Je n’étais pas le seul à provoquer une telle réaction aux gens : Arsiesys et Stilgard aussi rencontraient cela. En plus, étant tout deux des enfants de la culture Valkor, ils étaient considérés comme des idoles. J’aurai bien voulu voir si je fais le même effet à Solaris… Cela risque d’être dur en tout cas, tant que je ne délogerai pas ce Knox du trône de l’Empire…

Quoiqu’il en soit, ma marche s’arrêta lorsque j’entendis des bruits de pas étranges, tout près de moi. Cela fait au moins cinq minutes que j’ai l’impression d’être suivi et ce son venait de me confirmer que ce n’était pas qu’une impression : non, c’était bien un fait réel. Dégainant Calypso, je la transforme de nouveau en trident tandis que j’avance lentement, tout en balayant le lieu du regard. J’ai intérêt à être vigilent car en général, quand je suis dans une telle situation, les gens ayant provoqué ce bruit ne sont jamais pacifiques…

Alors que j’avançais très prudemment, je vis le corps d’une personne passer à pleine vitesse devant moi. Mais pas en courant, non non… L’homme, ou plutôt le Singam-Vellai, venait de se faire projeter avec une force hors du commun. Le lion s’écroula au sol mais se releva bien vite, serrant fermement son long bâton. Qu’est-ce qu’il compte faire ? M’attaquer ? C’est bien ce que je crus jusqu’à ce que je vis un chien étrange jaillir des buissons et se précipiter vers le félin blanc. Le Singam-Vellai tendit son bâton en avant, afin de porter un coup à ce qui semblait être un Fenryl : malheureusement pour lui, le canidé s’arrêta net tout en poussant un grognement. De toute évidence, cet homme venait de se faire attaquer par cette créature sauvage. Profitant du fait que le monstre n’avait pas remarqué ma présence derrière lui, je lui ai porté un magnifique coup de trident sur sa patte arrière gauche, le blessant sans aucune difficulté. Ce fut seulement quand je lui ai retiré l’arme du membre blessé que le Fenryl remarqua enfin ma présence et visiblement, à voir le regard féroce et à entendre le grognement qu’il m’adressait, quelque chose me disait qu’il n’était en aucun cas satisfait de me voir là, le dérangeant dans sa tentative de meurtre sur le Lion Blanc.

En tout cas, le monstre ne fit pas long feu : bien que nous ne nous connaissions pas, mon partenaire et moi avions rapidement compris comment se battait l’autre. En même temps rien d’étonnant. Quand je vois son arme, je me dis que cette dernière frappe exactement à la même portée que Calypso, du coup il connaît bien les avantages et défauts dont peut disposer une arme aussi longue qu’un trident ou bien un long bâton. Le félin porta de nouveau un coup de bâton à notre ennemi mais le Fenryl parvint à esquiver, sans aucune difficulté apparente. En revanche, grâce à sa manœuvre, le Singam avait à nouveau fait oublier au chien sauvage ma présence : et il le sentit. Avec une puissance jamais vue chez moi, j’ai planté Calypso dans le corps du Fenryl. Mais le trident ne se contenta pas de transpercer le monstre, non… Le plaquant au sol dans un premier temps, l’arme explosa à moitié le corps de la bête, le tuant d’une manière très brutale. Eh bien… J’ai bien progressé moi… Pour être capable de transformer un de ces sales monstres en bouillie, il faut avoir une puissance horriblement élevée. Et visiblement, je l’avais acquis. Poussant un léger soupir, je regarde le Singam-Vellai qui s’approche de moi tout en replaçant son arme dans son étui, placé dans le dos.

Dehrd vous remercie. Sans votre présence, Dehrd aurait eu beaucoup de mal à tuer ce Fenryl.

De rien. Je suis Casey Rowen, membre du Divum Legi. Enchanté de vous... !?!

Le corps du Singam-Vellai tomba à nouveau au sol, poussée par une créature ayant jaillit de nulle part. Cette dernière mit un puissant coup de croc sur le torse du Lion Blanc, le tuant sur le coup. Un autre Fenryl ? Etions-nous proches d’une meute de ces canidés ? Si c’était bien le cas, nous étions grandement en danger. En tout cas, je venais d’être totalement surpris par l’apparition de la créature. Elle aurait pu bondir sur moi à la place de ce malheureux Derhd, le monstre m’aurait eu de la même façon que lui… Quoiqu’il en soit, j’avais tenté d’engager la lutte avec Fenryl mais tout cela se termina rapidement : le canidé attrapa Calypso à l’aide de ses crocs avant de la balancer au loin. Puis il me sauta dessus, me mordit avec une force incroyable le poignet, perçant en de multiples coins mon bras et me faisant abondamment saigner. Et en plus, les griffes sur son poignet transperçaient légèrement ma peau, faisant apparaître des perles de sang sur mon torse. Bordel… Si je ne me débarrasse pas de lui, je vais me faire tuer aussi… Alors que la situation était plus que mauvaise pour moi, une détonation se fit entendre dans le lieu. Tout se déroula alors très vite : le Fenryl cessa de me mordre, relâchant sa pression tandis que son corps s’effondrait au sol, inanimé. Une balle de métal était plantée dans sa tête. C’était visiblement cela qui l’avait tué. Tournant ma tête vers la gauche, je vis celui qui venait de me sauver la vie et je ne pus m’empêcher de sourire. Ah, celui-là… Il faut toujours qu’il en fasse trop.

Il faut toujours que tu en fasses trop, Matthew.

Je me relevais pendant que je disais cela à la personne qui venait de le sauver la vie : Matthew Scott, un Argonate. Mon Navigateur et excellent ami, qui plus est. Bien que nous nous soyons dans des circonstances assez étranges – Je l’avais trouvé dans ma chambre, pensant qu’il me cambriolait. En vérité, il avait lu mon journal personnel… -, nous étions devenus, au fil de nos aventures à travers Syren, de bons camarades. Et là, je lui devais un grand remerciement : sans lui, j’étais bon pour finir dans l’estomac de ce Fenryl enragé. Heureusement qu’il m’avait trouvé et tiré sur cette bestiole à temps. D’ailleurs, en y songeant là, maintenant… Comment l’Argonate avait-il fait pour me trouver ? Je me le demandai et je lui ai donc posé la question. Il m’a répondu de manière très simple : « C’est le Destin qui m’a conduit jusqu’ici… J’avais l’impression qu’il me disait sans cesse de venir là, comme si quelque chose d’important allait se réaliser ici… ». Ah, ce fameux « Destin », ce don dont seuls nous, Argonates, disposons… Je vois que finalement, il ne m’a guère abandonné et cela me rassure. Que serai-je sans lui ? D’ailleurs, que serait n’importe quel membre de notre culture sans lui ? Il est aussi important pour nous que l’Honneur pour les Raïken. Quoiqu’il en soit, le regard de Matthew, ainsi que le mien, se déposa sur le corps sans vie de Dehrd, le Singam-Vellai qui m’avait aidé à terrasser le premier Fenryl. Tout en observant mon partenaire inconnu mort au combat, je me suis adressé à mon Navigateur, lui expliquant ce que je comptais faire.

On va enterrer son corps. Après tout, il m’a aidé et puis, il avait l’air sympathique. J’aurai bien voulu le connaître, ce brave gars.

Ne touchez pas au corps du frère de Rotana !

Matthew et moi, nous nous retournâmes. C’était une voix féminine qui avait prononcé ces mots mais nous étions incapable de déterminer l’endroit d’où elle provenait. L’inconnue avait dit de « ne pas toucher au corps de son frère »… Elle devait donc être une Singam-Vellai… S’ils avaient bien un lien de parenté, il était obligatoire pour cette femme d’être membre de ce peuple. Je savais donc qui était cachée dans les environs et de quel sexe elle était, mais à part ça… Rien. J’ignorai cependant jusqu’à quel point elle pouvait nous empêcher de poser la main sur la dépouille de son frère mais cela, je n’allais pas tarder à l’apprendre… A peine avais-je repris Calypso en main que la Singam-Vellai apparut dans notre champ de vision, jaillissant des buissons à l’aide d’un magnifique bond. Et visiblement, elle comptait bien atterrir sur nous… Poussant sur le côté Matthew de prime abord, je m’empresse de me jeter sur ma droite juste après, évitant ainsi la sœur de Dehrd. Malheureusement pour moi, j’avais dû lâcher mon trident durant cette esquive et la Singam arriverait sur moi largement avant que je puisse reprendre mon arme en main.

Courrant vers moi à toute allure, la sœur de celui qui fut, durant un court laps de temps, mon partenaire de combat dégaina un bâton porta un virulent coup dans ma direction avec ce dernier. Effectuant un rapide pas de côté, j’ai de nouveau esquivé son offensive. Mais tout comme son frère, elle était rapide : elle enchaîna très vite de nouvelles attaques fortes avec son arme. Heureusement que j’étais maintenant expérimenté dans le combat, sans quoi mes acrobaties me permettant d’esquiver n’auraient pas rencontré le succès qu’elles connaissent en ce moment même. Et à voir sa manière de contrôler son bâton, la sœur de Derhd semblait bien moins forte que moi. Sans doute n’avait-elle pas vécut autant de péripéties que moi. Je vais donc profiter de cette faiblesse. Voyant une ouverture dans sa défense, je donne un puissant coup de pied dans le poignet droit de la Singam, la faisant lâcher son arme. Maintenant, mettons-la au sol ! Lui adressant un magnifique uppercut d’une force remarquable, la sœur de mon ancien partenaire vit ses pieds légèrement quitter le sol avant de s’écraser lourdement au sol. A ce moment, un « Casey ! » se fit entendre. Tournant ma tête vers la droite, je vis Matthew m’envoyer Calypso, que j’ai réceptionné sans aucune difficulté. Dirigeant les pointes perçantes du trident tout près de la gorde de la lionne blanche, je m’adresse à elle sur un ton tout à fait calme.

A vous entendre, vous semblez être la sœur de Derhd, n’est-ce pas ? Sachez que je n’ai pas tué votre frère, bien au contraire. Je l’ai aidé… Du moins, jusqu’à ce qu’il se fasse tuer sans que je ne puisse y faire quoique ce soit…