Mauvais souvenirs... [PV Caseymir]

Qu'avais-je dit par le passé ? N'avais-je pas déclaré que plus jamais, je ne poserai un pied dans le Walhalla ? Il me semblait bien que si et pourtant, où étais-je encore aujourd'hui ? Oui, vous l'avez bien compris: au cœur même du Walhalla. Mais cette fois, je n'y étais pas venu pour aller cueillir on ne sait quel fruit dissimulé on ne sait où, non: une belle jeune femme blonde, prénommée Marlène, avait, semblait-il, perdu sa sœur jumelle, Anabella, dans ce lieu sauvage. Elle avait donc demandé de l'aide au Divum Legi, guilde devenue célèbre sur les terres de Midgard. A force de recevoir constamment des quêtes, je parie que l'Elder tentera d'entrer en contact avec nous, un jour. Quoiqu'il en soit, étant le seul membre de la Guilde des Cieux à ne pas avoir de contrat à cet instant, je fus donc naturellement embauché pour retrouver la jumelle de la belle Valkor... Franchement, ce qu'il ne faut pas faire...

Pourquoi disais-je cela ? Tout bonnement pour plusieurs raisons. La première: que faisaient donc Anabella et Marlène dans un endroit si... Dangereux pour deux jeunes femmes comme elles ? Elles n'avaient clairement pas un physique de guerrières et ne semblaient même pas vivre d'aventures. Secondement, j'avais d'autres préoccupations en tête en ce moment: Père, le Sénateur Argonate Dominic Rowen, m'envoyait régulièrement des nouvelles de la situation actuelle de Solaris et apparemment, les choses semblaient s'empirer de jour en jour. Le règne de Duncan Knox avait contraint moult de politiciens Zéphyrs et Argonates à s'exiler de nos terres. Il me fallait donc regagner Aphelion avec le Divum Legi au plus vite et y monter, une fois là-bas, un groupe de résistants. Mais pour l'heure, je m'occupai uniquement de ma mission au Walhalla. Et en parlant de ce contrat, voilà que, après plusieurs dizaines de minutes de marche, j'aperçus une jeune femme assise au sol. Je ne voyais que son dos et ses cheveux mais sa chevelure et la couleur de cette dernière était similaire à celle de Marlène. M'approchant lentement de la jeune femme, je dégage d'un coup léger de la main une de mes mèches rougeâtre tandis que d'une voix sereine, je vérifie que l'inconnue présente devant moi est bien la personne que je recherche.

Est-ce vous, Anabella ?

GROOOOAAAAH !

Non, ce n'est pas Anabella ça...

En fait, Anabella était bien la jeune femme que j'avais vu en arrivant mais disons qu'elle n'était pas seule... Non, la douce demoiselle semblait s'être liée d'amitié avec deux Singam-Vellai, particulièrement mauvais et effrayant... Vous l'aurez sans doute compris, je suis en train de faire de l'ironie. La Valkor s'était fait, visiblement, capturée par ses deux lions blancs et en aucun cas, ils ne comptaient la relâcher. Aucun, sauf deux en fait: le premier, leur donner pas mal d'argent. Le second, leur encastrer la tête dans un arbre du Walhalla. Personnellement, j'ai opté pour la deuxième solution. Dégainant mon petit bâton de cinquante centimètres de longueur, j'appuie sur le bouton poussoir activant ainsi le mécanisme qui permet à Calypso de prendre sa forme de trident blanc. L'arme prête à être utilisée pour le combat, ces deux Singam-Vellai n'ont qu'à bien se tenir. Le combat commença donc, chacun des protagonistes se fonçant mutuellement dessus. L'un des Singam, le plus jeune, sortit un bâton de bois de son étui durant sa course, lui permettant ainsi de frapper sur une plus grande portée. Malheureusement pour le duo, ils allaient très vite regretter d'avoir voulu chercher une rixe avec moi.

A peine avais-je vu que tout deux étaient dans ma portée que déjà, à l'aide de Calypso, j'ai porté un puissant coup dans la tête de l'hérétique. Vu la puissance dont les pointes du trident se sont plantées dans sa tête, cela ne m'a pas étonné de voir cette dernière exploser avant de laisser tomber au sol le corps sans vie du banni. Le second tenta de me porter un coup de bâton mais j'ai eu le temps de stopper son arme avec ma main avant de la briser. Tss, franchement... Il croyait m'impressionner avec un vulgaire bout de bois ? Il avait rêvé. Inutile de vous dire que ce Singam connut le même sort que son partenaire, sa tête broyée par Calypso. Cette fois, ce fut un combat d'une rapidité déconcertante que je venais de faire. J'avais incroyablement gagné en puissance et cela m'enchantait. Débarrassé enfin de tous les gêneurs, je me suis approché d'Anabella avant de m'agenouiller légèrement, de poser ma main gauche sur l'épaule gauche de la blonde et de lui poser une question.

Anabella ? Je suis Casey Rowen, Membre du Divum Legi. Je suis venu vous sortir de ce lieu. C'est votre sœur, Marlène, qui m'a envoyé vous chercher.

Bon, la bonne nouvelle, c’est que j’avais retrouvé la belle demoiselle blonde, Mademoiselle Anabella. La mauvaise, c’est que elle ne m’a pas considéré comme son sauveur au départ, non, même bien tout le contraire. Elle pensait que j’étais un de ces malfrats qui l’avaient kidnappé et du même coup, séparée de sa sœur jumelle bien aimée, Marlène. Et c’est pour ça que, pendant trois bonnes minutes, je me pris plusieurs rafales de claques, qui commencèrent à rendre rouge mes joues. La série de claque prit fin quand j’avais, enfin, réussi à saisir les deux mains de la belle, de la plaquer au sol et de la calmer. En voyant mon regard, elle comprit que je n’étais nullement mauvais. La force avec laquelle elle essayait de repousser mes mains perdit en intensité de plus en plus vite jusqu’à ce que ses doigts fussent détendus et que son regard, azuré, devint calme, me montrant une beauté que je n’avais jamais vue, même chez les plus belles Zéphyrs. Je l’ai donc lâché, je me suis relevé puis je l’ai aidé à se relever. Là, je lui ai dit qui j’étais : Casey Rowen, membre du Divum Legi. Pas besoin d’en dire plus et encore moins ma véritable position au sein de la Guilde des Cieux : le Caelestis, le Grand Leader de l’organisation. Ce détail là, seuls Arsiesys et Stilgard le savaient et ce secret ne serait révélé tant que je n’en aurai pas décidé le contraire. En tout cas, la demoiselle était maintenant en sécurité et je pouvais envisager de la ramener chez elle. Enfin, du moins, ça c’est ce que j’envisageais… Jusqu’à ce qu’elle se jette sur moi, que ses bras enroulèrent mon cou et qu’elle me donna un tendre baiser sur les lèvres. Immédiatement, j’ai séparé mes lèvres des siennes et je l’ai repoussé. Non mais, qu’est-ce qu’il lui prenait à celle-là !?! D’accord, elle est mignonne et plutôt bien équipée mais voilà, je ne comptai pas me la faire… Enfin, pas de suite. C’est alors que tout devint étrange : une espèce de brouillard de mana apparut de nulle part, tandis que les yeux d’Anabella passèrent du bleu au pourpre et qu’elle déboutonna, lentement, son chemisier, me laissant découvrir peu à peu son opulente poitrine. Prenant instantanément Calypso, je sentis la présence d’une étrange force dans le coin, ne signifiant rien de bon… D’ailleurs… Pourquoi ma main gauche commençait à s’agiter alors que je ne lui en avais nullement donné l’ordre ?!?

Ma main agissait d’elle-même… Qu’est-ce que cela signifiait ? Je ne comprenais pas. Et puis, ce ne fut bientôt pas la chose que je ne compris pas. J’ai commencé à avancer, lentement certes, mais dangereusement en direction d’Anabella tout en levant mon bras droit de manière à m’apprêter à lui porter un coup mortel de trident. Je n’avais plus aucun contrôle sur mon corps, me laissant croire que non loin de nous, un mage nous manipulez. De plus, à cause du brouillard de mana, la belle blonde semblait elle aussi perdre ses moyens. Ses yeux, toujours propre, continuaient de me fixer avec un air morbide tandis que ses doigts ne cessaient de bouger lentement, déboutonnant au même rythme son chemisier. Non loin de là, dans les buissons, des pas lourds écrasaient des brindilles et le sol, me laissant penser que c’était un monstre et non un humanoïde, qui se trouvait près de nous. Nous étions hypnotisés, l’un comme l’autre, complètement à la merci de cette créature qui pouvait surgir à tout instant pour nous tuer et pourquoi pas même nous dévorer. Etait-ce la fin de mon existence, de la merveilleuse et rythmée aventure qu’était ma vie ? Non. Si un Argonate est bien un Maître du Destin alors je ne vois pas pourquoi je ne serai guère le Maître de mon corps.

L’antagoniste se montra enfin. Apparaissant après avoir contourné un grand arbre dont l’écorce était inexistante à de multiples endroits, une grande et imposante créature blanche tenant une épée et disposant d’une tête de lion se révéla être celui qui nous avait hypnotisé. Enfin, plus exactement son arme, car une aura étrange enveloppait la lame de l’arme. Une aura qui envoyait, à de multiples reprises, une sorte d’onde de mana qui semblait bien alimenter le brouillard mystique. Alors que le Bretteur Singam-Vellai s’approcha d’Anabella d’un air inquiétant, je fis la première chose qui me passa par la tête : me téléporter. Honnêtement, j’ignore encore pourquoi ce fut ça auquel je pensai mais toujours est-il que j’ai pu sauver la demoiselle de la sorte et que je pus reprendre le contrôle de mon corps. Lorsque je suis apparu à nouveau, je me suis empressé de faire connaître Calypso à mon antagoniste. Surpris par ma manœuvre, le Singam fut touché de plein fouet. L’arme cessa d’envoyer ses ondes puisque l’aura s’était éteinte, ce qui eut pour conséquence de faire se dissiper le brouillard et de figer Anabella. A l’aide de ma main gauche et d’un peu de mana, j’ai téléporté celle que j’étais censé protéger à l’intérieur d’un creux sombre d’un arbre avant de faire une barrière à l’aide de mon mana, qui empêcherait quiconque de l’attaquer. C’était la première fois que je faisais ce genre de choses et je pouvais remercier Arsiesys de ce savoir qu’il m’avait transmis il y a fort longtemps.

Le Singam-Vellai ne semblait pas avoir apprécié le fait que je ne sois plus sa marionnette, au point qu’il était déterminé à me tuer de manière sauvage. Quand à moi, je n’avais guère apprécié ce qu’il avait fait subir à la demoiselle et encore moins la façon dont il avait fait agir mon corps. Je comptais lui en mettre « plein la gueule », comme on le disait familièrement et c’était ce en quoi Calypso allait m’être d’un grand soutien. Faisant un mouvement rotatif rapide, je fis s’abattre les crocs du trident blanc en plein dans l’épaule gauche de l’ennemi, faisant jaillir une quantité impressionnante de sang. Le Singam hurla de douleur, tandis que je retirais les parties perçantes de l’arme de son corps. Plus enragé que jamais, le lion s’approcha de moi et tenta une attaque à l’aide de son épée magique manipulable à deux mains mais j’ai esquivé son coup grâce à un saut sur la gauche. Je fis ensuite un salto arrière, me permettant de gagner quelques mètres avant de porter une attaque directe avec Calypso en direction de son estomac. Avec cette manœuvre, j’ai rencontré le succès. Enfin, presque… Car malgré cette attaque des plus malignes, je n’ai pas été le seul à toucher ma cible. Mon antagoniste lui aussi parvint à me toucher au niveau de l’épaule gauche, me rendant la blessure que je lui avais offert quelques instants plus tôt. A la différence près que lui, c’est une blessure tranchante qu’il venait de m’infliger et non une perforante.

Comme pour s’encourager, me sembla t-il, le lion blanc poussa un puissant rugissement. Je ne savais pas ce qu’il faisait mais on aurait dit qu’il était devenu plus endurant, plus résistant… Que la musculature de son corps avait gonflé d’un seul coup, le rendant plus impressionnant à observer que jamais. En clair, rien de bon pour ma noble personne. Avec la partie contondante de l’arme, j’ai tenté de porter un coup sur l’épaule droite du Singam mais il bloqua net mon arme à l’aide de ses propres crocs. La puissance de sa mâchoire était telle qu’il m’arracha le trident de mes mains avant de la projeter derrière lui. Il m’asséna alors de multiples coups d’épées que je n’aurai pu esquiver sans mes réflexes hors du commun et l’entraînement acharné que j’avais fait avec Arsiesys en revenant de notre échec d’Amalsys. Sur ce coup là, je me suis montré plus malin et plus agile que le Singam-Vellai, en faisant échouer chacun de ses coups grâce à de petits bonds, magnifiquement exécutés. Par la même occasion, je fis une chose assez rare : j’ai dégainé ma deuxième arme, un Nunchaku portant le nom d’un des plus grand duelliste ayant vécu sur la terre de Syren : Sokô Yamaga, un noble Raïken. La suite fut tout bonnement un cauchemar. Mon arme toucha à de moults reprises l’antagoniste mais vu la musculature de son torse, rien à faire : mes coups semblaient comme annulés, ce qui profita au Singam. Après plusieurs coups féroces d’épées pris un peu partout sur le buste, je me suis effondré au sol, une nouvelle fois vaincu. Affichant un sourire féroce sur son visage, le lion blanc s’apprêta à me tuer lorsque je vis les crocs de Calypso sortir du cou de mon ennemi avec brutalité. Le grand trident blanc venait, une nouvelle fois, d’ôter la vie d’un antagoniste sauf que cette fois, ce n’était pas moi qui la manipulait. Qui était-ce alors ?

Anabella ?

C’était elle. C’était elle qui venait d’ôter la vie de ce Singam-Vellai. C’était elle si mon cœur battait encore, si je pouvais encore respirer, si j’étais encore capable de penser à tout cela. C’était grâce à cet élan de courage que venait de prendre Anabella que j’existai encore. Je ne sais pas ce qui lui a pris mais d’après ses dires, après avoir repris connaissance, elle me chercha. Les bruits que provoquaient nos armes lui avaient permis de nous retrouver plus aisément et, quand elle nous vit enfin, elle remarqua la position délicate et mortelle dans laquelle j’étais. La blonde m’expliqua alors qu’elle n’avait pas hésité à prendre mon trident et à transpercer le torse de mon adversaire. Une telle attaque aurait pu être évité mais l’excitation que ressentait mon antagonisme à me tuer lui fit baisser totalement sa garde… Et cela lui fut fatal. Lentement, je me suis levé et j’ai remercié la belle tandis que elle, elle me passa Calypso.
Walhalla… Ce lieu, je le déteste vraiment. A chaque fois que j’y suis, une merde phénoménale m’arrive. Père aurait pu me parler de cet endroit très dangereux franchement, il a abusé… Sauf s’il tenait à ce que je le découvre de moi-même… Oui, c’est très certainement ça. S’il me serait contenté de me déclarer « N’y va pas, c’est dangereux ! », j’y serai allé. Regardant Anabella dans les yeux, je lui fis comprendre que nous ferions mieux de nous mettre en route. Cette dernière avança jusqu’à moi en trottinant avant de prendre mon bras gauche et de m’adresser un regard des plus charmants qui eut pour effet de me déconcentrer pendant plusieurs secondes. Bon sang ! Je ne peux me permettre de succomber au charme de cette femme. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment pour ça. Et même après notre attaque, la belle ne semblait guère comprendre cela. Ahlala…

Voilà déjà plusieurs minutes que nous marchions sous cette pluie battante et toujours aucune trace de l’Odyssée. Etrangement, un sentiment étrange vint s’installer en moi mais ne s’afficha en rien sur mon visage : je ne voulais nullement inquiétée la jeune femme dont j’étais venu au secours un peu plus tôt. Cette sensation mystérieuse que je ressentais au plus profond de mon âme n’était autre que celle d’avoir l’impression que quelque chose était arrivé à mon Vaisseau Céleste. Soit avait-il été dérobé, soit avait-il était détruit par une immense créature ou autre, allez savoir. Ce qui était sûr c’est que, pour quelqu’un réempruntant le même chemin qu’en venant, n’étant en aucun cas blessé et ne trouvant pas son Navire, quelque chose était anormal. Il fallait que l’on mette rapidement sur l’Odyssée car nous risquons d’avoir de sérieux problèmes si cela n’est pas le cas. D’autant que la nuit commençait à tomber, ce qui signifiait rien de bon pour nous. Ce lieu était déjà suffisamment dangereux de jour alors de nuit… Nous n’aurions aucune chance de survivre…

Mais fort heureusement pour nous, le Destin nous sourit. Nous parvînmes, après moult minutes de marche, à mettre la main sur l’Odyssée. Il était en aussi bon état que lorsque je suis arrivé sur l’île et cela ne pouvait me faire plus plaisir. Ce Vaisseau, bien que ce soit l’Empire qui me l’ait prêté, était à mes yeux un cadeau de Père, un cadeau me prouvant qu’il m’accordait totalement sa confiance et qu’il souhaitait voir mes rêves prendre vie. Souriant en voyant le navire, je fis monter Anabella avant moi avant d’y rentrer à mon tour, d’allumer les moteurs et de partir, direction la taverne du Divum Legi. Nous en avions pour un quart d’heure de vol et les cinq premières minutes passèrent sans que nous ne rencontrions le moindre souci. Mais après que ce délai soit écoulé, j’entendis un bruit suspect, m’indiquant qu’une personne ou plusieurs personnes se trouvaient également dans le Vaisseau. Voulant en savoir plus, je sortis mon arme, un trident, puis fit un signe de la main à Anabella pour lui montrer où elle devrait aller. Je ne sais pas quelle est la chose qui a fait ce son mais… Quelque chose me dit qu’elle n’est, en aucun cas, amicale…