Promenades en tout genre [PV]

J'avais un peu plus de temps pour moi, maintenant que j'avais laissé aux ouvriers le soin de s'occuper de mon auberge, chèrement acquise, mais acquise tout de même. Et puis, la perte d'une somme excessive pour la cause me rendait nerveux, et je ne trouvais mon salut que dans la rapine, cédant à mes pulsions. Oui, je ne supportais pas de savoir mes caisses un peu moins lourdes qu'à l'accoutumée. Il me fallait des entrées, non des sorties de biens, et je me devais de renflouer tout ça, à ma manière. Ce faisant, j'avais entrepris la fabuleuse mission de lister les différentes places qui me verraient offrir des choses susceptibles d'être mienne, par le biais de petits voyages de "prospections". Ce n'était pas facile, étant donné la barrière hermétique que constituait le système clanique, où tout le monde restait bien terré chez soit à attendre que les autres crèvent avant eux. Les villages retranchés et édifiés en vraies forteresses n'assuraient pas la meilleure rentabilité pour moi, mais bon, je voyais ça plutôt comme un challenge...ouais, et puis, me faire une petite fête chez tous ces abrutis des guerriers et de décisionnaires, ça me bottaient carrément. Comme ça, ils perdraient eux aussi ce qu'il chérissaient, sur le plan matériel j'entends, et moi je récupérais leurs bien, comme un pied de nez à mon passé de mendiant.

D'autant que ma haine envers le système Valkor tout entier n'avait pas désemplie depuis mon arrivée sur la terre des ancêtres. Non, j'avais beau faire, même en voyant des choses touchantes, ou des trucs dans le genre, style mascottes comme les sourires d'enfants, rien à faire, j'aimais toujours pas mon peuple. En fait, ai je jamais aimé quelqu'un? Cela demandait réflexion...Je me savais misanthrope, mais bon, cela n'était pas un problème, dans ma profession. Et puis, pour ma défense, j'appréciais quand même quelques personne! Prenons Casey, par exemple, ou le petit cactus bleu...euh, je les aimais bien. Oui, bon, Casey avait une place dans mon cœur, genre petit frère, voilà, c'est dit. On passe à autre chose? Quoi? Veith? Il était trop bizarre, ce type là, pas le temps de m'habituer. Enfin bref, revenons en aux faits. Et les faits nous montrent que, quand on aime pas un pays, bah il vous le rend bien.

Bon, bah moi, je me retrouve devant cette palissade, je la grimpe, hein. Jusque là, pas de problème, je sais encore escalader un assemblage de troncs reliés ensemble. en plus, les gardes somnoles, ça se voit à leurs gestes lent et aux bâillements semblables à des meuglement de vache, qui annonce à la ronde que cette place est facile à prendre. Heureusement que je suis pas un assassin, hein? Parce que à ce niveau là, je pense que j'aurais fait un carton plein. Bref, escaladant la chose, je me retrouve sur le chemin de ronde. Pas de problème pour éviter les gardes, ils dormaient, j'ai dit. Il me suffit ensuite de descendre les remparts doucement, par le biais d'un pylône de soutient, lui aussi en bois - que la nature est bien faite! - et me retrouver sur le sol de terre battue. Bon, jusqu'à présent, c'était facile. ma cible? Un important commerçant Valkor, oui il y en a, je vous assure, qui appartenait à une influente famille. Bah, c'est toujours comme ça avec les clans, ils sont tous cousins, ils se connaissent tous, et ils sont tous influent. Y a qu'à voir leurs mariages, ou les autres fêtes dans le genre, c'est du beau. C'est sûr que quand tout le monde roule sous la table ensemble, bah ça crée des liens, on se tape sur l'épaule en rigolant bêtement, et on fait des plans sur la comète. Franchement, ils m'énervaient, ces abrutis. J'étais bien là pour leur faire savoir ça, non?

Alors, ensuite, je me retrouve à progresser dans le village, restant dans l'ombre des imposantes constructions faites de granite et de bois massif, un style architectural assez rustique en somme, mais tellement chaleureux. Ouais, je vous la joue carte postale, comme ça si un jour vous voulez venir au patelin, je vous trouverai des endroits où crécher, avec un petit pourcentage pour votre guide. Je passe rapidement la périphérie, qui se compose essentiellement de maisons de bas niveau, genre celles du petit peuple, mal dégrossies quoi, puis je progresse petit à petit vers le centre ville, là où se trouvent les gros poissons, donc celui que je vais frire ce soit. Pourquoi ce négociant, au fait? Parce que le type possédait un truc qui me faisait envie, à savoir une corne à boire dans le plus pur style Valkor, avec de l'or massif, des pierres précieuses, tout le tintouin. Et puis, ce type, j'avais dû le croiser, une fois où j'avais faim, dans la rue. Il ne l'avait même pas regardé, se contentant d'avancer sans même tenter de m'éviter. J'avais dû me jeter de côté pour qu'il ne me marche pas dessus, cette pauvre tanche. Au moins, je partirai avec la satisfaction de pouvoir boire à sa santé, dans sa belle coupe pleine de bijoux MWAHAHAHAHAH! Ça fait cliché? Débile put être? J'arrête, ok.

Me retrouvant devant cette jolie petite bicoque, à savoir l'équivalent rustaud d'un palais tout de même, je prends le temps d'admirer un peu l'ensemble, et puis de déceler d'éventuelles failles, quoi. Je ne compte plus le nombre d'abrutis qui se sont lancés tête baissée dans des pièges, et qui se sont retrouvés les pieds devant, à pleurer leur sort juste avant de trépasser, tout ça parce qu'ils étaient trop bête pour ne pas voir ce qui pendait au bout de leur nez. Bon, je vois, y pas grand chose ici. C'est typique des Valkors ça. les types s'ouvrent à la civilisation, font des cahutes ressemblant vaguement au baraques d'Aphélion, mais ils y mettent pas la finition. Bref, une fois que j'ai tout vu, tout compris, je m'avance. Et là, je tombe sur quoi? Un abruti de Skowe, qui du haut de ses poils, s'amuse à me pointer de sa lance. Nan mais, je vous jure, si j'avais pas été aussi concentré, je crois que je serais mort de rire. L'espèce de porte clef me regardait, comme un débile, et poussait des petits cris, sûr de lui quand au fait de m'arrêter. Alors bon, devant tant de pitreries, j'ai bien essayé de l'éviter, le contourner, j'ai même lancé un sucre en espérant qu'il se barre mais non, le poil sur patte n'en démordait pas. Alors vous savez ce que j'ai fait? Ben j'ai sortit mon arbalète, et j'ai commencé à lui tirer dessus. Pas méchant hein, juste de quoi lui faire peur. Surtout que ses cris commençaient franchement à me taper sur le système, et que j'avais pas envie d'avoir tout le village sur le dos. D'ailleurs, heureusement pour lui qu'il ferma ce qui lui servait de bouche au premier trait, parce que sinon j'aurai bien été tenté de céder aux pulsions meurtrières qui venaient, là, tout d'un coup. Alors une flèche, deux flèche, je lui balance la totale, et la peluche tente de répliquer avec une fronde. Marrant ça, même si ça peut être dangereux des fois, si si, je vous jure. Et comme le truc me tape de plus en plus sur le système, je décide purement et simplement de me rapprocher de lui, et de sortir ma longue dague pour...lui coller un bon coup sur le crâne. Nan mais c'est vrai, me coller quatres tours pour une daube comme ça, j'aurais mieux fait de me pendre...

Bon, cette situation était pour le moins comique, hein? Pas très crédible en somme. Bref, après cet événement pour le moins discutable, que je tends à oublier, mais que je ressors de temps en temps, pour tailler le bout de gras et me marrer un bon coup, j'entrepris de gravir le mur en pierre de la bâtisse, chose assez facile vu la taille des blocs de granite, et leur conception, pour le moins irrégulière. J'étais là, à l'affut, tel le furet habile, cherchant mon trésor. J'ai pas eu longtemps à trouver en fait, parce que ce gros pourceaux de marchand, il s'était endormis à deux pas de son lit, le jouet dans la main. Enfin, dans la main, plutôt près de sa main, quand on sait que cet abruti n'avait même pas réussi à atteindre son plumard, et qu'il s'était effondré tel un incroyable menhir de tout son long, étalant ses vêtements et sa graisse sur son plancher verni. Tiens, ils connaissaient le plancher verni, maintenant? Bref, j'allais pas me dégoûter à chaque fois que je voyais quelque chose datant des temps anciens, et mettant en valeur le fait que mes semblables étaient de parfaits arriérés. Ouvrant discrètement la fenêtre de la pièce d'à côté, par le biais d'un instrument de ma conception. Plop, un bout de carreau en moins, et moi je me ramenais à pas de loups près de cette limace, choppant au passage sa coupe, avant d'aller discrétos pisser sur son lit. Ben quoi? Le type m'avait fait exactement la même chose, des années avant, même si cela relevait plus du psychologique qu'autre chose. Et puis, vu que je m'ennuyais vraiment, ça me permettait d'avoir un peu d'adrénaline dans les veines. et ça, c'était cool.

Bref, j'avais pas fait de bruit, j'avais ma corne d'abondance, et je repartais sans bobos. La belle vie quoi! Il ne me restais plus qu'à repartir battre la campagne comme un jeune chiot plein de fougue. Une fois ceci fait, et sortit de la demeure tout en évitant les domestiques qui étaient venus constater que le Skowe avait une petite bosse sur le haut du crâne, je m'étais rapidement enfuit dans les ombres des vénérables demeures de ce peuple si puissant de blondinets. La vache, ça faisait du bien de revenir à ses premières amours.

Bon, le truc le plus ennuyeux lors d'une fuite, c'était que justement on risquait de tomber sur des fâcheux. Le début n'avait pas été un problème, ça non. Se faufiler d'ombres en ombres, de maisons en maisons, jusqu'à atteindre la palissade marquant la fin du village avait été d'une facilité déconcertante. Tournés vers le monde extérieur, les Valkors en étaient venus à ne pas voir la morve leur pendre au nez. Pour ma part, je n'allais pas gentiment attendre qu'il me pince, je m'étais donc rapproché de mon point de sortie, là où ma corde m'attendait sagement, enroulée et prête à servir. Un bon conseil les amis, dans ce genre de coups, prévoyez toujours plusieurs options de sortie, quitte à perdre du matos en route. La corde n'était pas la seule échappatoire que je m'étais réservée, mais bon, je ne vais pas non plus vous donner tous mes trucs, ça nuirait à mon commerce. Toujours est il qu'en deux temps trois mouvements, j'étais là haut, à contempler le village de tout mon mépris. Les gardes avaient changés, aussi ne puis je rester longtemps sur mon perchoir, étant donné leur fraicheur nouvelle. Quoique, on dit bien que les moments les plus dangereux pour une sentinelle sont le début et la fin de son tour de garde, le début car il ne s'est pas encore fait à son environnement, et la fin parce qu'il n'est plus assez vigilant pour rester en observateur, complètement pris par l'objet de sa contemplation.

J'étais rendu à mon point de départ, à savoir les étendues neigeuses du royaume Valkor, dans toutes leur splendeur. Dans cette nuit inondée de lumière blafarde, apportée par la pleine lune, je pouvais voir avec précision le tapis blanc s'étendre tout le long de mon chemin du retour. J'avais encore de la route, je pensai bien finir ma nuit dans une quelconque auberge, surtout que les chemins n'étaient pas sûr, dans ces nuits froides. Bah, c'était le jeu ma pauvre Lucette! J'avais signé pour ça, c'était mon petit piment dans la vie...enfin, tu parles de piment. Me geler l'escarcelle pour une pauvre corne d'abondance, j'aurai mieux fait de me sauter la fille du gros grassouillet, ou sa femme tient, enfin la greluche qui devait lui faire office de concubine, et qui devait elle aussi avoir l'âge de sa progéniture...allez, des pensées positives de ce genre, ça aidait à oublier le froid...

Il m'attendait, près de l'endroit où j'avais laissé mon traineau. Typique, nan? Je parle du traineau. J'adore moi, les chiens c'est cool, mignon, parfait pour emballer, et puis, quand y a du grabuge, ça peut vous aider. Bon, bien sûr, ça peut faire du bruit, mais bon, dans l'ensemble, et dans de telles conditions, c'est plutôt bon. En plus, je vous le prouve tout de suite, les petites boules de poil en question étaient bien silencieuses à mon arrivée. On aurait crû que quelque chose leur plaisait pas. Bon, vous me connaissez avec le temps, j'ai comme qui dirait des petites intuitions qui me font me sauver mon derrière. Alors là, le seul truc que j'ai trouvé à faire, c'est de me placer bien au centre de la petite combe où j'avais caché mes chiens, et de gueuler comme un homme:

Bon, sur le moment je savais foutrement pas qui était là, mais au moins ma stratégie avait fonctionné. Il sortit du couvert de la neige un gentil singam vellai, bien décidé à me faire la peau, apparemment. Quelle mignonne petite bête! Il chercha même à se justifier, prétendant que j'avais déjà tué certains des siens, et que j'étais un obstacle à l'ascension du peuple vers la lumière. Ouais, préoccupant, ça me rappelait la phrase que l'autre l'avait dit, dans l'auberge. Fallait enquêter. Pour l'heure, étant donné que l'autre s'occupa de me transformer en hérisson glacé, je n'avais comme moyen que de répliquer avec mon arbalète, fonçant sur ce dernier, tandis qu'il envoyait un sort, j'esquivais, puis dans les airs, tel un acrobate de génie, j'allais lui planter mes deux traits dans le corps, le stoppant net.

Telles furent ses dernières paroles.

Tandis que le traineau avalait la distance, les chiens courant avec entrain sur la surface neigeuse, je me repassais les événements qui venaient de se dérouler il y a peu. Encore une fois, je rencontrais ces peluches sur pattes, et encore une fois cela se soldait par la mort de l'un d'eux. Et cette histoire de guerre quasi sainte pour la reconquête de la gloire du "peuple", comme ils se nommaient eux même, foutait des sueurs froides. Il faudrait absolument que j'en parle à mes coéquipiers, à présent cela dépassait de loin mes compétences en la matière. Et puis, étant donné l'alliance que nous avions formé visait tout de même à éviter ce genre de problèmes à conséquences globales et désastreuses, je me voyais mal passer tout ça sous silence. Bref, j'avais tout le temps pour réfléchir, de toute façon.

Devant moi, la route d'une blancheur immaculée semblait avoir disparu sous la neige fraiche. C'était le problème dans ce pays, la variabilité des trajets en fonction de la quantité de neige tombée. Comme si elle permettait de cacher toutes les imperfections de cet archipel, la gangue froide et vorace rampait sans limite sur l'ensemble des surfaces qu'elle trouvait, comme un tapis glouton à l'appétit insatiable. Je n'avais jamais particulièrement aimé cette manifestation glaciale de la nature. Limite j'y trouvais un intérêt, lorsque j'étais gamin et que je voulais me construire une forteresse faite à partir de neige durcie, ou conclure une prise de bec dans une bataille de boules de neige...mis à part ces aspect "récréatifs", je ne voyait que dans cette chose un inconfort extrême, refroidissant mes os, fouettant mon visage, et usant ma si belle peau. Oui, je l'assume complètement, je suis un homme raffiné avec une certaine notion du confort. En même temps, quand on a goûté à un certain standing, il est bien bête de retourner à l'état d'homme-animal, à se satisfaire d'une cahutte ne laissant passer que peu de courants d'air et remplie de mousse et de champignons. Je laissais ça à mes compatriotes, qui je dois l'admettre commençaient à se remuer le popotin pour sortir de leur ostracisme d'autochtones mal dégrossis.

Une fois encore, l'archer se maudit de n'avoir pas eu l'ingéniosité de revêtir davantage que sa bure, si ce n'est en y superposant un rajout adapté aux températures ambiantes pour se tenir chaud. C'était certes sensé suffire, mais pour quelqu'un étant accoutumé à vivre dans cet enfer blanc toute l'année. Et même si le choix d'implanter le siège de Divum Legi en ces lieux commençait à dater, ce n'était pas pour autant que ses membres pouvaient rivaliser d'endurance avec les autochtones. Ajoutons à cela la fragile constitution de l'archer de mana, et dire qu'il avait décroché le gros lot en venant se perdre dans les profondeurs neigeuses pour ajouter une pièce de maître à sa bibliothèque serait un euphémisme. Néanmoins, faute de moyen de transport conçu pour le ramener à bon port sans qu'il n'ait à s'enfoncer jusqu'aux genoux dans cette couche glacée, marcher encore et encore était la seule solution potable pour retourner se loger au chaud, dans le confort de l'auberge qu'ils avaient réhabilitée. La seule vision divinatoire de sa propre personne allumant un bon feu qui crépiterait dans l'âtre alors qu'il se plongerait dans sa dernière trouvaille avec minutie suffisait à faire taire les terminaisons nerveuses de ses mollets embourbés et transis de froid.

L'épaisseur de ce blanc tapis avait atteint des sommets et cela n'était pas sans entraver sa course sur le chemin du retour, refroidissant définitivement les ardeurs éprouvées à l'idée de faire tout ce chemin pour rapatrier ce précieux volume. Dorénavant, l'héritier saurait que l'avidité d'obtenir quelque chose, aussi important que cela paraisse, cela n'aide pas à franchir les obstacles que la nature s'obstinait à mettre sur la route des impétueux. Enfin. La moitié du travail était déjà fait en se rendant sur place pour se voir remettre en mains propres l'objet en question. Seulement, rentrer n'était pas plus gai que venir, et il ne put que se maudire de ne savoir maîtriser un art aussi subtil que la téléportation. Ce serait sans doute épuisant, même avec ses connaissances de la magie, mais au moins pourrait-il récupérer au chaud plutôt que de se changer lentement mais sûrement en sculpture givrée sous l'influence de cet environnement ne dégageant pas une once d'hospitalité. Les fonctions ludiques étaient bien tout ce qui pouvait faire sourire à la vue de cet immaculé manteau qui n'avait de pur que l'apparence; la torture infligée à ceux qui s'y aventuraient en faisait un parfait tortionnaire. Son manque de vitalité ne le limitait aucunement, et c'était bien dommage... Dans un soupir venant s'ajouter au bout de la longue liste des précédents, l'historien décréta mentalement en avoir assez de trimer pour se sortir de cette pataugeoire aveuglante, il concentra ses forces mystiques pour s'élever.

Ses pieds décollèrent donc du sol et de la masse le recouvrant pour le faire léviter à un petit mètre au-dessus de la surface opaline. La lévitation était un sort banal à exécuter, mais beaucoup moins anodine pour que l'on puisse exercer un contrôle correct sur sa durée. Néanmoins, étant doté d'une réserve de mana assez vaste en plus d'avoir bénéficié d'une instruction riche pour ce qui est des arcanes rudimentaires de cet acabit, il n'avait pas à s'en faire. Être enfin dégagé de ce piège permanent ne put que faire jaillir un nouveau soupir de ses lèvres, de soulagement cette fois. Enfin libre ! La principale difficulté quand on se livrait à ce tour de passe-passe était de se coordonner si l'on voulait déclencher une seconde forme de magie en parallèle, mais aucune raison ne pouvait le pousser à le faire dans le cas présent. La tranquillité était donc de mise jusqu'à nouvel ordre... Ou du moins le serait-elle une fois qu'il aurait évité de se faire percuter de plein fouet par un traineau fusant dans sa direction à vive allure. Décollant vers les hauteurs pour ne pas être happé ou fauché, évoluant exactement sur la trajectoire du véhicule, il reconnut le chauffard qui avait bien failli le renvoyer à l'épicentre de son calvaire d'un choc frontal. Un sourire taquin apparut sur ses traits une fois sa sécurité clairement instaurée par son élévation.

Et bien, on pouvait dire que je n'étais pas au bout de mes surprises, en ce qui concernait cette soirée pleine de rebondissements. A vrai dire, je crois qu'à ce stade, je n'aspirais qu'à retrouver le refuge douillet d'un bon lit de plume, en compagnie d'une pouliche bien fraiche et d'un verre de cidre de glace. Mais nan, pour l'instant, le destin s'amusait encore à me faire un pied de nez, en l'occurrence par l'intermédiaire d'une apparition au détour d'une colline, que j'évitais de justesse, tandis que ce simili fantôme prenait de l'altitude. J'en étais venu à tirer mon arme, par réflexe défensif face à ce cauchemar en lévitation, jusqu'à ce qu'un voix bien connue se manifeste à mon égard, par le plus beau des phrasés, empli de moquerie. Oui, à l'évidence, mon compagnon à la pilosité si particulière se retrouvait au milieu de nul par, attiré par ma personne comme les petits corps célestes le sont par les plus gros. Et généralement, le fait de nous retrouver tous les deux, l'historien et moi, dans des lieux incongrus, était vecteur dans la plupart des cas de promesses de rencontres marquantes, sur le plan pugilistique. Arrêtant mon convoi, je levais grand les bras pour signifier mon accueil.

Mais alors que la discussion allait s'entamer, nous laissant tailler le bout de gras perdus au milieu de la pampa gelée, encore une fois je me retrouvais avec ce bizarre sentiment d'insécurité qui s'empara de moi comme un rapace fond sur sa proie. Les chiens n'étaient pas en reste, grognant cette fois à l'approche d'un quelconque prédateur, qui leur foutait assez les pétoches pour se regrouper en meute, faisant fi de leurs fixations. C'est alors qu'ils sortirent des arbres, deux êtres mi hommes mi bêtes, le regard farouche et les muscles saillants, bien déterminés à nous hacher menu, si je lisais bien dans leur attitude. Je pris les devant.

Mais devant leurs grognements et l'envie évidente d'en découdre, je ne pus que m'incliner. Me tournant vers mon compagnon, je lui expliquais rapidement les faits, le préparant ainsi à la bataille imminente.

Mais déjà les deux Singam poussaient leur cri de guerre, avant de se jeter dans la bataille. Un épéiste fort comme deux fois un boeuf, et encore un adepte de la magie, semblait il, à la manière dont celui ci se plaça en retrait pour se concentrer. Soit, j'avais le meilleur mage avec moi, et j'étais assez bon dans le domaine des armes, je dois dire. Et tandis que mon compagnon laissait pleuvoir la mort sous forme d'une vague massive de mana sur les deux opposants, je sortais mon arbalète, tirant mes deux flèches sur le bretteur, dont une vint se ficher dans son épaule musculeuse, le rendant furax. Pour peu de temps, puisque Arsiesys le noya sous un torrent de mana. Quand à moi, je me repris à user de ce qui semblait être un état second, bien décidé à approcher le mage impie. Et comme cela était déjà arrivé, l'espace sembla se distordre, tandis que ma Belle de Nuit sembla chauffer dans son étui. La sortant rapidement, je constatais que je me trouvais bien plus proche des deux combattants, passant largement entre leurs coups, tandis que mon arme traçait un profond sillon sur le poitrail de l'invocateur de glace. Et bien, j'étais efficace, pour une fois, bien que mon ami continuait de se défendre à merveille.

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Et bien, comment dire? Nous étions foutrement efficaces. Les pauvres bestioles n'y avaient vu que du feu. En l'occurrence, magique, d'ailleurs, vu la quantité époustouflante que mon généreux de compagnon leur filait du haut de son perchoir...vache, plus ça allait, plus il m'impressionnait, le type. J'en étais arrivé à avoir un vrai respect pour l'historien, à la vue de ses capacités disons..."létales". Le bretteur en ayant fait les frais, il ne restait pour l'heure que le servant de magie, qui n'avait semblait il pas décoléré suite à la chute de son compagnon, et à la belle estafilade que je lui avait laissé en cadeau. Lorsque mon compagnon me héla, tout en concentrant son art en vue du bouquet final, il me fit part de ses précédents déboires avec les tribus. Les griefs qu'ils lui tenaient se limitant à l'usage de la magie, j'éclaircissais ce point ci pour la situation présente:

Et tandis que devant nous, l'autre optait pour une barrière impénétrable sous forme d'un amas de glace pointé vers nous, je laissais l'archer de mana nettoyer le terrain, détruisant tout sur le passage de son courroux avant de me laisser le champs libre, fonçant avec ma dague, avant de loger celle-ci dans son cœur, coupant toute lutte de la part du Singam, et surtout son flot de conneries qui, je dois dire, me rendait un peu hystérique. C'est vrai ça, ils se disaient combattants, et passaient leur temps à parler, parler, parler...bref, au moins là, on était au calme. Une fois ma besogne effectuée, je prélevait un des colifichets du monstre, avant de me tourner vers mon acolyte.