Premier contact [Quête Thurd]

Dans une ville que tu n'as pas fréquenté depuis une paye, si ce n'est avant même, il n'est pas bien dur de savoir où aller pour espérer se faire recruter par des mercenaires, ou décrocher un job miteux et mal payé mais t'assurant un toit miséreux pour le mois à venir. Avant que tu ne te fasses égorger pour ton pécule minable. Je plains franchement les types à qui cela arrive, ce genre de chose. En tout cas, la raison qui m'amène à entrer dans un endroit de décadence revendiquée est tout autre. Je cherche aussi un boulot, un peu différent que celui de simple barman. Je cherche in contrat juteux, pouvant rapporter vraiment beaucoup de pognon. Et pas trop dangereux non plus, car ces temps-ci je ne fais qu'enchaîner défaite sur défaite. Perdre serait synonyme de mort prématurée si l'enjeu était plus que disputer.

Entrant dans la taverne, je fus envahi d'effluves pestilentielles, entouré par un air ambiant à haute température. C'était à peine respirable, et il n'était pas difficile de savoir pourquoi: les hommes sortant de leur dure journée n'avait cessé de transpirer jusqu'alors; l'attroupement des ces dégénérés en rajouté une couche, car rien de mieux que de se serrer pour profiter de la chaleur humaine d'autrui. Et par la même inonder la salle de son odeur de transpiration désagréable. Il y avait aussi un épais brouillard contenu juste sous les toitures, dû à la constante fumée s'élevant des joueurs de poker invétérés. Ces égoïstes là ne se souciaient pas des personnes les entourant, et n'avaient que faire du peu de remarque qui leur était fait. A quoi bon respecter les gens quand on est le plus fort, voilà ce que devait penser à tort ces abrutis. Et comme je n'étais pas venu pour me mettre sur la gueule avec la Bande à Jo', j'imitais les timides s'étant aventurés imprudemment en ce lieu et fit profil bas. Discrètement, je me faufilais à travers les cadavres de bouteilles et d'hommes jonchant le parquet humide au possible. Ce n'était vraiment pas facile, surtout à cause de l'envergure de l'épée que je trimballe depuis ma plus tendre enfance. Mon jeu d'agilité me permettait de ne toucher personne, mais il s'en est fallu souvent de très peu.

J'arrivais enfin en face d'un large panneau, sur lequel toutes sortes d'annonces trainaient. J'en parcourais plusieurs des yeux, histoire de voir la variété de ces dernières. Certains voulait retrouver quelqu'un, d'autres cherchaient un objet précis. Rien de bien attrayant, et surtout de fort intéressant. Jusqu'au moment où mon regard tomba sur cette demande. La demande parfaite, car dur d'en concevoir une encore mieux. Il y était expliqué une bien belle histoire sur un bateau secourant et aidant les frégates en galère, les protégeant contre l'horreur de la piraterie. Un conte de fée somme tout. Sauf qu'arrivé à quelques lignes de la fin, le ton onirique change, et devient sévère, criard de vérité, dénonciateur, rageur. Un moine, car il est bien question d'un moine cherchant deux hommes de mains, s'est vu aidé par ces hommes, pour ensuite se faire vider sa bourse. Mécontent, l'homme de Dieu (lequel, je ne sais pas) sollicite une aide de la part d'hommes forts et prêt à aller loin pour un beau paquet de pognon. Il y est indiqué de contacter la personne lorsqu'un binôme partant pour la mission est créé. Voilà le hic, je suis seul, et manifestement pas assez fort pour accomplir le job. Regardant à gauche, je ne vois rien, puis à droite et là, paf, je tombe sur le candidat parfait, qui regarde avec attention le même affichage.

Comme si de rien était, je me tourne en sa direction et avance d'un air assuré. Le gars est grand, le cheveu long et argenté. Et si ma vision ne me joue pas un tour, il a même des ailes. Bizarre qu'un Zéphyr, pourtant si supérieur, se promène en ce lieu. Peut-être enfin un vrai guerrier ailé, et pas un de ces poulets se pavanant une plume au cul. Me stoppant sur son flanc, je colle brusquement la demande de mission sous son nez, le regard en souriant, et débute ma question.

Ca t'intéresse?

Pourquoi faire long et chiant quand on peut faire bref et concentré?

Spoiler:

Refusant sur un ton sec, je vis le Zéphyr me tourner le dos et s'en aller comme il devait être venu: frustré. Je le regardais bizarrement, comprenant son refus mais pas le fait qu'il préférait se tirer comme ça plutôt que de tenter d'engager une conversation avec moi. Je veux bien qu'il ait autre chose à faire, mais tout de même. Regardant ses lourdes bottes faire pas mal de bruit sur le plancher craquant et sale de l'auberge, je les vis se stopper, et orchestrer un demi tour rapide. Mes yeux se levèrent alors jusqu'au visage marqué de l'oiseau humain. Voyant ses lèvres former des signes, je compris qu'il me parlait et émergea pour écouter, que dis-je, m'abreuver de ses mots.

Grand bien m'en fut, car d'une il semblait plus enclin à discuter, après avoir vraisemblablement trouver quelque chose de commun entre nous, de deux, il m'offrait un coup à boire. Comment pourrais-je refuser une offre telle que la sienne? Me tournant vers le bar, je commandais sobrement deux chopes de bière locale, et partis rejoindre mon nouvel ami. Enfin le gars, ami ça reste encore à voir. Arrivant à la table à laquelle il s'était assis, je l'imitais en me mettant en face de lui. Je considère bien de pouvoir discuter avec quelqu'un tout en le regardant dans les yeux. Cela permet quelques fois de voir les tentatives de tricherie de la part de notre vis à vis, et alors de décider si on doit le démolir ou si on lui laisse le bénéfice du doute.

Tirant vers moi un des sièges, j'enlevais Requiem de mon dos et posa le plat de la lame contre le bord de la table, puis posa mon fessier sur le plat de mon support en bois. Pendant ce temps, les pintes avaient été déposées sur la table, débordant de breuvage mousseux. Empoignant la mienne, ignorant toutes notions de politesse, je pris une gorgée profonde, posa bruyamment le bock sur la table, comme si je tentais de briser cette dernière en deux. Car je pouvais prendre mon pied à faire chier les débiles de la taverne, maintenant que je savais pouvoir entraîner quelqu'un d'autre avec moi dans un éventuel combat.

Me vautrant sur la chaise, sans aller jusqu'à mettre mes pieds sur la table, je continuais l'ébauche de conversation venant de débuter.

Bien, maintenant que l'on est là, expliques moi ce qui vient de te traverser l'esprit à l'instant. Ah oui, je me nomme Alan Nyfed, Valkor vagabond à la recherche d'un boulot et de plus de force. Si je te parais grossier, ne m'en tiens pas rigueur, je le fais exprès pour ennuyer l'environnement de pochards. Mais parles donc.

Il valait mieux pour moi le préciser, car un rustre tel que celui que je jouais n'est pas forcément attrayant, et je l'aurais compris s'il avait changé d'avis par rapport à mon comportement quelque peu déplacé. Maintenant que tout était clair, la partie intéressante pouvait prendre place.

Spoiler:

La proposition était des plus alléchantes, un refus n'en serait donc que plus stupide. Le regardant finir sa chope, j'en profite pour réfléchir, revenir sur tout ce qui vient d'être dit. Il ne veut pas travailler pour le moine, mais veut bien m'aider. La seule contrepartie est qu'il se saisisse de tous les biens qui l'arrangeront sur le navire, ainsi que prendre une part du revenu instauré pour la réussite de cette mission. Soit, je ne vois pas pourquoi je lui dirais non, étant donné que cela revient au même sur une collaboration entre lui et moi. Juste que pour son plaisir on ne l'appellera pas de la sorte.

Finissant à mon tour ma chope, du peu qu'il restait à l'intérieur, j'essuie mes lèvres d'un long revers de manche, et continue de le dévisager. Il me propose en plus son bateau et son équipage pour la réussite de cette quête. Je me demande bien ce qu'il cherche à accomplir, d'autant plus qu'il ne veut pas voir son nom associé au travail que l'on s'apprête à faire. C'est en soi très étrange, surtout concernant le peu de bénéfice qu'il en tirera, si ce n'est un beau montant de pognon. En voilà un qui a de vraies valeurs dans la vie, mis à part le fait que je suis ironique. Mais cela le regarde, chacun à ses propres raisons pour faire ce qu'il fait dans la vie courante. Ce n'est peut-être pas digne, mais au moins ça semble correct. Après il faut mesurer le nombre de victime qu'il fait pour ce but, et comparer ça à un gars qui se venge dés qu'il le peut.

Bien bien, j'accepte volontiers ton aide ainsi que tes conditions. J'ai vu sur le papier qu'il fallait que j'aille voir le commanditaire, ou un intermédiaire, pour qu'il me dise l'exact nom du rafiot à infiltrer. Je pense que pour une mission de ce calibre nous serons rapidement inscrits comme nouveaux matelots. Je vais donc aller rendre visite à ce bon monsieur ce soir même, et je te propose que l'on se rejoigne demain à l'aube, dans les environs du port. Si comme je le pense, tout est déjà prêt, nous serons dés demain sur le navire. Tu peux donc profiter de ta nuit comme il se doit, afin d'être préparé à toute éventualité.

Me levant alors, je déposais un peu d'argent sur la table, plus qu'il n'en fallait au premier coup d'oeil. Regardant autour de moi, je vis de nombreux visages orientés vers moi, comme s'ils m'espionnaient depuis le début.

Je pense que le mieux est que l'on fasse comme si l'on ne se connaissait pas et qu'on ne se reverrait pas, en sortant de cet endroit. Sois prêt pour demain.

J'avais quasiment murmuré les derniers mots, afin d'être sur que personne ne les entende. Puis tournant le dos à la table, je partis vers la porte, et sortis dans la rue, direction l'endroit indiqué sur le papier.

Spoiler: