Infiltration [Quête Thurd]

Trouver le lieu de rendez vous ne fut pas trop difficile, étant donné le bordel qui s'en échappait. Moi qui aurait d'abord cru tomber sur une abbaye en ruines, du moins mal entretenu, je tombais sur une auberge assez classe, remplie de gens de différentes classes sociales, enfin surtout au dessus du manant de base tel que moi. C'est aussi pour ça que je crus ne jamais pouvoir rentrer sans devoir démolir les gardes à l'entrée. Dans un espoir vain, je leur avais montré l'annonce, et pourtant. Gardant une expression de marbre, un d'eux m'emmena avec lui vers une autre entrée.

Pas moins rupestre que la façade, j'y trouvais facilement mon moine, en train de boire avec ce qui semblait être des compagnons. Le garde m'accompagnant se faufila jusqu'à lui, lui murmura quelques mots à l'oreille. La réaction fut immédiate, et un sourire ravi grandit sur le visage de mon futur commanditaire. S'excusant auprès de ses collègues, il se leva rapidement, me fit signe de le suivre et entra dans une pièce à part, comportant un bureau de belle facture. M'est avis qu'il n'était pas que moine dans cette vie. Mais bon, tant qu'il pouvait allonger le pognon, je n'avais aucune état d'âme à avoir.

M'invitant à m'asseoir, il m'expliqua tout correctement, me donna toutes les directives et m'indiqua le nom du bateau à infiltrer, me signifiant que nos places étaient déjà prêtes. Nous devions, comme je le soupçonnais, embarquer dés l'aube, ce qui me conforta dans mon idée que j'eus bien fait de donner ce rendez vous au Zéphyr. La réunion dura bien son heure, avant qu'il me remercie et pris congé de moi, m'indiquant de manière condescendante la sortie. Heureusement que le boulot était très bien payé, sinon l'envie de lui retirer ce ton de supériorité se réaliserait, surtout au vue de sa religion d'impies. Récupérant mon arme à l'entrée, je pris la route de l'auberge cette fois, pour finir la nuit dans un lit. Pour le peu qu'il reste.

L'aube pointa à peine dans le ciel que j'était déjà en train d'attendre aux abords du port de la ville. La température matinale était des plus fraiche, et se laissait accompagner par une lueur orangeâtre d'un soleil montant. Le reflet de sa lueur sur la mer calme était agréable à voir, et imprégnait en moi un sentiment de détente appréciable. Jusqu'au moment où j'entendis le bruit des bottes lourdes de mon acolyte me rejoindre. Posant mon regard sur lui, je le saluais et expliqua brièvement mais complètement le but de la mission, qu'il connaissait déjà dans ses grandes lignes. Comme tout semblait bon, je lui indiquais de me suivre, et partis vers le navire ciblé. Aucun problème pour notre embarcation, même si les ailes de Thurd' réussissait à attirer toute l'attention sur lui. Il est vrai qu'il est rare de voir cette race supérieur faire des boulots aussi peu reconnus. S'il savait ce qu'on venait vraiment faire ici, il comprendrait mieux. Le départ fut lui aussi calme, et nous nous mîmes rapidement au travail, afin de perdre toute l'attention que l'on pouvait porter à deux nouveaux comme nous.

Une pause arriva doucement, après quelques heures de dur labeur et de différents briefing donné par les chefs de troupe. Et toujours pas de Capitaine en vue. Finissant mon déjeuner, offert gracieusement par le bateau, je me tournais vers mon compagnon.

Je pense que c'est le bon moment pour aller vérifier les alentours du bateau, et trouver les biens de notre employeur. Si l'on tombe sur le Capitaine, on le supprime, et ensuite on se casse comme on peut, sans y laisser notre peau. Qu'en penses-tu?

Spoiler:

Un hochement de tête pour deux raisons: d'une il était d'accord sur tous les points que je lui avais présenté, en même temps l'inverse m'aurait plus qu'étonner. De deux, il me désignait quelque chose se passant derrière moi. Je tournais doucement mon profil, regardant d'un coin d'oeil ce qu'il se passait. Un homme, plutôt de carrure imposante, venait d'apparaître sur le pont. Le silence c'était d'ailleurs immédiatement fait partout sur le navire, comme si un miracle venait de se produire, ou un truc dans le genre. Je vis alors le Zéphyr se précipiter et commencer à détacher sa lame de son ceinturon, comme par magie soit dit en passant. J'eus un temps de latence trop important pour penser à quoique ce soit retardant son envie de se battre et d'en finir. Car déjà ses ailes étaient déployés, et à la manière d'un cheval se cabrant, il était décidé à attaquer sans plus attendre.

Tous les regards se tournèrent alors vers lui, et je compris qu'il comprenait instinctivement. En même temps, un changement de comportement aussi radicale ne pouvait que leur mettre la puce à l'oreille. Plus le temps de rêvasser, il fallait agir, et atteindre le Pirate Chef d'une traite, en balayant la vermine sur notre passage.

Plus le choix maintenant, on fonce.

Et à ces mots la course effrénée pour la mort de notre cible commença. Lui même, ne se dégonflant pas, riant même à gorge déployée, s'avança vers nous. Frappant un imprudent s'étant trop rapproché de moi, je débutais le combat, continuant de frapper les matelots aux alentours. Un coup de feu me ramena à notre cible principale, qui venait de louper de peu l'être ailé. Il avait lui aussi bien avancé dans sa progression, et semblait tout autant gêner que moi à martyriser les membres d'équipages. Je ne sus dire néanmoins s'il les tuait, ce que je ne me permettais pas de faire.

Ce fut Thrudvalrick qui fut en premier au contact de l'ennemi premier. Enfin c'est un bien grand mot, vu qu'il le loupa largement, car trop court sur son coup. Ne voulant pas le laisser seul avec la brute, j'accourais avant d'être stopper net par un tir, qui me transperça la jambe, alors que j'abattais mon arme juste devant le corsaire, et que mon compagnon ne fit pas mieux. Cédant sous la douleur, je me tins la jambe, afin de faire un peu pression. Ce n'était rien de plus qu'une vaine tentative. Car sans plus tarder, un nouveau projectile se ficha dans mon épaule cette fois, me faisant alors tomber à la renverse. Mon hémoglobine coulait abondamment sur le parquet du pont, lustré par mes soins une heure plutôt. Le combat ne s'annonçait pas sous son meilleur hospice, et il faudrait très probablement que mon collègue finisse le job tout seul, tandis que je me chargerais comme je pourrais des vagues successives de sous fifres du bateau.

Me protégeant derrière une renfoncement, je continuais de battre sans cesse les vagues successives de ce qui étaient mes « compagnons » jusqu'à il y a à peine cinq minutes. Je me demandais d'ailleurs combien de pécores tels qu'eux il pouvait y avoir sur le bateau. Sans blagues, ces débiles se succéder devant moi pour perdre un par un leur membre. Une jambe par ci, deux par là, un bras, une main. Tout, absolument tout passait sous ma main, du moins sous le prolongement meurtrier de cette dernière. J'avais même, sans le faire exprès, entamé correctement un des mâts de la coque volante, nous faisant tanguer dangereusement par moment.

En parlant d'eux, en voilà un qui me balance plus loin sur le pont, me faisant perdre mon abri de fortune. Béat par une telle manœuvre naturelle, je me retrouve instantanément encerclé par les grouillos de base, dos au combat principal. Histoire de finir les corvées plus rapidement, je me vois dans l'obligation d'user de Smertrios devant tous ces impies. Thurd n'y verra surement que de la magie, peut-être pas tout les Valkors ici présents. Plantant mon sabre dans le bois dur du corps du bâtiment, je frappais brusquement dans mes mains. Immédiatement, ma magie se manifesta par une explosion répulsive dont j'étais l'épicentre, balançant plusieurs de mes ennemis par dessus bord. J'avais gagné en un rien de temps une puissance phénoménale, ce qui me rappelait à quel point mon pouvoir pouvait être destructeur, et combien je préférais éviter de l'utiliser.

Tirant Requiem de sa prison passagère, je me tournais résolument vers le tireur, prêt à fondre sur lui pour lui infliger le plus de douleur possible. Alors que mon regard noir, durci par les événement, croisa le sien, j'ouïs une énième détonation. Regardant de plus près, je vis que le pirate avait son arme pointée vers moi, et qu'une fumée s'élevait lentement du canon. Galvanisé par tant d'énergie, je n'avais même pas perçu le projectile sphérique entrer en contact avec ma peau, perforer mon pectoral droit pour s'enfoncer durement dans mon poumon, frôlant de peu mon coeur.

Lâchant mon épée, je l'entendis tomber au sol avec vacarme, puis plus rien. La douleur me repliait dans un monde à part. Ma vision se troublait, du sang semblait affluer vers mon cerveau avec une violence certaine, comme s'il voulait le faire exploser. Portant mes deux mains sur le nouvel orifice créé, je regardais à nouveau mon agresseur. Mes yeux partirent alors dans le vague, ma conscience se perdit, et je tombais à la renverse, sur un corps inanimé gisant là. Je n'avais donc pas été capable de faire quoique ce soit contre un tel adversaire, et encore une fois j'étais inutile pour mon coéquipier. Mais pas forcément hors jeu, car ma perception du monde externe s'accrut lorsque je fus allongé sur le pont. Comme si mon organisme reprenait un court normal, tandis que je suffoquais presque, recrachant le maximum de sang possible par la bouche, transpirant à ne plus en pouvoir. Il fallait que je bouge encore, pour trouver les babioles qui allaient peut-être nous coûter la vie.

Et ne pouvant pas trop bouger, je commençais à ramper vers le pont inférieur, du moins une entrée qui paraissait y mener.

Je réussis à pénétrer dans l'entrée précédemment vue. Il fait sombre, et je sens que des escaliers me mèneront jusqu'en bas. Continuant de ramper, je m'accroche à une rampe murale, et fais passer mes jambes devant, malgré la douleur insoutenable qui me tiraille l'entier corps. Un dernier coup de feu fend le silence qui s'était installé au préalable. Je regarde vers la position du Capitaine, et vois le grand zéphyr s'effondrer à son tour. Arf, on est vraiment mal barré, à moins d'un quelconque miracle de la part de Smertrios. J'en doute évidemment, il a d'autres choses à fouetter que de s'occuper de moi. Je ne sais pas ce que va faire la Capitaine du bateau dans les instants à venir, car il faut tout de même remarquer qu'on a décimé une bonne partie de son équipage. Je ne sais à dire vrai pas du tout combien de personne belliqueuse il reste sur ce navire, mis à part nous trois. Car tomber sur d'autres adversaires, au vu de mon état, ne me serait que fatal. Et d'un autre côté, je ne peux pas rester là, car la trainée que mon sang a laissé donne ma position au chef pirate. Le choix est dur, et la prise de risque est dans tous les cas maximale.

Seulement, comme je l'ai dit, bouger de là est primordial si je veux survivre un peu plus longtemps. Regardant là où le combat venait de prendre fin, je ne suis surpris qu'à moitié de voir que la Capitaine n'y est plus. C'est un stéréotype bien connu des histoires que l'on me contait dans ma jeunesse, mais j'ai fort à parier qu'il va réapparaître sous mes yeux d'ici pas longtemps. Et comme annoncer, j'entendis un souffle rauque se rapprocher de moi, et une masse volumineuse me cacher la vue de l'Océan Céleste. Le pirate, qui n'a perdu qu'un peu de transpiration, me fait face, pas très content manifestement. Je pense que je peux m'attendre au pire à partir dorénavant, surtout que je ne peux plus vraiment bouger, la douleur n'ayant fait qu'empirer ces derniers instants. Je tente alors en vain de saisir ma Requiem, mais ne parviens pas à la lever vers mon antagoniste. Un rire non cachée émerge de la gorge du malfrat, tandis qu'il lève en l'air une sorte de masse. J'attends le coup sans plus lutter sans résultats, un peu résigner à tout perdre maintenant.

M'est avis que cela va faire mal, très mal même.